La chaleur. Voilà quelque chose qui avait toujours su te déplaire au plus haut point, mais aussi, et surtout, à te déstabiliser, à te gêner, voir à t’handicaper. Tu aimais le froid de la nuit, si bien que tu n’hésitais jamais, lorsqu’il s’agissait de rester dehors une fois le soleil couché. Si la visibilité n’était certes pas terrible, voir quasi nulle, en réalité, tes mouvements eux restaient rapides, ton esprit était alerte, ton corps n’était pas endolori par la brulure constante du soleil. Tu n’avais pas peur. Tu n’avais plus peur depuis bien longtemps parce que tu avais appris, à tes dépends, que quoi qu’il puisse t’arriver, ton corps avait cette tendance à réagir si instantanément que le danger s’en trouvait toujours moindre, au final.
Et puis. Mourir ne t’effrayait pas. Certains appelaient ça des tendances suicidaires, pour toi, c’était simplement un désir de paix. Parce que malgré les apparences, le fait est que tu n’en pouvais plus, et ce depuis bien longtemps. Tu avais toujours été forte, même lorsque tu n’étais encore qu’une enfant, tu avais eu cette tendance à te placer en avant, comme une figure puissante sur laquelle on pouvait s’appuyer. Tu t’étais faites guide, mais tu n’avais pas compris que tu n’en avais pas les épaules et aujourd’hui, il n’y avait pas un jour sans que ces souvenirs ne reviennent hanter ta mémoire. Sans que la culpabilité ne se fasse sentir, et ne vienne tout simplement parasiter ton cœur et tes pensées. Des regrets, tu en étais pleine. Et parfois, tu en venais te dire que la vie refusait de te lâcher dans l’unique but de te punir.
Et pour cela. Puisque tu ne parvenais pas à fuir cette existence dont tu ne voulais même plus, il fallait bien que tu continues. Te laisser traîner dans un coin n’était pas dans ton caractère, ce qui rendait les choses encore plus compliquées. Non. Tu ne pouvais pas simplement t’arrêter, et attendre la fin. C’était plus fort que toi, tu avais ce besoin de maintenir ton corps en mouvement, et tant que tu tenais encore de bout, il fallait à tout prix que tu tentes de te racheter, en quelques sortes, en te rendant utile. Peu importe que tu ne finisses pas offrir ta vie pour ça. Tu n’attendais que ça.
Et c’est la troisième fois aujourd’hui que ton arme fend l’air. Là, au sommet d’une dune de sable, le marcheur s’effondre et tu soupires. Accablée par la chaleur, aveuglée par le soleil et gênée par le sable, tu te reposes sur tes lauriers sans voir arriver le suivant. Lui t’as vue. Et il n’hésite pas à une seconde à se ruer sur toi. Tu n’esquives sa mâchoire que de justesse, mais ton mouvement n’est pas précis, il est même brutal et non contrôlé, si bien qu’il te fait rapidement perdre l’équilibre. Tu te sens partir en arrière, après un bref moulinet des bras, parfaitement inutile, pour tenter de rétablir un peu de stabilité, tu échoues lamentablement et tu roules pendant quelques secondes dans le sable jusqu’à t’arrêter en bas alors que tes côtes rencontrent un rocher.
Tu as le souffle coupé, un instant. Mais la douleur ne t’atteint pas. C’est ce qui te permets de te relever si facilement, une main sur ta poitrine, tu tiens debout à peine trente secondes, et puis, te voilà de nouveau les fesses dans le sable, en train de maudire le désert tout entier tandis que ton nouvel ami le marcheur rampe jusqu’à toi, lentement.
Dernière édition par Saskya Wynisen le Ven 1 Nov - 11:41, édité 1 fois
Kanaan
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Re: échos du passé (kanaan) Mar 29 Oct - 20:17
Nous sommes tous des malades mentaux.
Saskya & Micah
Il fait chaud aujourd’hui lorsque Micah sort du district. Il ne sait pas encore ce que sera son objectif du jour, mais il a d’ores et déjà attaché à sa ceinture les deux dagues que Fahim lui a offertes, il y a quelques mois, et il a glissé le couteau de chasse à sa cheville. En passant les portes, il entend les hommes, des miliciens comme toujours, se moquer de Kanaan, de sa folie ou de sa peur constante des autres, et quand il se retourne brutalement pour planter un regard froid sur eux, les hommes se taisent. Bien. Il peut reprendre sa route.
Il finit par trouver plusieurs pistolets vides et abîmés, une machette et deux boîtes de nourriture dans un pick-up qu’il découvre en grattant le sable qui s’est amassé dessus. Un coup de chance, aujourd’hui, les trois hommes auront un repas chaud grâce à lui. Pourtant, et bien qu’il l’aurait peut-être dû, Micah ne s’arrête pas là, et pousse plus loin l’exploration du désert, accablé par la chaleur dantesque.
À chaque fois qu’il voit un marcheur, et qu’il lève ses armes contre lui, il entend Fahim, au fond de lui, qui rouspète et supplie pour qu’il les épargne. Fatigué de ce cinéma, il a fini par simplement éviter le plus gros de ces monstres, et il s’apprête à se reposer quelques minutes avant de rentrer quand un mouvement à la périphérie de son champ de vision, sur le bon oeil en plus, l’arrête.
« Elle se fait agresser… Comprend-il en apercevant le marcheur tenter de se jeter sur une silhouette trop frêle pour être celle d’un homme. -Tu devrais l’aider. Souffle Fahim, qui s’est réveillé en sentant le sentiment qui est monté en Micah. -Qu’elle se débrouille, si elle doit mourir, ce n’est pas moi qui vais changer son destin ! -Elle n’a rien demandé, et elle sait sûrement se battre. Regarde où nous sommes, elle doit forcément être forte pour être ici. Argue l’arabe, de son accent qui mange certaines syllabes. -Elle ne… »
Debout, les jambes vissées dans le sable, l’homme a les yeux voilés, mouvant, et ses lèvres remuent toutes seules. Pour un spectateur, il semblerait en pleine transe, mais pour Micah, il ne s’agit que de son quotidien. Pourtant, quand il s’apprête à refuser tout bonnement d’écouter Fahim, c’est Kanaan, au fond de lui qui se débat. Une émotion étrange monte dans le trentenaire. Son ventre se crispe, sa gorge se serre et, sans vraiment comprendre pourquoi ni comment, le voilà à courir vers la femme.
