[terminé] question de vie ou de mort. (Theresa)

question de vie ou de mort

Theresa & Kelsier

Comment il est arrivé là-haut, celui-là ? C’est une question qui te traverse l’esprit, étrangement, lorsque cet infecté tombe sur toi, ou presque. Il est si imposant, il aurait pu t’écraser, heureusement, tu avais eu le réflexe de te décaler un peu, juste assez pour n’être que violemment bousculé par cette chose. Tu en perds ton arme, cela dit. Le couteau de chasse glisse dans l’herbe, bien trop loin de toi pour que tu ne parviennes à le récupérer assez vite. Si Theresa n’avait pas été là, il aurait probablement eu le temps de revenir sur toi pour t’attaquer, et il aurait probablement réussi à t’arracher un bout de chair à coup de mâchoire. Heureusement, lorsque tu te redresses, c’est pour la voir lui décocher un coup de pied en pleine tête. Et tu entends ce craquement. Et tu la vois qui perd l’équilibre, qui tombe et qui roule jusqu’à heurter l’ambulance en bas.

▬ Theresa ! Son prénom t’échappe, si bien que le son de ta voix attire l’infecté sur toi.

Tu le repousses des deux pieds, le temps de te redresser, et tu le frappes, plusieurs fois, tu tentes de retrouver ton couteau, en vain, alors tu finis par te glisser dans son dos, tu passes les bras autour de sa gorge, et tu luttes, tu sais pourtant que l’étouffer ne sert à rien, alors tu te mets en tête de lui briser la nuque, tu le tiens, il se débat, mais tu le tiens, et tu sais que si tu le lâches, il reprendra l’avantage, alors tu forces, et puis subitement, tu te souviens de l’arme à ta ceinture, alors tu détaches un bras de sa gorge, et tu glisses ta main pour attraper le pistolet que tu remontes au niveau de son crâne. Lorsque le canon est sur sa tempe, tu tires. Une balle, une seule balle qui traverse son cerveau, qui le fait imploser. Et il s’écroule. Et tu tombes avec, mais tu te laisses rouler jusqu’en bas et puis, tu te traînes jusqu’à la jeune femme.

▬ Theresa ! Theresa, tu m’entends ? Tu l’attrapes, tu la retournes délicatement, et tu la ramènes contre toi avant de passer tes doigts sur son front pour dégager ses cheveux. Elle est en vie, au moins. Ça va ? Tu t’es blessée ? Et tes doigts se faufiler derrière ses cheveux, tu la parcoures des yeux à la recherche d’une éventuelle blessure, d’une morsure.

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Theresa & Kelsier

Tu ne vois rien. Pas de morsure. Pas de blessure. Et ça devrait te rassurer, mais en vérité, c’est tout l’inverse qui se produit, parce que ça provoque en toi un sentiment de panique que tu peines à contrôler, et encore plus à cacher. Elle bouge. Elle est en vie. Elle s’inquiète même pour toi, quand elle reprend un peu ses esprits, et quand tu t’approches d’elle. Alors, tu souffles. Et tu fais l’effort de lui répondre, et tu essaies de paraître calme, parce que dans sa voix à elle, tu sens la peur et la panique, la même que la tienne.

▬ Je n’ai rien, je l’ai eu avant qu’il n’ait l’occasion d’essayer. Tu sous-entends que c’était facile, alors que ça ne l’était pas. Tu préfères qu’elle pense que c’était simple de le mettre à terre, et tu ne sais même pas pourquoi. Peut-être parce que si c’était facile, tu n’avais pas eu le moindre risque de te faire mordre, alors que quand même, Kelsier, t’avais bien failli, quand même.

Elle pleure. Elle se blottit contre toi … et soudainement, tu peux entrapercevoir sa faiblesse, comme la dernière fois. Son côté enfantin. La facette qu’elle dissimule aux yeux du monde entier, celle de la jeune femme qui n’a encore rien fait dans la vie, à part se battre pour essayer de survivre seule. Elle a peur et elle te supplie de ne pas la laisser là, et c’est quand elle se lève soudainement, sans te laisser le temps de la rattraper, quand elle chute et qu’elle panique de nouveau que tu comprends qu’elle est bel et bien blessée.

