Kell Rivers - Endure and survive

Né dans la ville des sorcières, Kell était un petit garçon heureux. La seule chose qui le différenciait des autres, c’était qu’il grandissait sans père, ce dernier ayant subitement disparu dès qu’il avait appris la grossesse de sa copine. Le jeune âge de celle qui était normalement juste un plan cul et l’écart qu’il y avait entre eux aurait pu lui porter préjudice et il a préféré fuir. Mais le jeune Kell était loin de toutes ces histoires compliquées d’adultes et vivait heureux avec sa mère. Ils ne roulaient pas sur l’or, loin de là, mais la jeune femme faisait toujours en sorte qu’ils ne manquent de rien, ou en tout cas son fils. Leur relation était très fusionnelle et Kell s’est très vite habitué aux démonstrations d’affections. Un câlin en se levant et en se couchant était le rituel entre eux. Le garçon prenait aussi très à coeur son rôle d’homme de la maison et faisait son maximum pour aider sa mère. Déjà à cette époque, il s’était juré de la rendre heureuse et de la protéger. « Ma maman, elle a le plus beau sourire du monde ! » qu’il disait.

Bien que le garçon soit facile à vivre et gentil comme tout, l’école n’était pas une mince affaire, et était sans doute le seul gros problème. Il n’aimait pas ça et y allait juste parce qu’il voulait rendre sa mère fière et pour y retrouver ses amis. Mais quoi qu’il fasse, il n’y avait pas une matière où il se débrouillait mieux que d’autres, à part en sport où il arrivait à dépasser la moyenne. Un gamin bien plus porté sur la pratique que la théorie. Et pourtant, lorsqu’il jouait dans sa chambre, il était capable de faire preuve d’une imagination incroyable, prouvant bien que ses résultats désastreux ne l’empêchaient pas d’être doué en dehors de l'école.

En grandissant, il garda son intérêt pour le sport en soutenant l’équipe de football de son lycée, et développa un second loisir : la moto. Le père de son meilleur ami, rencontré à l’école primaire, était mécanicien et les deux adolescents passaient le plus clair de leur temps au garage. Kell apprit quelques trucs et astuces, et également à conduire grâce à cet homme, qui le considéra bien vite comme son propre fils.

Il avait, de plus, trouver un nouvel intérêt à se rendre au lycée, quand bien même ses notes n’étaient pas mieux qu’avant : cette fille. Elle. Il ne connaissait même pas son prénom, mais il rêvait de remettre une mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, tandis qu’elle posait sa tête sur son épaule. Décidé à tenter sa chance mais pas vraiment sûr de lui, il avait été encore plus maladroit que d’habitude dans ses mots, juste pour lui demander si elle voulait réviser à ses côtés. Touchée par sa maladresse et sa gêne, l’adolescente avait accepté.

Commença alors pour Kell les plus beaux jours de sa vie, comme il aime les appeler. Il voyait sa belle tous les jours, ils révisaient ensemble, prétexte bien trouver pour les deux lycéens qui passaient plus de temps à discuter qu’autre chose. Ils apprenaient à se connaître, ils tombaient amoureux l’un de l’autre, même si le jeune homme était déjà sous le charme de la demoiselle depuis un moment.

Malheureusement, cette idylle s’arrêta bien vite et de façon tragique. Comme tout le monde, Kell a perdu des êtres chers lorsque l’épidémie a frappé. Jamais il n’avait été un homme violent. Il ne s’était jamais battu, n’avait jamais pratiqué de sport de combat et n’avait même jamais pensé à frapper quelqu’un. Mais voir celle qu’on aime se faire déchiqueter vivante devant soit, ça rend fou. Ça fait ressortir des côtés de soi insoupçonnés jusqu’alors.

Il pensait pouvoir la protéger. Il l’avait emmené avec lui pour ça, avec cet objectif en tête. Mais il en avait été incapable. Et s’acharner sur les infectés, déjà morts pour de bon, avec une batte de baseball n’était pas ce qui allait la faire revenir parmi les vivants. Caché, il avait par la suite pleuré de longues minutes, incapable de s’arrêter. C’est la pensée de sa mère qui lui donna la force de se relever et de traverser la ville pour rentrer chez lui. Il devait sauver l’autre femme de sa vie.

De retour à la maison, sa mère était là, tremblante de peur mais bien vivante. Il la serra dans ses bras et lui promis de la protéger. L’armée allait sûrement venir les aider, eux, les survivants. Ils ne devaient pas être les seuls, il suffisait de trouver les autres. Et Kell voulait également retrouver son meilleur ami, de qu’il avait été séparé lorsque les premiers infectés avaient débarqués au lycée. Mais que faire ? Partir d’ici ? Pour aller où ? Serait-ce plus sécurisé ailleurs ?