Et la blonde vient de percuter sévèrement un rocher quand le marcheur continue de s’approcher. Comme un boulet de canon inarrêtable, Micah le percute d’un coup d’épaule brutal et quand il roule pêle-mêle avec la créature, il en profite pour faire glisser ses deux lames sur sa gorge, brutalement.
Le sang explose de partout, tache le sable brillant et ses habits au passage, mais l’homme, toujours tenu par ce sentiment dérangeant, relève un regard dur, brute, sur celle qu’il a sauvée. Son expression est fermée, ses traits taillés à la serpe quand il grogne :
« Si t’es pas capable de te défendre, ne sors pas de la ville ! »
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Saskya Wynisen
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Re: échos du passé (kanaan) Mar 29 Oct - 20:42
Assise sur le sol sablonneux, tu attends. La chaleur n’a pas fini de te vriller la cervelle, c’est un fait, et ce soleil continue d’agresser tes iris, oui. Pour autant, alors que tes yeux sont vissés sur le cadavre ambulant, tu ne bouges pas. Tu attends. On pourrait penser que tu attends la mort, en vérité, et c’est un peu ce que tu fais. C’est toujours ce que tu fais. Il approche si lentement, que tu n’as pas grand espoir, cependant, tu as tout le temps de réagir, de bouger, de l’éviter, et même d’attaquer. A l’allure où il va, Saskya, tu as tout le temps de reprendre ton souffle et de te reposer un peu.
Mais subitement, te voilà dérangée. Alors que le marcheur est parvenu à se remettre sur ses jambes, il est violemment percuté par un homme qui se jette littéralement sur lui, toutes armes dehors. Et tu fronces les sourcils, mais tu ne le fais pas parce que cet inconnu vient de te voler ta cible, non, tu te fiches bien de ça, tu es simplement contrariée parce que tu ne l’as ni vu, ni entendu arriver ou encore approcher. Tandis que le sang gicle, arrose le sable bouillant, tu te redresses. L’une de tes mains, par réflexe, à glissée jusqu’à la garde de ton sabre, et tu fixes son dos, un instant alors qu’il finit par se retourner vers toi.
Et là, Saskya. C’est comme si subitement le sol venait de se dérober sous tes pieds. D’ordinaire, tu l’aurais envoyé sur les roses en deux, voir trois mots avant de continuer ta route, sans même un merci. Mais si tu ne reconnais ni cette voix, ni cette silhouette, l’éclat qui se trouve dans l’unique œil émeraude que tu aperçois lui, t’es familier. Tu as la brutale impression d’être scindée en deux. D’une part, c’est toi, c’est bel et bien toi, et tu te trouves bien idiote d’y avoir songé, ne serait-ce qu’une petite seconde quand tu sais que c’est tout simplement impossible. Et puis de l’autre, c’est l’enfant que tu as été, celle que tu as laisser de côté depuis bien longtemps. Celle qui sait encore ce que signifie l’espoir. Celle qui a envie de croire, et de s’accrocher à ce qu’elle a sous les yeux.
Mais ce n’était qu’un enfant, à l’époque. Un enfant que tu n’as su protéger, et que tu as perdu. Aujourd’hui, c’est un homme que tu as devant toi, et tu peines à remettre tes idées en place. Et tu te prépares, finalement. A lui dire que tu aurais pu te débrouiller, tu as même envie de lui balancer que s’il veut que tu lui montres à quel point tu sais te défendre, tu lui trancher la gorge. Mais …
▬ Kanaan. Il y avait bien longtemps que tu n’avais prononcé ce prénom. Depuis l’instant même où tu t’étais faites une raison. La dernière fois, tu l’appelais, à travers le désert en espérant qu’il te réponde. Tes appels n’avaient jamais rien donnés, et tu n’avais plus jamais réussi à le dire, jusqu’à aujourd’hui.
Mais tu restes toi. Saskya. Et rapidement, tu viens violemment repousser l’enfant qui sommeille en toi. Tu essaies de reprendre le dessus, à tout prix, et tu détournes les yeux tout en relâchant ton arme. Tu laisses retomber tes bras le long de ton corps.
▬ Va chier.
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Re: échos du passé (kanaan) Mar 29 Oct - 22:06
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Saskya & Micah
Micah conserve son regard sur la jeune femme qui se remet sans aucun problème. Elle n’a pas l’air blessée ou, si elle l’est, alors elle ne ressent pas la douleur, comme lui, depuis que le marcheur a mordu Kanaan. Les dagues toujours sorties, maculées de sang et l’air désagréable, il la toise de haut, et attend sa réaction.
Au fond de lui, il sent Fahim souffler quelque chose, mais il n’a pas envie d'entendre ce qu’il a à dire. Il en a assez eu, de ses gémissements pour être plus tendre avec les marcheurs, moins boucher pour les tuer, plus à l’écoute des demoiselles en détresse. Alors oui, Micah ferme complètement sa conscience à l’autre homme qui continue de se remuer en lui, lui filant de sacrés maux de tête au passage et observe la blonde.
Elle a l’air bizarre, comme perdue, et pendant quelques secondes, l’homme a presque l’impression de se voir dans le corps d’une autre. Sa main se lève à son front, qui lui fait de plus en plus mal et il est sur le point de dire quelque chose quand la voix de la jeune femme le prend par surprise. Ce ton… et le prénom qu’elle prononce. Il n’a pas le temps de s’inquiéter que la douleur dans son crâne devient insupportable.
Pendant quelques instants, le corps des 3 âmes se retrouve immobile, comme un pantin désarticulé. Les yeux se mettent à bouger de droite à gauche brutalement, très rapidement, et le visage se délie complètement, comme s’il allait s’évanouir. Pourtant, alors que l’attente devient une seconde trop longue pour être naturelle, une expression de folie désespérée s’affiche sur le visage de MIcah.
Tu dormais profondément, Kanaan, lorsque la voix d’une autre époque est venue te réveiller, t’appeler jusque là. Et quand tu ouvres les yeux, la première chose que tu comprends, c’est qu’il fait horriblement chaud et que tu as l’impression que ta rétine unique brûle à cause de la réverbération. Instinctivement, tu lèves un bras au-dessus de ton front, tu clignes plusieurs fois et finalement tu comprends ce qui t’arrive en entendant son ton dur.
