[terminé] question de vie ou de mort. (Theresa)

question de vie ou de mort

Theresa & Kelsier

Il était tombé là, à tes pieds, cet homme. De bon matin, alors que tu débarquais fraîchement, il avait attrapé ton bras, complètement paniqué en te hurlant au visage que ses fils n’étaient pas rentrés, qu’ils auraient déjà dus être de retour depuis la veille au soir mais qu’ils ne les avaient pas revus et qu’il était inquiet. Il était malade, il avait eu le temps de te le dire, et ses garçons étaient sortis dans l’espoir de lui trouver des médicaments parce que ces derniers temps, il se sentait faible. Ils avaient promis de revenir vite, parce qu’ils n’avaient pas l’habitude de quitter les barricades mais depuis, ce pauvre homme n’avait eu aucune nouvelle d’eux. Malheureusement, tu avais dû lui expliquer tu ne pouvais rien faire pour lui, même si tu l’avais voulu, tu ne savais même pas quelle direction avaient empruntée ses deux fils, tu aurais donc été parfaitement incapable de remettre la main sur eux. Quand tu le lui avais annoncé, il avait eu l’air résigné. Et puis, il avait fait un pas en arrière, et son regard s’était figé. Tu avais d’abord cru qu’il s’agissait de colère, et tu l’aurais comprise. Mais moins d’une seconde plus tard, l’homme gisait à tes pieds, inconscient.

Il était en vie, à l’heure actuelle. Frappé d’une violente crise cardiaque, sa vie ne tenait plus qu’à un fil et sans médicament, sans aide, sans adrénaline surtout, faire repartir son cœur à la prochaine crise serait probablement impossible. Et toi. Tu te sentais responsable. Tu ne cessais de te dire que si tu avais été plus délicat dans tes propos, si tu avais fait au moins un tout petit effort, tout ça ne serait pas arrivé. C’est pour cette raison que tu tenais à l’aider.

Une petite lumière s’était comme allumée dans ton cerveau lorsque le médecin du centre avait dit le mot « adrénaline ». Tu avais immédiatement pensé à ces fameuses seringues que Theresa avait failli ramener. Tu avais quitté l’isolement, avec elle, depuis plusieurs jours alors tu t’étais demandé si elle avait eu l’occasion de retourner les chercher. Avec un peu de chance, elles les avaient même encore sur elle.

Tu n’étais donc pas retourné à ton poste. A la place, tu avais sillonné le district en donnant sa description à toutes les personnes que tu croisais, et ça avait, à ta grande surprise, été bien plus simple que prévu de retrouver sa trace. On t’avait indiqué un vieil appartement, et avec une certaine force, et surtout, une impatience non dissimulée que tu étais venu donner plusieurs coups puissants sur la porte fragile du vieux logement.

▬ Je sais que tu es là, ouvre Theresa.

Mensonge. Tu n’étais même pas certain d’être au bon endroit, à vrai dire.

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Theresa & Kelsier

Tu espères. Vraiment, tu espères ne pas t’être trompé, et surtout, tu espères qu’elle soit là. Qu’elle t’ouvre la porte, aussi. Tu as besoin de frapper plusieurs fois contre cette porte, d’insister, d’appeler à plusieurs reprises pour qu’enfin cette dernière ne s’ouvre le plus simplement du monde. Même pas un bruit de clé … ce n’était pas verrouillé. Tu as un presque soupire de soulagement quand tes yeux trouvent Theresa. Ta chemise sur les épaules, elle s’efface, le visage ensommeillé, les cheveux en bataille, pour te laisser entrer.

Tu fais un grand pas en avant, refermant immédiatement la porte derrière toi tandis que la jeune femme enfile en pantalon. Tu prends le temps de regarder autour de toi, mais bien vite, ton urgence du jour revient au galop et tes yeux ambrés s’accrochent à la rousse.

▬ Non. Mais j’ai besoin de toi. Ta mine est sérieuse, tes traits probablement un peu tiré, tout ton corps est tendu, impatiente. Tes seringues d’adrénaline, où est-ce qu’elles sont ?

