T’as pas pensé un instant que faire entrer Katlyne chez toi n’allait pas se retourner contre toi. En faite, t’étais persuadé que sa colère se retournerait aussi sec contre toi quand elle comprendrait que sa fille était avec toi. Et vraiment, c’était pour toi la meilleure solution pour gérer le problème. Tu ferais office de problème pour ne rien gâcher entre elles. Alors, franchement, tu ne sais pas du tout comment ça a pu prendre une toute autre tournure.
Mais là, devant tes yeux impuissants, mère et fille se mettent à se crier dessus. Et toi, tu restes là, comme un spectateur terrorisé par le film qui se déroule sous ses yeux. La seule fois où tu essaies de calmer les choses, que tu fais un pas en avant, Katlyne te fixe avec tant de colère que tu te figes en silence. Y’a rien a faire contre ça.
Et ce n’est que lorsque cette furie rousse fonce vers la porte de chez toi que tu sors enfin de l’étau dans lequel Katlyne t’a enfermé. Tu bondis derrière Karhlya et tu tends la main pour essayer de la retenir. Tu la loupes de peu et tu tentes le tout pour le tout :
«
Karhlya ! Karhlya attend !
»
Mais non, tu as loupé le coche. Paniqué, tu reviens vers ton salon ou tu t’emmêles les pinceaux pour attraper ton écharpe et enfiler ton manteau. Tu respires fort et toute ton attention est tournée vers la rousse, qui est partie si vite. Pourquoi ? Aurais-tu t’interposer ? As-tu loupé tout, sur toute la ligne ? Te pardonnera-t-elle ? Tant de questions auxquelles tu n’as aucune réponse.
Et, c’est quand tu te retournes vers la maison que tu comprends que Katlyne attend. Elle a posé un regard que tu n’arrives pas à définir sur toi, et d’un seul coup, toute ton angoisse s’enflamme. Tu fonces à grands pas vers elle, sourcils froncés, visages fermés et, pour la première fois de votre histoire, tu lui adresses des reproches :
«
Comment ?! Comment as-tu pu la traiter comme ça ? C’est ta fille, elle a besoin de ton soutien, pas de tes remontrances.
Tu serres les poings, avant de détourner les yeux parce qu’avoir cette attitude te torture.
Si tu devais en vouloir à quelqu’un, alors sois en colère contre moi… Adresse-moi tous les reproches que tu voudras, interdis-moi de vous approcher à nouveau, gifle-moi, s’il le faut.
»
Tes yeux se détournent, chargés de colère et de peur liées. Tu as besoin d’une longue inspiration pour rajouter, lentement, ta colère laissant déjà place à la logique implacable qui est la tienne.
«
Prends-t’en à moi, mais ne te fâche pas avec Karhlya… Vous avez besoin l’une de l’autre.
»