« S… S… Sas...kya ? »
Ta voix est rauque, parce que ça fait longtemps que tu n’as pas parlé. Tu tousses, et finalement, tu oses lever les yeux de ses jambes, rapidement, comme si tu risquais de te faire attraper et punir pour ça vers son visage. Et là, plus de doute, Kanaan, c’est bien elle. C’est bien la fille qui t’a sauvée, encore et encore pendant ton enfance.
Et tes yeux se remplissent de larmes alors que te ratatines sur toi-même. Tes sentiments partent dans tous les sens et les sanglots qui viennent emplir ton souffle te blessent et t’empêchent de respirer correctement. Et puis, en baissant les yeux, tu remarques les dagues dragon que tu tiens et le sang qui les tachent. Et, effrayé comme le petit garçon que tu étais à l’époque, tu les lâches et tu tombes à genou.
Quand Micah reprend le contrôle, il est obligé d’expulser coup sur coup Kanaan, puis Fahim qui tente de prendre le relais. Il serre les poings sur le sol, regard les pieds de la femme et se laisse tomber assis en se frottant le visage pour essuyer les larmes en essayant de reprendre le dessus.
« Désolé, petite crise de nerfs, c’est la fatigue ça. Et sa bouche va vers le bas alors qu’il est obligé de présenter ses excuses… Tu t’appelles Saskya non ? Tu étais la fille qui aidait K... qui m'aidait tout le temps à l'orphelinat ? »
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Re: échos du passé (kanaan) Mar 29 Oct - 22:29
Tu ne vas certainement pas sombrer, Saskya. Tu as laissé tes faiblesses derrière toi il y a bien longtemps maintenant, alors, c’est fini. Et si pendant un instant, c’est vrai, tu as l’impression que tu vas craquer, tu te rattrapes et une vague de violence vient chasser cet espoir. C’est voué à l’échec ma pauvre. Et la ressemblance est troublante, c’est vrai, mais il n’était qu’un enfant à l’époque, tout comme toi. Tu peux te tromper. Non. En réalité. Il est certain que tu trompes. Et tu sers les poings, et tu fronces les sourcils de plus belle. Tu ne t’es toujours pas détournée de cette vision, parce que si tu parviens te contrôler un peu, ton corps lui, refuse de t’obéir. Tes yeux refusent de le lâcher. Tu te sens vivante. Tu veux que ça dure, encore un instant, juste un instant … Est-ce trop demander ?
Fuis maintenant. Tu ne peux plus te permettre de rêver. Ce n’est ni l’endroit, ni le moment. Et peu à peu, tu fais redescendre un peu toute la pression accumulée. Et tu amorces ton mouvement, ton pas en arrière avant de pouvoir faire demi-tour et tracer ta route, la tienne. Celle que tu as dessiner, seule. Mais subitement, son expression change. Et si les traits durcis de l’homme qui se tenait face à toi avaient réussi à semer le doute dans ton esprit, celui que tu as sous les yeux à cet instant te remplie à nouveau de certitude. Surtout lorsque ton prénom est prononcé. De nouveau figée, les yeux grands ouverts, tu fais un pas en avant lorsqu’il tombe à genoux.
▬ J’ai … Stop. Tu t’arrêtes nette. Parce que lorsqu’il relève la tête, lorsqu’il te regarde à nouveau, le doute est de retour. L’éclat est toujours là, mais il est différent, et cette expression, ce regard que tu connaissais si bien se sont effacés.
Lorsqu’il parle à nouveau, lorsque ton prénom résonne à nouveau, tout est si différent, et c’est si déstabilisant que tu finis par porter la main à ta poitrine, à ton cœur, et puis, tes jambes lâchent et alors qu’il est assis au sol, tu tombes à genoux à ton tour, face à lui.
▬ Comment … comment est-ce possible … ? Et tu sais quoi, Saskya ? Pour la première depuis si longtemps, tu as mal. Ton cœur est douloureux. Tu pensais pourtant l’avoir éteint. Tout comme tu pensais avoir assécher tes larmes, pourtant, elles sont là, elles roulent lentement sur ton visage. Et tu tends la main en avant, sans pour autant oser le toucher de peur qu’il ne disparaisse, de peur de réaliser qu’il ne s’agit là que d’un mirage dû à la chaleur. Tu es là … Pardonne moi. Tu baisses la tête, tu baisses les épaules. Là, à genoux devant lui, c’est tout ce que tu demandes pour le moment. Le pardon.
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 12:39
Nous sommes tous des malades mentaux.
Saskya & Micah
Micah a du mal avec tout ça, c’est certain. Assis sur le sable brûlant, capable de sentir la chaleur, mais pas la douleur sur sa peau qui est agressée, il regarde la blonde en face de lui, et il cherche une solution. Si quelque chose le caractérise, en plus de ce temps de parole limité qu’il a, il faut savoir aussi que Micah cherche toujours des solutions. Il n’a cependant pas l’intelligence des deux autres pour en trouver, et bien souvent, tout ce qu’il fait n’est un choix que dans la précipitation.
Sauf que Saskya, parce que maintenant que Kanaan a prononcé ce prénom, il est certain qu’il s’agit de la gamine qui a tant pris soin du petit en lui, continue de le regarder avec toute cette émotion qui lui, l’agresse à tout va. Et il est sur le point de forcer sur son corps pour se remettre debout et la laisser sur place, pour fuir tout ça quand elle ouvre la bouche, puis elle tombe au sol.
« Ne la laisse pas pleurer ! »
Le murmure s’est échappé de sa bouche et il est obligé de secouer la tête comme un boeuf ennuyé par une mouche pour chasser Fahim de sa conscience. Il observe la femme qui pleure devant lui, qui se traîne à même le sol pour avoir son pardon et il sent son corps se remplir d’émotions que lui ne peut pas gérer. Mais cette fois-ci, Micah ne lâche pas la conscience. C’est bien trop dangereux pour eux.
« J’t’en veux pas. »
Il lâche ça, sur un ton bourru, et tend une main maladroite vers la blonde. Il ne tapote pas son épaule, pas plus qu’il ne caresse ses cheveux pour la calme. En faite, il la force juste à se redresser parce que tout ça le rend malade. Et ça se voit sur son visage, brisé entre la nausée et la panique de ne pas savoir quoi faire. Quand il la remet droite, il garde sa main sur elle et il reprend.