Instinctivement, tu regardes autour de toi. Même si tu doutes de trouver les fameuses doses bien en évidence dans son appartement, c’est tout de même un réflexe pour toi que de vérifier, très rapidement. Tu finis par passer tes doigts dans tes cheveux, avant de te retourner, de faire quelques pas.

▬ Dis moi que tu ne les as pas vendues ! Ce serait catastrophique, mais là encore, tu serais que tu serais bien capable d’aller trouver l’acheteur pour les récupérer, quel que ce soit le moyen. Le centre à besoin d’adrénaline pour un homme qui a des soucis cardiaques. Il a fait une crise ce matin, et à la prochaine, ce sera terminé, il a besoin de ces seringues alors si tu les as, donne-les-moi. Je m’arrangerais pour te payer moi-même s’il le faut.

On aurait presque pu croire que c’était un membre de ta famille. Disons que tu avais pitié de ce pauvre malade dont les fils avaient peut-être bien péri en essayant de lui récupérer des médicaments à l’extérieur.

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Theresa & Kelsier

Est-ce qu’elle est vraiment vexée ? Ou alors énervée. Agacée. Tu ne saurais le dire, décrypter les autres, ça n’a jamais été ton fort. Et puis de toute façon, présentement, tu n’as pas le temps pour ça. Tu te contentes donc de lever les yeux au ciel, un court instant, après tout, t’es debout depuis des heures en ce qui te concerne et avec le temps que tu as passé à la chercher, tu as l’impression d’être déjà en milieu d’après-midi.

Quand elle t’annonce finalement qu’elle n’a pas les seringues, qu’elle n’est même pas allée les chercher, tu grinces un peu des dents, et tes doigts passent sur ton visage. Comme si ça allait être aussi simple, hein, Kelsier. Franchement, tu aurais dû te douter qu’il ne te suffirait pas de te pointer ici pour les demander gentiment. Et maintenant, tu es déjà en train de réfléchir au fait d’aller récupérer quelques affaires pour aller les chercher toi-même ces foutues seringues. Sauf qu’elle te prend de court – c’est une habitude chez elle, de te surprendre, tu ne trouves pas ? – et elle te propose d’y aller maintenant, tout de suite. D’ailleurs, elle se retourne, laisse tomber la chemise qu’elle portait sur le dos au sol et se met à s’habiller en vitesse avant de venir te coller un sac entre les mains.

▬ Ça me va ! Evidemment, que ça te va. C’était ça, où tu y allais seul et franchement, tu l’as vu à l’œuvre, tu préfères largement l’avoir à tes côtés. Surtout qu’elle sait exactement où se trouvent les seringues et ça, c’est non négligeable.

Tu fouilles légèrement le sac qu’elle vient de te donner, et tu attrapes l’un des couteaux de chasse qui s’y trouvent pour l’accrocher à ta ceinture. Tu penses à la carabine qui se trouve au poste de garde, à la ceinture de munitions qui l’accompagne et tu te dis que franchement, ça ne sera pas du luxe, loin de là. Si tu doué pour te battre au corps à corps, et si tu généralement, tu préférais ça, tu étais aussi un très bon tireur. Moins tu aurais à approcher de marcheurs, mieux ce serait.

▬ Mon fusil. Au poste de garde, près de la porte. Celui-là même où tu avais rencontré cette furie il y a quelques jours, oui.

Tu finis par jeter le sac sur ton épaule, et puis, tu ouvres à nouveau la porte et ta main vient saisir celle de la rousse. Tu l’entraînes avec toi à l’extérieur pour qu’elle se dépêche, claquant la porte derrière toi pour finalement rejoindre la rue. Et puis, tu te rappelles que tu es trop grand. Que tu marches trop vite pour elle. Elle te l’a déjà dit. Alors tu t’arrêtes, et tu la lâches pour reprendre un rythme de marche soutenu, mais moins rapide.