▬ Arrête ! Tu tentes de la calmer, en vain, puisqu’elle recommence. Sur un pied cette fois, elle se remet debout, elle veut à tout prix tenir debout, comme si ce simple fait allait suffire à la sauver.

Tu te lèves, tu l’approches, et puis, tu retombes à genoux, devant elle pour attraper sa cheville blessée entre tes mains. Tu appuies, légèrement, tu l’observes et tu ne vois rien. Ça vient d’arriver, et tu n’es pas médecin alors tu es complètement incapable de dire si c’est cassé, foulé, luxé, tu n’en sais rien. Et tu soupires en relevant.

▬ Je ne vais pas te laisser ici, ne bouge pas. Tu le sais, que tu n’as pas de temps à perdre, qu’il faut que tu te dépêches parce que, maintenant, c’est sûr, tu vas prendre plus de temps au retour qu’à l’aller.

Tu passes alors devant elle, et tu te faufiles rapidement à l’intérieur de l’ambulance. Tu repères rapidement les seringues, et tu les mets dans ton sac en attrapant d’autres petites choses que tu penses utiles. Quand tu ressors, tu accroches correctement le sac à ton épaule pour éviter qu’il ne glisse, et tu reviens vers Theresa.

▬ Je vais te porter, sur mon dos. Et tu te places devant elle, te baissant légèrement pour la laisser approcher. Aller, faut pas traîner ici, dépêche toi.

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Theresa & Kelsier

Ton plan, tu l’as en tête, c’est bon, Kelsier, tu sais exactement ce que tu as à faire maintenant, et tu as tout prévu, ou presque, dans les moindres détails. Mais pour le moment, tu n’as rien de plus à faire de la porter, il le faut, tout simplement parce que tu sais parfaitement que cette fois, elle ne parviendra pas à remonter en haut de ce fossé par elle-même. Et tu sais que tu as galérer, tout à l’heure, tu sais aussi que t’es ressorti du précédent ravin complètement épuisé. Ce que tu sais d’autre, c’est que tes réserves d’énergie sont loin d’être pleines et que ça va être compliqué. Pourtant, tu n’as pas le choix, il est hors de question que tu remontes seul, que tu la laisses ici. Tu comptes bien la sortir de là, et l’éloigner de cet endroit le plus rapidement et le plus efficacement possible.

Mais voilà qu’elle, elle se met à discuter, la panique est toujours bel et bien présente dans sa voix, et tu te redresses un peu, tu te tournes même pour lui faire face et tandis qu’elle débite un flot de paroles pour le moins incroyable, tu l’écoutes, sans broncher, sans même tenter de l’interrompre, et ce, jusqu’à ce qu’elle se résigne d’elle-même et te mettes l’un de ces poignards entre les doigts.

▬ Bien. Tu as fini, c’est bon ? Ce n’est pas que tu t’impatientes, mais un petit peu, quand même. Tu n’as pas de temps à perdre, l’endroit n’est pas sûr et tu as su te rendre compte que les marcheurs qui traînaient dans les parages étaient loin d’être des petits rigolos. Tu craignais de ne pas réussir à te défendre, et à la défendre en même temps. Il y avait de quoi faire une attelle dans l’ambulance, tout est dans mon sac, mais je ne peux pas faire ça ici, si un marcheur débarque, on est faits. Alors si tu veux bien, tu montes sur mon dos, je nous sors de ce ravin, je nous trouve un endroit plus en sécurité et moins à découvert qu’ici et je m’occupe de ta cheville ensuite.

Et une nouvelle fois, tu te baisses afin de lui permettre de s’accrocher à tes épaules, tu la hisses sur ton dos, et une fois qu’elle est calée correctement, tu soupires, et puis tu te mets à grimper pour remonter en haut du ravin. Heureusement pour toi, la pente est bien moins raide que celui de tout à l’heure, et tu es sec. C’est moins humide, plus simple. Le seul handicap, c’est le poids qui pèse sur ton dos, entre le sac, et Theresa, c’est loin d’être évident, quand bien même cette dernière, objectivement, était loin d’être si lourde que ça.