« Tu n’as rien fait de mal. C’est ces gamins qui ont… Ton visage se durcit, alors que son oeil devient une bille sombre, comme si la flamme de vie l’avait quitté. Mais ils payeront pour ce qu’ils ont fait… ! »
Sa voix claque, alors qu’il la relâche et se remet sur ses jambes, brutalement, comme s’il allait partir, là, dans sa conquête vindicative et fort probablement mortelle. Pourtant, il le sait, il s’emporte toujours trop fort, trop vite. Alors il ferme les yeux, il souffle, il prend même le temps d’écouter Fahim lui dire de se calmer et de réfléchir avant de faire ça, et il rouvre ses yeux, en tendant la main vers la sauveuse de Kanaan.
« Tu n’as rien à te reprocher et moi non plus. Relève-toi, maintenant. »
Parce que la douceur et la compréhension, ce n’est pas son domaine, clairement.
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Saskya Wynisen
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 13:41
Rien, Saskya. Rien n’y personne n’est capable de te mettre à genoux. C’est comme ça. Tu es si forte. C’est ce qui arrive quand on force son cœur à se taire. Quand on agit plus que par instinct, quand on n’en a littéralement plus rien à faire de la vie, de la mort. Quand on n’attend tout simplement plus rien du monde et qu’on a finit par lui tourner le dos à force de souffrances. Et tu n’es probablement pas la pire. Non, tu n’as jamais prétendu avoir le monopole de la douleur et des atrocités. Pourtant, tu sais à quel point tu as été atteinte, à quel point tu as fini par en avoir marre, tu sais même à quel moment bien précis tu as décidé de tout arrêter, le moment où ton corps t’as hurlé un grand « STOP » … oui, ce moment où tu as cessé d’être celle que tu avais toujours été. Ton regard s’est éteint. La chaleur a cessé d’émaner de toi. C’est comme si tu étais devenue quelqu’un d’autre.
Et pourtant regarde toi. Là, on dirait une enfant. Une pauvre gamine qui continue de s’accrocher désespérément à des souvenirs perdus, et ça, ça te met tellement en colère au fond. Parce que tu aimerais savoir résister, savoir rester debout mais ça, c’est trop pour toi. C’est encore au-delà des limites. Ça va toujours plus loin. Pourquoi, est-ce que ça va toujours si loin … ? Pourquoi est-ce que le monde te hait à ce point ? Pourquoi tes épreuves à toi avaient toujours ce goût si amer.
Et sa voix est si lointaine. Voilà ce qui est le plus dur, le plus douloureux en cet instant, Saskya. Tu l’as effleuré. Tu l’as vu. Tu l’as entendu. Et au fond, là, tu as cette conviction inébranlable qu’il s’agissait bien de Kanaan, parce que peu importe tes résolutions, peu importe tout ce que tu as pu faire pour te rendre moins humaine, il a été comme marqué au fer rouge sur ton cœur et c’est quelque chose de douloureux, certes, mais c’est quelque chose dont tu ne te débarrasseras jamais. Et tu sais. Et pourtant, c’est comme s’il avait disparu, parce que cette voix, ce ton, cette façon d’être et de faire, tout ça ne lui ressemble pas. C’est stupide hein. Parce que les gens changent, Saskya. Parce que toi, tu as changé. Parce qu’après toutes ces années, tu sais qu’il n’est plus un enfant. Et pourtant, c’est plus fort que toi, ça ne te quitte pas.
Par la force, tu te redresses. Et ses mots te percutent. Rageusement, sans doute, tu viens essuyer les larmes que tu as laisser échapper, et tu restes à genoux un moment. Tu ne parviens pas à le quitter des yeux, non. Mais lorsqu’il te tend sa main, tu la refuses et tu te relèves seule. C’est un regard dur que tu poses sur lui à cet instant … un automatisme étrange, c’est le regard que tu réserves aux inconnus.
▬ La vengeance n’apporte rien. Crois-moi, Kanaan. Tu arrives en retard en ce qui concerne le fait de leur faire payer. Ça m’a coûté cher.
Une partie de ton humanité. La mort de deux gamins sur la conscience. Sans compter la culpabilité qui ne t’avais jamais quittée. Tu avais même perdu le droit de mourir, visiblement.
▬ C’est bien que tu sois en vie. Et te revoilà en train de lutter, en train d’essayer à tout prix d’être toi. D’où est-ce que tu viens comme ça ?
Kanaan
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 16:05
Nous sommes tous des malades mentaux.
Saskya & Micah
Vraiment, Micah n’a jamais été doué pour ça : s’occuper des autres, s’ouvrir à leurs besoins, tenter de leur venir en aide. Il préfère sa solitude et les entraînements… se battre aussi. Et quand il voit Saskya se refermer presque aussi bien que Kanaan le fait en permanence, et se remettre debout par elle-même, il laisse retomber sa main tendue, le long de son corps. Ça lui apprendra à écouter les conseils de Fahim, tiens !
Ce qu’il retient, en faite, c’est ce qu’elle dit. Le fait que la vengeance ne vaut pas le coup et pire, qu’il est trop tard. Et c’est ça qui fait disjoncter Micah. D’un seul coup, comme si on lui filait un énorme coup dans le ventre, il lâche un énorme rugissement et il lui faut toute son énergie pour ne pas prendre la mouche et tenter de se jeter sur cette gamine qui lui fait la morale, maintenant.
« C’est par la vengeance que je suis resté vivant… Je les punirais à ma façon si j’en ai envie, quand bien même tu as déjà fait toi-même ta loi ! »
Et il est si froid, à ce moment, si cassant et dur, qu’il ne ressemble définitivement plus à Kanaan. Micah le sait, dans le fond, mais là, c’est trop pour lui. Il n’a jamais été doué pour gérer ce genre de choses de toute façon. Et quand elle lui demande d’où il vient, il ne peut s’empêcher de lui lancer un regard suspicieux, comme si elle pouvait s’avérer dangereuse pour eux, avant de marmonner.