▬ Dépêche-toi, que tu oses encore lui lancer.

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Theresa & Kelsier

Elle proteste. Evidemment, qu’elle proteste. Toi aussi, tu aurais râlé à sa place, surtout que ce n’était pas la première fois que tu lui faisais le coup, qu’elle te l’avait déjà dit. Tu es pressé, c’est tout. Tu n’as franchement pas envie de trainer, d’autant plus que tu n’avais pas vraiment prévu de passer les portes du district sur un coup de tête aujourd’hui.

Tu ne prends pas le temps, ou la peine de t’excuser, cependant. Par fierté, probablement, mais aussi et surtout parce qu’elle ne t’en laisse de toute façon pas le temps. Comme pour te prouver qu’elle est tout à fait capable d’avancer vite, et bien plus vite que toi, elle s’élance en courant, se faufile avec agilité à travers les passants sans même bousculer personne et si tu tentes effectivement de garder le rythme, tu es bien moins agile que cette petite fusée. Finalement, il ne lui va pas si mal que ça, son fameux surnom, tu ne trouves pas ?

Tu te résignes bien vite. Tu te dépêches, tu te diriges au pas de course vers le poste de garde, mais tu oublies rapidement l’idée de la garder dans ton champ de vision et tu sais quoi ? Lorsque tu arrives enfin, elle est déjà plantée près de la porte à enquiquiner le garde qui grogne. Le pauvre homme est déjà rouge, prêt à imploser quand tu rejoins la rousse.

▬ Quand on demande gentiment, généralement, ça passe mieux, tu sais ? Tu poses une main sur son crâne. Tu n’étais même pas là, mais à la tête du garde, tu comprenais qu’elle n’avait pas du être des plus douce. Du coup, tu fais signe au garde qu’elle est avec toi, et tu finis par t’éloigner un peu de la jeune femme. Lance moi mon fusil, je dois sortir aujourd’hui.

Oh, il hésite. Il sait bien que tu es censé être ici, de garde à la porte aujourd’hui, et surement pas dehors. Mais ton regard suffit à le faire abdiquer et en moins de cinq minutes, tu récupères ton arme que tu attaches à ton épaule grâce à sa sangle, et ta ceinture de munitions à moitié pleine que tu viens accrocher à ta taille.

Il ne faut pas bien longtemps non plus pour que la porte soit ouverte, d’ailleurs, tu n’attends même pas qu’elle le soit complètement pour te faufiler à l’extérieur. C’est calme ici. Les marcheurs qui approchaient de trop près de la porte étaient systématiquement abattus, ou alors, leur attention était tout simplement détournée. Au loin, par contre, tu pouvais en voir qui s’acharnait contre la barricade, en vain.

▬ Je te suis. De toute façon, tu n’as pas vraiment le choix, tu ne sais même pas dans quelle direction aller. Tu attends donc qu’elle se mette en marche pour lui emboîter le pas. C’est loin d’ici ?

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Theresa & Kelsier

Et elle continue. Elle provoque. Ce n’est pourtant rien de méchant, des remarques qui pourraient même paraître amusante sans ce ton bien particulier qu’elle employait pour les balancer. Cette fois cependant, tu ne dis rien, tu comprends simplement pourquoi elle a des rapports aussi conflictuels avec la milice : parce qu’elle provoque. Et peut-être que c’est plus profond que ça. Mais pour le moment, tu ne vois que ça. Difficile d’être avenant, ou serviable, avec une petite peste qui face à vous fait tout pour faire enrager.

Ton arme et ta ceinture correctement accrochés, tu ne tardes pas à sortir, à passer la porte pour finalement t’arrêter devant, l’attendre. Ton regard se pose alors sur elle, si à l’aise à peine les barricades dans son dos. Elle se permet même un petit signe aux gardes, et tu agites doucement la tête, presque résigné, fatigué d’avance à l’idée de faire une quelconque morale si bien qu’encore une fois, tu préfères garder le silence.