Une fois en haut, tu as ce besoin de souffler, de te reposer quelques petites minutes, cependant, tu ne restes qu’un court instant à l’arrêt, tu te remets sur tes jambes pour reprendre la route. Tu essaies de marcher rapidement, du temps, vous en avez perdu assez et tu veux à tout prix pouvoir vous mettre en sécurité. Ton objectif ? Les bâtiments observés plus tôt dans la journée, ils sont a quelques kilomètres, et tu te dis que ça ira. Sauf que tu fais une erreur. Et un peu plus d’une heure après avoir commencé à marcher, tu sens que tes jambes que te lâchent. Tes batteries sont à plat. Tu te forces, tu continues, mais tu sais que tu n’atteindras pas ton but. C’est donc dans une maison isolée, complètement vide que tu finis par t’arrêter. Tu déposes Theresa sur le vieux plancher poussiéreux, et puis, tu prends le temps de faire le tour de la bâtisse, par sécurité, avant de revenir auprès de la rousse pour littéralement t’effondrer par terre, juste à côté d’elle.

▬ Je suis désolé. Je ne peux pas pousser davantage, je suis épuisé. Épuisé, et en nage. Il suffit de te regarder pour comprendre que tu as très largement dépasser tes limites.

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Theresa & Kelsier

Cette fois, tu peux le dire, Kelsier, tu n’en peux plus. C’est terminé, tu ne pourrais même plus te lever pour faire le moindre pas, tu es fini, à bout de force et d’énergie. Tu t’es avoué vaincu, et tu sais quoi, tu n’as aucune honte l’avoir fait parce que tu es persuadé que c’est tout simplement mieux comme ça. Et si un marcheur t’étais tombé sur le coin du nez pendant que tu t’acharnais, encore et encore à essayer d’atteindre ton but ? Tu aurais probablement été dans l’incapacité totale de t’en débarrasser, et ça aurait pu vous coûter la vie à tous les deux.

Et t’es au sol. Une grimace imprimée sur le visage, tu as posé une main sur tes yeux et si tu t’écoutais, bon sang, tu pourrais presque t’endormir ici et maintenant, dans cette position, avec ton sac toujours accroché à l’épaule. Sauf que tu ne le fais, tu continues de lutter parce que tu as encore du travail. Tu as besoin de barricader cet endroit, parce que le soleil a déjà bien décliné et que d’ici peu, tu n’y verras plus rien. Et puis, tu n’es pas seul, tu sais aussi que tu ne peux pas sombrer en laissant Theresa livrée à elle-même, d’ailleurs, sa voix semble être là pour te secouer un peu et tu l’écoutes, il te faut faire un effort considérable pour ça, mais tu t’étires, un peu, tes jambes, surtout, avant de te redresser et de lever les bras vers le plafond.

▬ Je n’ai pas besoin de tout ça. En vérité, tu as probablement d’un bon repas, un vrai repas complet, le genre de repas que tu ne fais jamais. Ton corps le réclame. On ne peut décemment pas faire autant d’efforts que ça en si peu de temps sans avoir faim par la suite mais tu refuses catégoriquement de te goinfrer, et surtout, de lui prendre toutes ses réserves. Une barre de céréales et un peu d’eau, ça fera l’affaire. J’ai juste … besoin de dormir.

Mais pas maintenant. Parce que déjà, la question de sa cheville revient sur le tapis, et elle l’examine un moment. Ce n’est pas cassé, c’est déjà ça de pris. En revanche, elle semble penser que c’est luxé, et qu’elle aura besoin de ton aide pour remettre ça en place histoire de pouvoir espérer bouger pour le lendemain matin. Franchement, Kelsier, y’a une raison pour que tu ne te mêles jamais du moindre acte médical. T’es pas médecin. T’as jamais voulu l’être. Tu n’as jamais eu la fibre pour ça, ni la douceur et encore moins la patience et les connaissances nécessaires. Evidemment, quand elle te dit que tu vas devoir, toi, tirer sur sa cheville abîmée pour la remettre en place, tu grimaces, mais tu ne protestes pas parce que, il n’y a que vous deux ici. Personne ne peut le faire à ta place, tu ne peux pas fuir.