« Hope City. J’suis arrivé il y a quelques mois et avant… Son visage se déchire, et c’est Fahim qui apparaît dans les traits éprouvés et douloureux, alors que la voix de Micah termine sa réponse. Avant j’ai bougé de groupes de survivants assez souvent. »
Et c’est étrange, d’entendre la voix glaciale du trentenaire colérique, en permanence en proie à la haine et le besoin de se confronter au monde, et de voir le visage si éploré de Fahim. Cependant, Micah ne s’en rend pas compte et il finit par se mettre en marche, après avoir récupéré ses lames, en lui faisant signe de le suivre.
Il rumine en silence quelques minutes, comme s’il se parlait à lui-même (en l’occurrence, il tente de contenir l’arabe qui veut à tout prix parler à Saskya et s’excuser pour leur comportement de rustre) et au bout d’un silence étrange, il finit par demander, à son tour, avec la franchise qui le caractérise :
« Et toi ? T’as fait quoi après qu’ces gamins m’ont laissé pour mort face aux marcheurs ? Ses yeux se tournent, se fixent durement sur elle. Tu es toujours avec les autres orphelins ? »
Il veut savoir, dans le fond, si elle a continué à aider les tortionnaires de Kanaan, et s’il y a une chance pour qu’elle le mène à eux et qu’il fasse son office.
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 17:08
Tu y arrives. C’est sans doute ce comportement, cette voix, tout ce qui émane de Kanaan sans pour autant lui ressembler qui te pousses à reprendre ta contenance, à te redresser pour de bon et à faire face. Tu ne fuis pas, cependant, et plutôt que de rester murée dans un silence pesant comme tu l’aurais fait face à n’importe qui d’autre, tu parles, tu questionnes même parce qu’évidemment, tu veux savoir. Vous n’êtes pas si loin de Hope City, mais étrangement, tu as du mal à croire que vous étiez tous les deux dans la même ville et que tu ne t’en sois pas rendu compte. A ta décharge, tu prêtes si peu attention au monde qui t’entoure.
Mais ce rugissement, cette espèce de colère, de frustration qu’il exprime te laisse finalement sans voix. Encore une fois, ce n’est pas lui. Encore une fois, ça te surprend. Et encore une fois, tu te figes, les yeux rivés sur lui, inquiète sans doute, mais surtout interloquée. Tu finis par agiter la tête, de gauche à droite pour exprimer à quel point tu n’es pas franchement d’accord avec ce qu’il ose te dire. Ta loi. Si seulement il savait, tiens.
▬ Alors tu as fini par échouer là-bas, toi aussi … A croire que finalement, tout le monde finissait par atteindre cette ville au nom si trompeur. Je vois.
Fidèle à toi-même, pour le coup. Tu ne t’épanches pas davantage sur ce que tu peux ressentir en apprenant ça. A la place, tu laisses échapper un léger soupire, un moyen de décharger une certaine frustration, sans doute, même si ça ne fonctionne pas vraiment puisque tu demeures tendue, et sur tes gardes.
Lorsqu’il te fait signe de le suivre, tu ne réponds pas non plus. En revanche, tu lui emboîtes le pas quand tu constates qu’il a prit la direction de la ville. Tu es réticente face à ce Kanaan qui ne semble même plus être Kanaan, oui, mais tu n’es pas encore prête à le laisser s’éloigner maintenant que tu l’as retrouvé. Tu fixes son dos. Tu l’entends marmonner de là où tu es, mais si tu tends l’oreille pour tenter d’entendre, tu n’y comprends rien pour autant, et tu abandonnes, te contentant d’avancer la tête basse.
Jusqu’à ce qu’il ouvre la bouche à nouveau. Et là, Saskya. Tu t’arrêtes, nette. Tes yeux fixent le sol, et si en apparence, tu es parfaitement normale quand on y regarde de plus près, tes poings sont serrés, ta mâchoire aussi. Il y a tant d’agressivité dans ses mots. Un semblant de reproche, aussi, que tu perçois très bien. Alors, quand tu relèves la tête, quand tu croises son regard, tu ne tiens plus. Tu avances de plusieurs pas décidés, et arrivée à sa hauteur, ton poing serré vient s’abattre sur sa mâchoire. Et c’est la première fois, que tu oses faire une telle chose vis-à-vis de Kanaan. A l’époque, il n’était qu’un enfant fragile que tu gérais par la douceur des mots et des gestes mais aujourd’hui, il te blesse, et le fait qu’il y parvienne avec tant d’aisance et de facilité t’agaces au plus haut point. D’autant qu’il te donne l’impression de le faire exprès.
▬ Crétin ! Hurles-tu.
Et sans rien ajouter pour le moment, tu le dépasses, tu continues ton chemin sur quelques mètres, rongée par la colère, on la ressent d’ailleurs à chacun de tes pas. Mais tu t’arrêtes à nouveau. Et tu ne pleures pas non. C’est cependant un regard enflammé que tu lui lances, lorsque tu te retournes dans sa direction.
▬ Ils ne sont plus que deux, si tu veux tout savoir. J’ai tué les deux autres. Pas de tes mains, bien entendu, mais c’était tout comme à tes yeux. Voilà à quoi ressemble la vengeance.
Kanaan
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 17:53
Nous sommes tous des malades mentaux.
Saskya & Micah
Il hoche la tête, en marchant, pour confirmer sa remarque. C’est fini, Micah a assez donné d’énergie pour elle, il en est arrivé à ce moment où il ne répond plus que par signe de tête et monosyllabes. Et ce n’est même pas de la faute à son caractère trop tranché et trempé, mais juste à l’impertinence de Saskya, il le fait. Et il se retient de peu de la caser dans la liste des personnes qu’il exècre uniquement en l’honneur du passé. Parce que cette fille a sauver Kanaan plus jeune… Uniquement pour ça.
Et le voilà à marcher, en posant ces questions qui ne font que creuser un fossé entre lui et la blonde. Parce que c’est aussi ça, Micah… Un solitaire qui n’a de cesse de rappeler aux gens leurs erreurs, pour s’autoriser ensuite à les haïr. Il est franc, il est dur, mais il ne déteste pas sans raison… alors ces raisons, il les trouve et les créer lui-même, s’il le faut.
