Si vous voulez être aimé, soyez aimable - ft Finn

C’est à New York que débute ton histoire, Finn. Tu es née d’une mère coréenne, venue aux USA pour son doctorat en médecine et d’un père américain, engagé dans les Marines. Leur histoire est l’une de celle que l’on conte dans les livres. Un coup de foudre, une union rapide (trop peut-être), et la dévotion de l’un à l’autre. L’amour quoi. C’est de la que vient ta foi en ce sentiment si important dans la vie des humains. T’es parents incarnaient l’Amour avec un grand A.

Tu es né un jour de St Valentin, et si tu as évité Valentin de peu, tu as été nommé Finnley, comme le grand-père côté paternel. Ta mère a insisté pour t’offrir un bout de sa culture. Haneul, l’enfant du Ciel, du Paradis. Déjà quelques minutes de vie et déjà un grand fardeau sur les épaules, tu ne crois pas ?

Tu as eu une vie et une enfance un peu particulière. Doué, bien plus que de nombreux gamins, tu as rapidement démontré une intelligence supérieure à la moyenne et de bien grandes difficultés à t’intégrer aux enfants de ton âge. Livré à toi-même, malgré les efforts de tes parents, tu t’es construit à travers la lecture, les expériences et les questionnements.

Alors oui, tu as bien fait d’autres choses, mais ça ne t’a jamais beaucoup plus intégré. Tu as appris à chasser avec ton père. Vous partiez dans de longs treks dans le pays, même si ta mère n’avait jamais été très fan de ce genre de chose et toi non plus, mais tu voulais faire plaisir. Et mine de rien, aujourd’hui, tu remercies ton père pour ça.

Comme on peut s’en douter, tu as sauté plusieurs classes. Pas un génie, tu as été tout de même le QI d’un surdoué et la capacité émotionnelle d’une petite cuillère. Jusqu’à lui. Lui, c’était un garçon de ta classe. Tu avais 8 ans, il en avait 12. Tu es tombé irrémédiablement amoureux. Tu entrais à la middle school et tu découvrais ce sentiment qui faisait briller les yeux de tes parents. Le collège et un amour brutal et inédit.

Il n’a jamais répondu à tes sentiments. En vérité, lui et ses copains t’ont surtout fait vivre un enfer à l’école. Mais tu sais quoi, Finn ? Tu t’en fichais. Parce que le garçon que tu aimais s’intéressait à toi ! C’est bête, maintenant que tu y penses, mais ça représentait tellement pour toi.

À 16 ans, tu étais déjà tombé plusieurs fois amoureux et ta mère ne cessait de dire que ça t’avait changé, en bien. Parce qu’aimer et vouloir être aimé, ça te forçait à te montrer plus humain, plus ouvert, plus chaleureux. Et même si ça ne donnait rien, même si tu restais cantonné au rôle du bon copain un peu bizarre, toi, tu y croyais dur comme fer. Et la chose la plus surprenante, dans cette partie de ta vie, c’est que malgré les galères et les rejets, tu n’as jamais perdu foi en l’amour. T’étais intelligent, mais complètement aveugle sur ce sujet…

T’avais 17 ans quand ta mère s’est envolée d’un cancer au pancréas. Vite. Sans que tu n’aies le temps de le comprendre et de l’accepter. Cette fois-ci, la vie t’apprit la peine de perdre un être cher. Et c’est peut-être pour ça que les années suivantes, tu mis encore plus d’acharnement dans tes études en faculté de biologie et dans tes amours malheureux.

23 ans. C’est l’âge que tu as lorsque l’annonce de l’épidémie fait frémir les États-Unis. Si ton père souhaite d’abord quitter le continent (si service en tant que Marines est fini depuis quelques années), tu le convaincs de ne pas le faire, annonçant une pandémie à venir. Et tu avais vu juste. L’Europe est touchée, et toi, tu prends les choses en main. Tu lui dis de se rapprocher des premiers cas de la maladie, dans le quart sud-ouest du pays, car l’infection y a déjà tout ravagé. De loin, comme ça, ça semble une bonne idée. Mais quand vous y arrivez et que vous découvrez les marcheurs, tout vire au drame.

Tu ne parles presque jamais de la suite. Quand les souvenirs reviennent, tu bois pour oublier et tu manges pour combler le vide en toi. Quoi qu’il en soit, ton père est mort avant d’arriver à Hope City. Pire que ça, c’est grâce à lui que tu as pu y parvenir. S’ouvrant le bras d’une plaie béante, il a utilisé son sang pour te permettre de fuir, parce que lui-même ne pouvait plus marcher. La raison ? Une chute, rien de plus intelligent qu’une vieille chute nulle. Et tu n’as jamais retiré cette image de ton père se faisant submerger d’une horde d’infectés de ton esprit.