Tu finis par te lever, difficilement, comme si tu avais environ cinquante ans de plus, environ, tu fais craquer quelques-uns de tes os avant d’aller te positionner devant elle. Tu attires ton sac, près de toi, et puis, tu attrapes ta cheville entre tes mains. Tu attends qu’elle soit prête, que la cale soit entre ses dents, et puis, tu souffles et enfin, tu tires. Au début, tu n’oses pas. Si bien que tu ne tires probablement pas assez fort, ou pas assez franchement, c’est seulement lorsque tu vois que tu fais mal que tu comprends à quel point tu t’y prends mal. Alors, tu y vas plus franchement, et entre tes doigts, tu sens que ça bouge, alors tu t’arrêtes.

▬ C’est bon ? Tu demandes, alors que tu fouilles déjà dans ton sac pour en sortir des bandages, et de quoi faire une atèle. Pour ça non plus, tu n’es pas doué, mais tu t’arranges pour faire quelque chose qui maintienne suffisamment son pied, en serrant bien le bandage autour. Enfin, tu attrapes une boîte d’anti-douleur découverte dans l’ambulance, tu en sors deux comprimés, complètement ignorant quand au bon dosage et tu les lui offres accompagnés d’un peu d’eau. Avale ça, ça devrait te soulager un peu. Là-dessus, tu te redresses, et tu retires ta veste pour venir la déposer sur elle. Tu n’as pas froid, pour le moment, à cause de l’effort, tes muscles sont encore chauds mais tu as bien senti qu’avec la nuit qui tombait, la température avait commencer à chuter. Je vais … faire le tour, et barricader les entrées pour qu’on soit tranquilles, d’accord ? Repose-toi un peu, je ne serais pas long.

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Theresa & Kelsier

Tu as beau être épuisé, tu sais que si tu restes en mouvement, tu ne vas pas t’écrouler. Tu te connais. Ce sera à partir du moment où tu auras cessé de t’agiter, que ce sera terminé, que tu ressentiras l’envie de te laisser aller, et puis de sombrer. Alors tu fais tout le plus vite possible, et à peine lui as-tu donné de quoi soulager la douleur que tu t’apprêtes à aller t’occuper de la suite. Fermer les fenêtres, t’assurer qu’elles tiennent, et puis, t’occuper de la porte et probablement pousser ce vieux meuble contre histoire de ne pas être surpris et que rien ni personne ne puisse entrer ici dans les prochaines heures.

Seulement voilà, alors que tu t’apprêtes à te lancer dans tout ça, tu sens la main de Theresa sur ton avant-bras. Elle s’y appuie, et puis, à ta grande surprise, elle se redresse. Elle veut s’en occuper elle-même et elle finit même par se remettre debout, dans la foulée. Aidée d’une chaise, elle avance, elle vérifie une fenêtre, puis elle va s’occuper de la seconde et elle te surprend. Elle te surprend tellement que tu restes là, à genoux, à la regarder faire, la bouche entrouverte.

▬ Tu ne me dois rien. C’est tout ce qui sort de ta bouche alors que tu te redresses et tandis qu’elle semble s’acharner à renforcer le verrou de la fenêtre.

Tu n’aimerais tout simplement pas qu’elle pense que tu fais ça pour quoi que ce soit. Peu importe la façon de faire des autres, si tu l’aides aujourd’hui, c’est parce que tu n’es pas du genre à abandonner quelqu’un à son sort, et aussi, et surtout, parce que si elle est ici aujourd’hui, c’est de ta faute.

Tu t’approches du meuble que tu avais repérer plutôt, et puis, tu le pousses de toutes tes forces vers la porte pour le mettre devant et bloquer cette dernière. Une fois fait, tu essaies de l’ouvrir et lorsque tu constates que c’est maintenant impossible, tu t’assieds dans la poussière du plancher, et par curiosité, tu fouilles l’intérieur de l’espèce de commode.