Mais ce qu’il ne s’attendait pas, sûrement parce que Fahim continue de lui prendre la tête et de faire grossir la migraine qui lui perce le crâne, c’est que la jeune femme s’énerve d’un seul coup. En entendant son cri, il se retourne, prêt à lui dire de se débrouiller cette fois-ci si elle est attaquée, mais le coup le prend par surprise. Et pendant quelques secondes, la douleur irradie encore plus fort dans ta tête, lui faisant perdre le nord.
Cette fois-ci, il ne laissera pas couler, même s’il sait qu’il devrait simplement laisser la conscience à Fahim. Mais non, c’est son honneur qui est en jeu. Alors quand elle reprend la parole sur ce qu’elle a fait aux autres gamins, il fonce sur elle, et sa main se referme sur le col de ses vêtements. Et là, d’une seule main, avec une force que lui seul a d’entre les 3 âmes, il la soulève de terre.
« TU. M’AS. VOLE. MA. VENGEANCE ?! »
Et oui, Micah voit rouge. Son visage vient se coller à celui de cette impertinente fille, qui aurait bien mieux fait de rester une gamine aussi petite que l’est toujours Kanaan. Il souffle comme un peu, et la jointure de ses doigts blanchit alors qu’il ne semble pas éprouver la moindre difficulté à la tenir comme ça, devant lui.
« Voilà pourquoi je ne voulais jamais retomber sur toi ! Pour ce que tu as fait pour Kanaan, je ne lèverai pas la main sur toi, mais sache que tu aurais dû te mêler de tes affaires et me laisser me venger… Je retrouverai les autres, et je leur ferais la peau, comme je me le suis promis, ce jour où ils riaient alors qu’un putain de mort-vivant s’attaquait au petit ! »
Il exècre cette fille, ses actions, son besoin de justice. Et, incapable pourtant de lever la main sur elle, il la soulève un peu plus haut avant de l’envoyer littéralement rouler dans le sable brulant à quelques pas de lui, sans une once de regret. Incapable de bouger, de s’enfuir ou de se reprendre, il reste là, à trembler comme un dingue, avec cette soif de sang qui le fait complètement disjoncter.
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Saskya Wynisen
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 18:12
Ça t’arrache presque la bouche de dire une chose pareille. Parce qu’en vérité, ce n’est pas ce que tu voulais, ce jour-là. Tu ne voulais que leur faire peur, oui. Tu voulais ce qu’ils puissent tous ressentir ce qu’ils avaient fait ressentir au petit. Tu voulais simplement qu’ils payent, oui, mais tu ne voulais pas leur prendre la vie, parce que tu n’avais jamais été un bourreau avant ce jour maudit. Tu t’en souviens encore, Saskya. Des cris. Des hurlements. Tu te souviens de la douleur de la morsure, lorsque tu avais tenté d’en sauver un, en vain. Tu te souviens de ton réveil, de leur réveil. Du sang. De ces enfants morts et pourtant animés. Tout ça pour ça. Par colère. Par vengeance.
Et ça fait si mal. Sa réaction fait mal. Ton aveu fait mal. Tu n’es plus que douleur incandescente. La respiration haletante, le cœur qui bat la chamade, tu continues pourtant de lui faire face. Mais là, Saskya, il se jette littéralement sur toi, ses doigts empoignent ton col et il te soulève. Sa force est impressionnante, mais tu ne te débats même pas. Tu le fixes. Droit dans les yeux tandis que son visage est là, à quelques petits centimètres du tiens. Tandis qu’il hurle et te menace. Et tu comprends. Tu comprends pour de bon, cette fois, que ce n’est pas Kanaan. Ce n’est pas lui. Et si tu n’es pas en mesure de tout comprendre, de faire les connexions entre elle, tu es au moins sûre de ça au moment où il te balance sans ménagement au sol.
Pas de douleur. Comme tout à l’heure, tu te relèves sans aucune difficulté, le regard éteint cette fois, cependant. Autant que la créature que tu aurais dû devenir le jour de cette morsure. La colère s’est définitivement emparée de toi, et tu lances la longue cape qui te couvrais le dos au sol.
▬ Je ne sais pas qui tu es … mais tu vas me le payer. Tu penches la tête sur le côté, tout en avançant lentement et puis, tu t’élances, tu cours droit sur lui et tu le percutes de plein fouet jusqu’à rouler avec lui sur plusieurs mètres dans le sable. Là, tu profites de la confusion pour prendre l’avantage, et tu te retrouves au-dessus de lui, tes mains sur ses poignets, te voilà penchée sur lui tandis que tu t’efforces de le maintenir au sol. Je pourrais te faire la peau ici et maintenant. Ce serait facile.
Tu ne le pourrais pas, non. Pourtant, ton visage à quelques pas du siens, ton regard est dur, ton expression fermée, tout comme l’était la sienne quelques minutes à peine auparavant, lorsqu’il t’avait balancée au sol.
▬ Moi aussi je peux jouer à ça, tu vois. Et si ton truc c’est la violence alors allons-y, je peux faire ça toute la nuit. Et toi ?
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 22:11
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Saskya & Micah
Dans le fond, Micah se doute qu’il est allé trop loin. Parce qu’il le regrette ou que s’il le pouvait il modifierait quelque chose, oh non. Juste qu’il n’a pas besoin d’être intelligent ni sentimentalisme pour savoir que ce soir, il aura une grosse discussion avec Fahim, et que Kanaan ne pourra que souffrir qu’il ait mis cette fille dans la case des ennemis. Pourtant, c’est chose faite, et maintenant, l’homme se préparer à y aller.
Ce qu’il ne prévoit pas, c’est que Saskya se remette sur ses jambes aussi sec et jette même sa veste sur le sol pour venir courir vers lui. Et il a beau être grand et musclé, Micah, il est coincé dans le corps de Kanaan alors bon, quand elle le percute, il ne peut rien faire à part dégringoler en arrière, avec elle de surcroît.
Et les chocs successifs sur sa tête n’aident en rien la migraine qui lui scie maintenant la tête. Et il se retrouve le dos dans le sable, avec la blonde sur lui, qui me maintient d’une poigne certaine. Et c’est là que Micah découvre véritablement ce qu’est devenu Saskya. Avec sa tête sciée en deux, du sable plein le visage et cette colère inquiétante qui gronde en lui, il comprend qu’elle aussi a eu des choix à faire, et que, elle aussi, elle s’est endurcie. Aujourd’hui elle est capable de les plaquer par terre.