Elle finit par t’indiquer une direction grossière, au doigt. Un « par-là » qui te laisse des plus perplexe quand on sait que de ton côté, tu es bien plus organisé, méthodique quand il s’agit de t’orienter à l’extérieur et de t’y déplacer. Même pas une boussole, ou l’ébauche d’une carte. Rien.

▬ Tu es sûre de toi ? Elle en a l’air, oui. Mais ça ne t’empêche pas d’avoir un petit doute quant à ces méthodes radicalement différentes des tiennes. Tu n’as pas de temps à perdre, et surtout, tu n’as aucune espèce d’envie de te perdre même si tu connais les alentours assez bien sur quelques kilomètres carrés.

Tu te mets tout de même à avancer, et tu prends la direction approximative qu’elle vient de t’indiquer. Tu es tendu, évidemment, mais dehors tu l’es toujours. Ce n’est pas de la peur, c’est simplement de la prudence, parce que tu as cessé de craindre les marcheurs, plus ou moins.

▬ Je te l’ai dit, j’ai l’habitude. Moins l’habitude qu’elle, cela dit, tu veux bien l’avouer. Et probablement que c’est pour ça que tu es si tendu, parce que tu es en alerte constante une fois les barricades dépassées. Ça m’arrive, oui. Parfois j’accompagne d’autres miliciens, ou juste des habitants, ça dépend. Tu lui lances un regard en coin. Je suppose qu’il n’est pas utile que je te retourne la question …

Parce qu’à l’écouter, la dernière fois, être accompagné de ce type n’avait pas eu l’air de l’enchanter. Peut-être aussi parce qu’elle avait dû le porter pour le ramener et qu’en plus, ce dernier avait une sacrée tendance à chouiner comme un bébé.

▬ D’ailleurs, comment ça s’est passé avec ton client ? Celui qui voulait les seringues à la base.

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Theresa & Kelsier

Toi. Un garde du corps. Ce n’est qu’à moitié faux … mais aussi seulement à moitié vrai. Tu n’as jamais voulu prendre la responsabilité de la moindre vie humaine. Alors oui, tu es prêt à sauver quelqu’un, quand tu le vois en danger, c’est d’ailleurs un peu ce que tu es en train de faire, présentement. N’empêche que tu n’irais pas jusqu’à proposer tes services pour accompagner qui que ce soit dehors. Quand tu as quelqu’un dans ton sillage, c’est généralement que t’as accepté de faire un bout de chemin avec la personne, ou alors parce que t’as besoin d’aide pour ramener quelque chose de précis. Du coup, tu te contentes de hausser les épaules, autant pour éviter de répondre, que pour lui faire comprendre que le fait d’être laissé sur place si ça devait s’avérer nécessaire n’est pas quelque chose de si grave que ça à tes yeux. En clair ; tu n’en feras certainement pas toute une histoire.

Tu te contentes de suivre. Ce n’est pas dans tes habitudes, mais pour le coup, elle a l’air de savoir ce qu’elle a à faire alors, quand ces marcheurs apparaissent dans ton champ de vision, c’est sur elle que tu coules un regard. Tu n’es pas contre l’idée d’éviter le combat pour le moment, c’était le genre de chose qui faisait du bruit et qui était tout à fait susceptible d’en attirer plus encore, chose que tu voulais réellement éviter étant donné que rappelons le, tu étais pressé.

▬ Espérons qu’il oublie cette affaire, alors. Tu chuchotes, toi aussi, pour éviter d’être entendu et t’attirer l’attention des infectés qui rôdent dans les parages. Le fait que cet homme ait laissé tomber l’idée d’obtenir les seringues était une bonne chose pour le moment, et finalement, si ça pouvait rester comme ça, ça t’arrangerait, en plus de l’arranger elle, probablement.