▬ Y’a tout un tas de vieilles boîtes de conserve là-dedans… Tu te mets alors à en sortir quelques-unes, des plats cuisinés pour la plupart, haricots au lard, boîte de soupe. Ça doit faire au moins dix ans que c’est là …tu crois que c’est encore mangeable ?

Tu avais entendu des histoires, certaines personnes ramenaient encore pas mal de ces boîtes en ville, et d’après les dire de certains, même si le goût n’était pas exceptionnel, ça restait parfaitement mangeable.

▬ Elles n’ont pas l’air abîmées en tout cas, tu pourrais les vendre si on en ramène, non ?

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Theresa & Kelsier

Tu te voiles la face, toi ? Vraiment ? Tu agites la tête, un peu comme si tu venais d’entendre la plus grosse ânerie du siècle. Tu es comme ça, tu n’arrives pas à concevoir le fait qu’une personne, peu importe laquelle, puisse fournir des efforts pour rembourser une quelconque dette envers toi. Tu l’as aidée. Tu l’as portée. Et alors ? Tu n’allais tout de même pas emmener les seringues et rentrer seul en la laissant derrière comme s’il ne s’agissait que d’un fardeau, un poids dont tu pouvais te délester sans remords.

Afin de ne pas te relancer dans ce débat – tu n’en as ni la force, ni l’envie – tu te concentres sur ta nouvelle trouvaille, tu te mets à trier les boîtes de conserve, tu en mets certaines de côté, celles qui te paraissent avoir le plus de chance d’être troquées, échangées plus facilement que les autres. En fait, tu es simplement en train de trouver un moyen pour que cette petite rousse puisse quand même se tirer de tout ça en faisant du bénéfice, étant donné que tu vas simplement offrir les seringues au centre médical, sans leur demander quoi que ce soit pour soigner ou plutôt pour espérer sauver ce pauvre vieil homme.

Sauf qu’encore une fois, à première vue, Theresa, elle, ne compte pas te laisser faire, et après en avoir terminé avec ses fenêtres, voilà qu’elle approche, qu’elle t’arrête dans ce que tu es en train de faire. Et ses mots te surprennent, parce que, subitement, elle te montre une nouvelle facette d’elle-même. Elle va jusqu’à rejeter l’idée de ramener quoi que ce soit, sans doute pour t’épargner la corvée de porter, en partie, et tu restes là, figé, à l’observer. En réalité, Kelsier, tu mettras sans doute ça sur le dos de la fatigue, mais voilà que tu hoches la tête, que tu abdiques lorsqu’elle te demande de la laisser prendre soin de toi. Tu as lâcher les boîtes, tu la laisses mener les choses comme elle l’entend, et enfin, tu te permets de souffler un peu, en silence.

▬ Parce que c’est le cas. C’est normal de préserver une vie humaine … tout le monde devrait agir comme ça.

Mais la nature humaine ne fonctionnait pas comme ça. L’être humain était visiblement fait de sorte qu’il faille conserver cette rivalité, cette dangerosité. Chacun pour sa pomme, voilà comment fonctionnait le reste du monde, et pour toi, ça défiait toute logique.

Tu finis par tendre la main pour attraper la viande séchée qu’elle t’offre, mais au dernier moment, ta main dévie, tes doigts se referment sur son poignet et sans réellement pourquoi tu fais ça, ou dans quel but exactement, tu tires, tu l’attires à toi, contre toi, et tes bras ses referment sur elle avec force. Tu fermes les yeux, silencieux durant un court instant.

▬ Arrête de t’agiter …

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Theresa & Kelsier

Tu es, présentement, dans l’un de ces moments de faiblesse qu’il t’arrive de ressentir. C’est rare. Tu le sais. Toutes les personnes qui te connaissent un tant soit peu le savent, mais ça existe, c’est là, bel et bien là parce que tu as trop forcé pour cette fois, parce que tes forces sont pour ainsi dire complètement épuisées, tu as atteint ta limite et franchement, tu n’as même plus la force de discuter, alors, encore moins celle de batailler, ou de réfléchir.