« Arrête, Saskya. Qu’il lâche sur un ton plus douloureux que dur. Tu n’as pas envie de jouer à ça avec moi, crois-moi. »
Et pourtant, il ne cherche pas à surmonter sa force à elle, et, comme si soudainement il s’était transformé en un gentil petit mouton obéissant, il relâche ses muscles bandés, prêt à se battre, et il la laisse prendre l’avantage, sans bouger. Et ça, ce n’est pas rien pour lui. Micah ne perd jamais, à moins d’accepter laisser l’autre gagner. À moins que l’autre en vaille vraiment la peine.
« Je suis épuisé, je voudrais rentrer. Je n’ai pas l’intention de me battre contre toi. Et voilà que ce n’est plus vraiment Micah qui parle. C’est plutôt comme si sa voix et celle de Fahim fusionnaient pour tenter de la faire revenir à la raison. Tu as visiblement bien changé, et moi aussi. Mais nous avons, toi et moi, autre chose à faire qu’à nous entre tuer. »
Et le trentenaire se sent s’affaiblir. Il le sait, Fahim est en train de se charger de toutes les émotions qu’il n’arrivait pas à gérer, juste avant et dont il ne lui laissait aucun accès. Chose rare, mais pas inédite, c’est comme si les deux âmes fusionnaient en partie pour réussir à gérer leurs deux rôles en même temps. Gérer la survie et calmer les sentiments.
Et, silencieusement, leurs yeux se ferment. Ils s’abandonnent quelques secondes au noir terrifiant de leur solitude, et leur souffle s’apaise, doucement. Ils n’en restent pas moins en alerte prêts à briser cette unité qu’ils ont réussi à créer sans le vouloir grâce à la jeune femme. Et finalement, quand ils ouvrent les yeux, c’est Fahim qui prend un peu le dessus de leur bouche, pour marmonner :
« Ça n’a pas dû être facile pour toi, ces dernières années… Désolé de t’avoir causer du souci. »
Et s’il cherche à ajouter quelque chose, leur bouche se referme brusquement sous l’impulsion de Micah, déshonoré d’entendre des excuses encore proférées. Et sans le vouloir, sans même le voir, cette pseudo-fusion se morcèle et le plus forts des trois reste là, couché dans le sable, à regarder avec fatigue et dureté la blonde.
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Saskya Wynisen
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 22:39
La colère est là. Elle bouillonne en toi comme un lac de magma. Ton corps entier est tendu, parce qu’évidemment, c’était prévisible, ta réaction. Tu n’aurais pas laissé passer ça. Tu répondais toujours à la provocation, et pour cause, tu n’avais ni peur d’avoir mal, ni peur de mourir. Pour toi, c’était facile, et maintenant que tu as ces doutes, maintenant que tu parviens à te dire que l’homme que tu as devant toi n’est pas le petit garçon que tu as perdu, jadis, tu peux aisément lui rentrer dedans. Et tu parviens sans problème à proférer tes menaces. Toi, tu ne lâcheras pas, parce que tu es comme un animal sauvage, et quand on t’attaque, immanquablement, tu contre-attaque.
Si tu n’as jamais été très grande, ni même très imposante, tes années au combat on fait de ton corps une arme dont tu sais user à la presque perfection. Aussi, tu prends des appuis solides, et tu parviens à maintenant l’homme au sol tout en te penchant sur lui comme si tu voulais bien te faire comprendre. L’éclat que tu as vu dans son œil unique est là, toujours présent, et c’est probablement ce qui t’empêcheras de lui faire le moindre mal.
▬ Tu ne sais rien de ce dont j’ai envie. Tu ne me connais pas. Lui craches-tu au visage. Tu es tellement bouffée de colère, que tu ne remarques même pas le changement d’attitude, ce petit relâchement. Pourtant, tu devrais être en mesure de le sentir sous toi, il n’est plus aussi tendu, il ne résiste même pas. Tu crois ? Moi je dis que tu m’as assez cherché comme ça, tu m’as trouvée maintenant alors bats-toi !
Jamais … jamais dans tes rêves les plus fou – ou dans tes cauchemars pour le coup – tu n’aurais été en mesure d’imaginer de telles retrouvailles. Au début, quand tu étais encore en mesure de le faire, tu y avais parfois pensé. Tu t’étais dites que tu le serrerais probablement contre toi, et que tu ne le lâcherais plus jamais. Que tu ne le quitterais plus jamais des yeux, parce que non, tu ne referais pas la même erreur. C’est ça, Saskya. Tu t’étais dîtes que si un jour, on t’offrait la chance de le revoir, tu le protégerais pour de bon et voilà qu’il se passait tout l’inverse.
Et tu te rends compte de ça. Et tu relâches un peu ses poignets, et lorsqu’il ouvre à nouveau la bouche, tu te redresses sans pour autant te lever. Et tu le fixes. Tu le fixes longuement. Ta gorge s’est serrée, à nouveau, et tu as l’impression d’être sur des montagnes russes. Ça monte. Ça descend. Ton cœur est tellement malmené que ça file la nausée.
▬ Cesse de jouer avec moi … Loin de toute agressivité cette fois, tes mots ne sont que supplication alors que tu te lèves, que tu t’éloignes en l’abandonnant là, sur le sable pour aller récupérer ta cape. C’est fou de penser comme ça, tu sais, et pourtant, tu as si mal à ce moment précis que tu te dis que tu aurais voulu ne jamais le revoir, au final. Parce que la souffrance causée par sa mort était tellement habituelle, tellement constante, présente jour après jour que tu avais fini par t’y faire. Mais celle que tu ressens en ce moment est acide et brûlante. Elle te bouffe de l’intérieur. Elle est en train de te détruire.
Kanaan
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Re: échos du passé (kanaan) Mer 30 Oct - 23:31
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Saskya & Micah
Elle vous provoque. Enfin, non, elle provoque Micah. Jamais Kanaan ou Fahim n’auraient réagi comme ça avec elle. Jamais l’un des deux ne pourrait, de toute manière, se battre avec elle, même si leur survie était en jeu. Le premier parce que simple acte de violence sur sa personne le fait s’effondrer sur le sol en larme. L’autre, car il est tout bonnement contre la violence physique. En tout cas, de sa part. Alors oui, c’est Micah qu’elle vise, sans le savoir. Et si, au moment où elle le provoque comme elle le fait, Fahim n’était pas là, avec lui, comme une soupape de sécurité, sûrement rentrerait-il dans son jeu.