Non sans lancer un ultime regard aux marcheurs que vous venez d’éviter, tu reprends alors ta progression dans la direction nouvelle indiquée. Et de nouveau, Theresa ralenti. Le doigt pointé droit devant, elle désigne une carcasse de voiture sur laquelle un marcheur est en train de s’acharner. La raison est simple : la voiture n’est pas vide et si ce marcheur s’acharne autant, c’est probablement parce que le corps qui se trouve dedans n’est pas un infecté. Tu l’avais remarqué, mais étrangement, jamais aucun marcheur n’en avait attaqué un autre, du moins, pas sous tes yeux. Tu en avais donc déduit que ces choses étaient capables de sentir l’infection dans les corps qu’ils côtoyaient.

Tu n’as même pas le temps de réagir, le regard toujours accroché à ce corps que déjà, Theresa s’élance. Ta langue claque contre ton palais, tu marmonnes quelques mots complètement incompréhensibles avant de la suivre.

▬ Attends une seconde ! Tu essaies de ne pas crier, de rester relativement discret, difficile quand tu aimerais simplement lui hurler de ne pas se précipiter autant.

Tu contournes la carcasse de la voiture … elle est abîmée, mais en regardant son état, il est vrai qu’elle a l’air de ne pas être là depuis bien longtemps. D’ailleurs, tu remarques bien vite les traces de freinage sur le chemin, et les traces dans la terre. Ça à sécher. Une journée, deux pas plus, qu’il était là.

▬ Faut se débarrasser de celui-là si tu veux vérifier …

De toute façon, probablement lassé de s’acharner pour rien, l’infecté avait déjà détourner son attention sur vous.

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Theresa & Kelsier

Elle te laisse. Evidemment. Elle est bien trop obnubilée, si on peut dire, par ce type dans la voiture. De ton côté, tu n’as pas grand espoir, tu ne vois pas comme cet homme pourrait être vivant et honnêtement, tu ne peux même pas te fier à l’odeur tant le marcheur – qui d’ailleurs est lui-même dans un état des plus déplorable – dégage une odeur de mort particulièrement puissante. Toi qui supportes mal ce genre d’odeur, malgré tous tes efforts pour y parvenir, te voilà dans l’obligation d’approcher cette créature qui déjà essaie de remonter le ravin pour t’atteindre.

Histoire d’éviter ses dents, et ses griffes, bref, les risques qu’il ne te blesse, tu le contournes rapidement pour finalement sauter derrière lui. Ton pied vient le plaquer au sol, la semelle de ta chaussure appuyant sur son crâne pour l’empêcher d’essayer de te croquer, tu viens finalement planter, d’un coup sec et assuré, la lame de ton couteau dans sa tempe. Et puis, tu le laisses rouler dans le ravin jusqu’à ce que son corps putride ne cogne contre l’une des portières de la voiture. Une grimace vient se peindre sur ton visage alors que tu descends, à ton tour, et que tu jettes un œil dans l’habitacle. Là, tu soupires.

▬ Evidemment qu’il est mort … Une arme dans les mains, une balle dans le crâne, on ne pourrait même pas le reconnaître tant son visage est défait, autant par la peur qu’il avait dû ressentir au moment de sa mort, que par la balle qui est venue démonter sa mâchoire.

Tes yeux se reposent sur Theresa. Tu remarques aisément son trouble alors qu’elle recule de quelques pas sans pour autant lâcher ce cadavre des yeux. Peut-être avait-elle eu l’espoir vain de pouvoir sauver une vie, aujourd’hui, et douloureusement, cet espoir était parti en fumée. Tu laisses quelques secondes s’écouler, avant de tenter d’ouvrir la portière. Elle est verrouillée de l’intérieur. Alors tu attrapes une pierre, et tu donnes un coup violent dans la vitre, posant ton bras contre ton nez pour lutter contre l’odeur qui s’échappe de l’intérieur. Avec précaution, tu attrapes l’arme, luttant un peu pour l’ôter à la rigidité des doigts du mort et sans réellement prendre le temps de la vérifier, tu la glisses à ta ceinture pour rejoindre la jeune femme.