Tu la supportes, Theresa. Elle est là, devant toi, mais subitement, tu as l’impression qu’elle va trop vite pour toi, qu’elle pose trop de questions, à ton goût et si tu n’aurais pas été contre avoir cette discussion avec elle à un autre moment, actuellement, tu n’en as pas la force et le seul moyen que tu trouves, pour éviter qu’elle ne se relance dans le moindre sujet supplémentaire, c’est de l’attirer contre toi en tirant sur son poignet.

Lorsqu’elle est là, contre toi, raide, probablement un peu mal à l’aise, tu soupires, d’aise, et tu fermes les yeux durant quelques longues secondes. Tu la laisses bouger, s’installer contre toi et tu sais quoi ? Et bien, tu te sens bien. Malgré ta position inconfortable, malgré le fait que vous soyez tous les deux dehors, en pleine nuit, dans une maison abandonnée, au milieu des marcheurs, tu te sens incroyablement bien, tout comme elle. Tu n’ouvres les yeux que lorsqu’elle bouge encore, lorsque tu sens ses doigts sur ton visage. Tu la laisses faire, sans un mot. Sans bouger. Et ses doigts fins passent sur tes lèvres et comme par crainte qu’elle ne s’arrête, tu viens une nouvelle fois attraper sa main, tes doigts se mêlent aux siens presque immédiatement et tu gardes sa peau, un instant, contre tes lèvres.

Lorsque tu bouges à nouveau, c’est pour déposer un baiser léger sur le dos de sa main, et tu descends, pour en déposer un second sur le creux de son poignet. Tu souffles. Avant de laisser retomber ta main, toujours accrochée à la sienne contre ton torse.

▬ Tu restes là ? Reste à côté de moi.

Il faut vraiment que tu sois crevé, pour que ta voix soit si faible, si lascive, et surtout, pour que tu en viennes à demander des choses comme ça.

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Theresa & Kelsier

Tu la sens, contre toi. Tu sens surtout sa main, dans la tienne, celle que tu refuses de lâcher. Tu pourrais t’endormir, comme ça, ce serait si facile tant la fatigue est présente et menace de d’emporter. Cependant, si sa présence te repose, t’apaises, te détends, elle est aussi celle qui te retiens à la réalité. Qui t’empêche de sombrer, et de te laisser complètement aller au néant.

Lorsqu’elle te répond, qu’elle te confirme qu’elle va rester là – où pourrait-elle aller, en même temps ? – tu as ce léger sourire, il vient et puis repart, il est furtif, mais pas assez pour que tu n’en ai pas conscience. Pendant un instant, il ne se passe rien, absolument rien, tu ne bouges pas, elle non plus, mais une nouvelle fois, après quelques secondes, tu sens son mouvement et puis son souffle sur ton visage, il se mêle au tiens, et tu ouvre grand les yeux pour l’observer.

Elle t’effleure, te touche à peine, mais ton corps entier se tend contre le sien. Son nez d’abord contre le tien glisse sur ta joue, et finalement, tu sens que ses lèvres sont là, proches de ton oreille. Sa main libre vient se loger dans tes cheveux et oses à peine respirer, probablement de peur de tout briser tout à coup, elle est là, contre toi, voir même carrément sur toi et franchement, tu ne peux pas te retenir de bouger à ton tour, au bout d’un moment, ton autre bras se lève et subitement, passe autour d’elle pour venir emprisonner ses hanches, tu la presses contre toi, et puis, ta main remonte, tout doucement dans son dos en suivant le tracé de sa colonne.

T’es complètement fou de faire ça. Ce n’est ni l’endroit, ni le moment, tu as parfaitement conscience de ça, mais ça ne t’empêche pas de le vouloir, de la vouloir. T’as envie qu’elle reste là, contre toi, et subitement, tu pourrais presque en oublier où tu te trouves, qui elle est, le pourquoi du comment vous êtes ici, et surtout, la fatigue qui pourtant te tortures, d’une certaine façon. Si bien que tu penches finalement un peu la tête, tu enfouis ton visage dans son cou, ne résistant même pas à l’envie soudaine de déposer un baiser sur sa peau, à cet endroit.