HopeCity. Tu y es arrivé en 2009. Tu as toujours vécu dans le premier District, et dès que tu as rejoint les rangs des survivants, c’est dans les recherches sur le virus que tu t’es intégré. Ton savoir en microbiologie était une pépite d’or pour eux.

C’est là que tu y as fait la rencontre de celle qui allait réveiller ton coeur brisé. Une femme, belle, forte, intelligente. Une scientifique, comme toi. Tu n’as pas eu besoin de plus d’une poignée de main pour savoir que tu l’aimais. Que tu la voulais. Que tu ferais tout pour elle. Elle venait de perdre son mari, et elle s’occupait de ses deux petites. Katlynne.

Tu lui as fait une cour assidue et pleine d’un gentleman détonnant pour cette période sombre de l’humanité. Tu as été là pour elle, pour le moindre de ses besoins. Quand tu venais à apprendre qu’elle manquait de quelque chose, tu t’arrangeais pour le lui trouver. Quand elle avait le mal de son mari, tu essuyais ses larmes et tu lui redonnais du courage. Même si tu n’as jamais mis les pieds chez elle, dans sa vie privée, tu es devenu son plus grand allié.

C’est pour elle que tu acceptes de laisser tomber la tâche de microbio pour les recherches sur le virus et que tu as rejoint les recherches sur l’équipement nouvelle génération. Pour elle que tu t’es forcé à être plus ouverts aux autres. Pour elle que tu as décidé de mettre encore plus d’énergie à la résolution de ce calvaire.

Ton premier marcheur, enfermé contre le mur d’enceinte dans une cabane isolée de matelas, s’appelait Brutus, parce qu’il avait essayé de te tuer avec une pierre coupante. Tu l’as capturé de nuit, pour étudier au plus près la maladie. Et si au début c’était pour tenter le tout pour le tout, c’est devenu une réelle fascination. Les expériences ont pris en précision et en temps. Aussi en témérité lorsque tu t’es injecté le virus dans le pied, pour voir.

Et puis, un jour, Brutus a émis un grognement différent des autres. Et t’y as cru… Qu’il te comprenait, qu’il voulait te dire quelque chose, qu’un peu de sa conscience avait repris le dessus. Tu as ouvert la porte de l’enclos de métal où il vivait et tout s’est passé si vite. L’homme s’est jeté sur toi, et t’as mordu à l’épaule, t’arrachant un bout de peau et de chair au passage. Fort heureusement pour toi, ta carabine n’était pas loin. D’une balle dans la tête, tu as mis fin à sa folie… et le recul t’as projeté si fort contre une étagère derrière toi que tu es retombé inconscient.

Quand tu es revenu à toi, tu étais vivant et le soleil se levait. Des heures que tu étais là, sur le sol de ta cabane, mordu. Et si tu allais mal, c’était bien à cause de la perte de sang qu’à cause de la maladie. Ce jour-là, tu t’es présenté de toi-même à la garnison pour prévenir que tu avais été mordu, plusieurs heures plus tôt. On avait déjà conscience de l’immunité depuis 2 ans, alors tu as pu subir l’isolement en évitant une balle dans la tête sans autre forme de procès. Et c’était fait. 24h plus tard, tu étais déclaré comme immunisé.

Ta vie n’a pas radicalement changé après ça. En tout cas, c’est ce que tu crois. Le regard des gens est devenu plus mauvais, mais tu continues de vivre comme si rien n’avait changé. Tu ne comprends pas que l’on t’en veuille pour cette chance. Que tu devrais être en première ligne lors des expéditions. En faite, tu ne comprends juste rien. Et ça ne t’a jamais importé, car Katlyne, elle, a continué à te traiter comme avant.

Avec les années, tu as repris tes expérimentations. Avec les années, aussi, ton amour pour la brillante scientifique s’est émoussé, devenant un sentiment platonique, plein de bienveillance et de protection. Et avec ces années, les essais ont pu commencer sur le prototype de câble et de compression à l’air chaud.

Étant des scientifiques, vous avez décidé de respecter certaines règles d’éthique. La fille de Katlynne étant une des volontaires, sa mère n’a pas eu le droit de travailler plus étroitement avec elle. C’est toi qu’elle a supplié de prendre le rôle. Et encore une fois, tu lui as cédé cette volonté en te disant que tu pourrais, après tout, garder un oeil sur cette petite furie qui faisait tant de soucis à sa mère.

T’avais tout prévu, depuis des années. Comment tu sauverais l’humanité avec tes recherches. Comment tu finirais seul, mais entouré d’amis et de personnes de confiance. Comment tu conserverais ce sentiment d’amour fané comme la plus belle chose du monde. Oh oui, tu avais tout prévu jusqu’au bout. Tout.

Sauf de tomber amoureux de Karhlya.