Ton bras passe alors autour de sa taille, et tu l’entraînes avec toi, délicatement cette fois, sans te presser, et sans la brusquer, tu la détournes de la vision de la voiture. Tu n’as pas les mots pour la rassurer. Tu te dis simplement que cet homme a fait ce qu’il avait à faire, s’il se savait condamné, il n’a probablement pas souhaité devenir l’une de ces choses et contribuer à propager ce virus infâme. C’est tout à son honneur, pour toi, mais tu éviteras de dire ce genre de choses.

▬ J’ai fais du bruit, on devrait avancer avant d’en voir débarquer bien plus. Alors oui, tu préfères parler pour parler pratique. Est-ce que ça va ?

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Theresa & Kelsier

Tu as quand même posé la question. Probablement juste histoire de savoir si elle est capable de continuer, si elle va reprendre ses esprits rapidement, ou pas. Tu l’as éloignée de cette voiture, bien conscient que c’est sans doute ce qu’elle a vu là-dedans qui l’a perturbée, bien que, tu ne comprennes pas forcément tout. Elle est censée avoir l’habitude d’être ici, dehors. Pour toi, elle a déjà vu un cadavre. Cependant, tu lui laisses le temps. Elle marche, elle reste silencieuse un moment et toi, tu n’insistes pas. Ce n’est d’ailleurs qu’après de longues secondes qu’elle prononce enfin quelques mots, avant de laisser de nouveau le silence retomber. Finalement, elle s’arrête, et tu en fais de même. Tu te contentes d’être attentif, de tendre l’oreille histoire d’éviter que vous ne vous fassiez surprendre et lorsqu’elle semble en avoir terminé, elle reprend simplement la route et toi … tu continues sur ta lancée en restant silencieux.

Malheureusement pour elle, elle n’était pas tombée sur le meilleur des soutiens moral. Tu n’étais pas doué avec les mots, ça n’avait jamais été le cas, tu n’étais tout simplement pas très éloquent. Ni même très démonstratif, en plus d’être relativement peu à l’aise avec le social.

▬ Je vois. Ses explications sont loin d’être claires, mais elles te suffisent pour comprendre. Il est vrai que la gravité de cette maladie, et tout ce qu’elle était capable de provoquer était assez effrayante pour pousser bien des êtres humains dans leurs derniers retranchements. Aujourd’hui, le suicide était toujours un acte de courage, ou presque. Cependant, tu pouvais comprendre que voir un homme ainsi, figé dans ses derniers instants soit … pénible. Tu n’as pas besoin de t’excuser.

Tu ne lui en voulais pas le moins du monde, après tout, même si tu étais moins sensible à ce genre de chose, tu demeurais humain. Tu pouvais comprendre, et quand bien même tu étais pressé, qui étais-tu pour lui reprocher une telle chose, au final ?

▬ Peu importe. On peut bien lui fiche la paix maintenant … Certes, certains diraient qu’il n’a de toute façon plus besoin de ses effets personnels et de son équipement, n’empêche que tu te fiches bien de tout ça, de ce que tu pourrais trouver dans sa voiture. Tu te dis surtout qu’il a le droit de se reposer, et tu ne te sens pas forcément de retourner auprès de cette voiture pour la piller. Et puis, avec le boucan que j’ai fais en cassant la vitre, l’endroit va sans doute grouiller d’infectés d’ici peu. Ce ne serait pas prudent.

Tu retournes finalement te murer dans ton silence. Tu te contentes de marcher, tes doigts serrés autour du manche de ton couteau, tu viens finalement attraper le pistolet récupéré pour constater qu’il ne contient plus qu’une seule et unique balle. Au moins, l’arme en elle-même est en bon état.

▬ Tu ne mourras pas seule, du moins pas aujourd’hui. Loin de toi l’idée de tenter de lui promettre d’être désormais toujours là pour l’accompagner, n’est-ce pas ? Bien trop solennel à ton goût. Promesse bien trop … intime aussi, sans doute.