Mais voilà, le corps de Kanaan reste là, sur le sol, sans émettre la moindre réaction. Les provocations, les cris, la violence, tout ça leur glisse dessus. Et à l’intérieur, pourtant, c’est un déchainement de colère. C’est comme si les deux adultes étaient là, face à face. Micah fulmine, tente de forcer el chemin pour se jeter sur elle, mais Fahim, dans sa prévenante le retient des deux mains sur ses épaules. Et il y parvient, Dieu seul sait comment.
Et puis tout ça se finit et Fahim se fait ravaler en dedans et seul un Micah fatigué émerge. Au-dessus de lui, la fille a relâché la pression de ses mains et se redresse un peu. Et il peut voir son visage, les doutes en elle. Et ça le rend encore plus aigre. Elle irait bien avec Fahim tien ! Et ça aussi, c’est du genre à le faire gronder de colère.
Et Micah craque. Parce qu’il en a marre d’être au sol, sous une nana d’à peine moitié moins que son poids. Parce qu’il pense qu’elle ne va jamais bouger. Parce que c’est dans sa nature de craquer. Et d’un mouvement de reins, il la déséquilibre sur le côté. C’est soudain, et brusque. Il prouve à nouveau qu’il aurait pu se défaire de sa poigne, aussi solide fût-elle, s’il l’avait voulu. Et dès qu’il sent qu’elle n’est plus sur lui, il bouge. Il l’attrape et il se relève.
« Tu me fatigues, on rentre. »
On. Lui, Fahim et Kanaan. Lui et Saskya aussi. En tout cas, il la cale un peu mieux sur son épaule, tête jetée en arrière, sur ton dos, bras ceinturés autour de ses jambes, et il se met en marche, aussi vite. Il sait qu’elle ne va pas le laisser faire. Qu’elle risque de ruer, de l’insulter ou de se débattre. C’est pour ça qu’il la tient aussi fort, aussi rudement aussi. Il ne fait qu’une courte pose pour se pencher et ramasser son vêtement et puis le voilà vraiment lancé.
« T’es vraiment conne, Saskya. Tu ne gagneras pas à ce jeu contre moi, je te l’ai dit. Et tu aurais beau avoir le soutien des autres, je ne me plierai pas devant toi. Il la remonte sur son épaule, sans sembler peiner de la charge sous le soleil de plomb. Puis ferme-la, j’ai la tête pleine à craquer. »
C’est ça qu’est Micah au fond. Un connard. Un type exécrable qui n’en fait qu’à sa tête. S’il ne les protégeait pas comme il les a toujours protéger, sûrement que Fahim aurait lutté contre lui, jusqu’à l’ensevelir et le tuer au fond de leur esprit.
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Re: échos du passé (kanaan) Jeu 31 Oct - 0:01
C’est ça. C’est tout ce que tu veux, maintenant. Tu veux te lever, tu veux t’éloigner, tu veux le laisser là, qu’il se débrouille de toutes façons, il n’a plus vraiment l’air d’avoir besoin de toi, comme avant. Toi, tu veux rentrer. Rentrer seule. Continuer ton bout de chemin, et laisser ça derrière toi parce que franchement, trop c’est trop. Tu n’en peux déjà plus, et puis oui, une fois n’est pas coutume, tu t’apprêtes à fuir, tout simplement.
Si seulement.
Il ne t’en laisse pas le temps. Et alors que tu te décides à bouger, il te prend de vitesse. Encore. Et il te pousse, vivement, tu es si surprise que tu bascules sur le côté dans un mouvement des plus anarchique. Et tu râles, oui. Tu grognes comme l’animal sauvage que tu es, mais cette fois, tu es une bête prise au piège. Parce qu’il ne se contente de pas de te jeter au sol, non. Il te ramasse, t’attrape, et il n’a aucun mal à te soulever, à te jeter sur son épaule comme si tu n’étais qu’une simple poupée de chiffon.
▬ Quoi ? Lâche-moi ! Et évidemment, fidèle à toi-même, tu te débats. Tu bouges, du moins, tu essaies de le faire mais sa prise sur tes jambes est ferme. Alors tu frappes dans son dos, tes poings le martèle, encore et encore et tu continues de hurler. Je t’ai dit de me lâcher, sale … Ouais, et tu continues, encore, et encore. Tu insultes. Tu piques. Tu vas même jusqu’à le mordre mais à ta grande surprise, il ne semble même pas le sentir.
Et il trace. Il va à une vitesse impressionnante, tu vois les paysages qui défilent sans pour autant te calmer malgré ses protestations. Et tu sais quoi ? Il t’en faut, du temps, pour te résigner. Parce que tu as beau être forte, tu ne l’es pas assez pour lutter contre lui. En terme de force brute, il pourrait littéralement te terrasser et c’est ce qui te frappe le plus parce que ça, ça n’est encore une fois pas Kanaan. Kanaan est doux. Kanaan n’a jamais été violent … a aucun moment. Kanaan, ton Kanaan est probablement mort. Alors, finalement, tu cesses de bouger. Tu t’épuises, et ça par contre tu peux le sentir. Ton corps se détends et tu soupires … Résignée. Fatiguée.
Jusqu’à ce que tu sentes que son emprise faiblit. Jusqu’à ce qu’il te relâche un peu et là, tu ne lui laisses pas réellement le temps de te jeter à terre, tu te remets à te débattre et enfin, enfin, tu parviens à t’en défaire, et tant pis si tu tombes au sol, lourdement, parce que tu te fiches de ça, tu te relèves aussi sec, et à nouveau, tu te jettes sur lui. C’est à peine si tu t’es aperçue que tu es juste devant la porte du District, tu as sortie ton arme, tu te jettes à sa gorge avec un hurlement de rage qui alerte les miliciens en haut des barricades.
Mais cette fois, Saskya, tu t’arrêtes. A bout de souffle, tu te stoppes nette dans ta course, tout en le fixant, ton sabre à la main.
▬ Reste loin de moi. J'en ferais de même. Finis-tu par dire, la douleur accrochée à ta voix, en rangeant ton arme pour finalement faire signe aux miliciens de t’ouvrir cette fichue porte.
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