Kell, devenu un homme plus tôt qu’il ne l’aurait dû, qui avait tué pour la première fois, prépara les affaires de sa mère et lui, et décida de se tenir prêt à partir, peu importait leur destination. Il fallait se préparer au pire. Mais en attendant, il faisait en sorte que sa mère ne manque de rien. Armé d’un couteau et de la batte de baseball trouvée au lycée et qu’il avait gardé, il allait chercher de la nourriture lorsqu’il le fallait. Il fit quelques allers-retours chez son meilleur ami aussi afin de voir s’il rentrait, mais sans succès. Il n’y avait jamais personne. Il profita aussi de ses sorties pour ériger une tombe pour la plus belle et gentille fille qu’il ait connu. Il aurait aimé qu’elle ne souffre pas et il se sent coupable de sa mort, qui le hante chaque jour de plus où il survit. Il savait que ça ne changerait rien mais il s’efforçait d’y aller tous les jours, espérant lui tenir compagnie et, il devait bien l’admettre, car il en avait besoin. Elle lui manquait terriblement.

Sa mère, qui restait à la maison, était attentive à la radio, espérant avoir des nouvelles de quelqu'armée que ce soit. Elle entendit parler de Hope City, dans le Nevada, de cette façon. C’était loin. Plusieurs jours de marche. Mais, après plusieurs années de survie à deux, à voir son fils malheureux et se renfermant de plus en plus sur lui-même, elle décida de lui en parler. Peut-être que d'autres jeunes de son âge étaient là-bas ? En apprenant l'existence de cet endroit et après de longues discussions avec sa mère qui finit par le convaincre, Kell alla récupérer, ou voler selon le point de vue, la moto au garage du père de son meilleur ami, sa mère ne possédant pas de voiture. Il la ramena chez lui et c’est ainsi que commença leur voyage, à Kell et sa mère, pour Hope City. Si là-bas, sa mère pouvait être en sécurité, il braverait tous les dangers.

Mais la vie n’était pas clémente. L’épidémie avait créé deux types de monstres. Les infectés, certes, mais elle avait aussi révélé les monstres enfouis en chaque être humain. Alors qu’ils roulaient vers l’espoir d’un monde meilleur, une balle de sniper siffla à l’oreille de Kell, qui perdit son équilibre à cause de la surprise et renversa la moto. Lui n’était pas touché, bien que sa jambe le fasse souffrir, mais la balle avait touchée sa mère. Il savait qu’elle lui était destiné, que c’était lui qui aurait dû mourir, mais ce jour-là, sa rage sortit à nouveau. Il trouva en lui la force, mais surtout le besoin, de s’acharner sur le sniper une fois celui-ci atteint. Le corps était tellement abîmé qu’il aurait été impossible pour qui que ce soit de le reconnaître.

Bien qu’il était conscient du danger, Kell hurla de toutes ses forces, faisant sortir la rage qu’il emmagasinait depuis le début de l’épidémie contre ce monde qu’était devenu le sien. Des morts, des pertes, de la tristesse, de la violence, des regrets. Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu. Il n’était pas taillé pour ça, la preuve, il perdait tous ceux qu’il aimait. Quelles étaient les chances pour que la balle l’esquive lui et touche sa mère ? Pourquoi le sort s’acharnait à lui laisser la vie sauve mais à lui prendre tout ce qu’il avait de plus précieux ? Il fit comme pour son amour perdu, il creusa pour sa mère une tombe, du mieux qu’il le pu, avec le matériel que le sniper avait sûrement volé aux voyageurs précédents.

Kell se dégoûtait. Tuer les infectés était une chose, tuer un humain en était une autre. Mais ce monde le dégoûtait encore plus. Il le changeait, le faisait devenir un homme qu’il ne souhaitait pas être. Ici, c’était la loi du plus fort. Ne faire confiance à personne d’autre que soi-même. Malgré cela, il se dirigea tout de même vers Hope City, à défaut de savoir où aller. L’homme refusait de laisser cette épidémie l’atteindre, d’une façon ou d’une autre. Sur place, il fit de son mieux pour aider et gagner sa part. Il aidait ceux qui en avaient le plus besoin, se trouvant ainsi une raison et un objectif à chaque nouvelle journée.

Il aidait tout le monde, peu lui importait leur district, même si ceux du un ne lui plaisaient pas beaucoup. Lorsque les trois districts où il passait le plus clair de son temps ont été anéantis, il a pleuré la mort d’amis dans son coin, en silence. Plus le temps avance, plus il se demande s’il ne porte pas la poisse aux gens qui le côtoient. Cette réflexion n’arrange pas la solitude dans laquelle il s’enferme.

Il cauchemarde quasiment toutes les nuits où il arrive à dormir, revivant la mort de sa petite amie et de sa mère. Malgré cela, il garde en tête son objectif, qui est de retrouver son meilleur ami. Il pourrait ne plus avoir d’espoir après tout ce temps, mais à quoi cela servirait-il de vivre sans ? Et puis, comme il aime si bien le dire : « Pas de cadavre, pas de mort. »