linette • set her free

Nom ⇝ moore, hérité de ta mère, parce qu'il aurait fallu que tu connaisses ton père pour hériter du sien. Prénom ⇝ linette, enfantin et vieillissant à la fois, il ne te correspond pas, tu ne t'y reconnais pas, toi jeune femme qui n'est ni une enfant ni une ancienne - mais il n'est au moins pas pire que candy, dont tu te serais bien passé, nom qui résonne bien trop avec le chemin que tu aurais pu prendre si le monde n'avait pas connu sa fin. Surnoms ⇝ line, tu t'en sers assez pour oublier parfois que ce n'est pas comme ça que tu t'appelles. Age ⇝ si jeune, tu viens à peine de célébrer tes vingt ans. Date & lieu de naissance ⇝ t'es née un neuf septembre, à las vegas, nevada, sur le canapé de la caravane familiale. Métier & Occupation ⇝ tu répares des vêtements, chez toi, avec les quelques outils qui restent du kit de la couturière en herbe que ta mère t'avait offert pour tes sept ans, probablement la seule chose utile qu'elle aura apporté dans ta vie. Situation ⇝ mamie a fini par mourir de son vieil âge, alors t'es seule, et tu t'en portes pas plus mal.  Orientation ⇝ ouverte à tout, t'es du genre à penser que c'est plus vraiment le moment de faire les difficiles. Groupe ⇝ live.

Enfant élevée dans la solitude, tu n’as connu la vie en communauté que grâce à la fin du monde. Libre seulement depuis la mort de ta gardienne, tu en découvres encore des aspects inconnus. Tu manques de conventions, t’as pas vraiment appris à agir autour du monde, tu n’as toujours été bonne qu’à recoudre des pantalons, à ne pas faire trop bruit, à rester dans ton coin. On t’a jamais vraiment donné ta chance, on ne t’a jamais vraiment laissé être quelqu’un.

T’as passé ta jeunesse à cultiver ton imagination, à observer les passants par la fenêtre, à leur inventer des histoires. A chanter à voix basse en travaillant, à te rassurer seule quand personne d’autre ne le faisait.

Utile aux autres, tu aimes rendre service. Si tu parais simplette t’es pourtant pas aveugle ni stupide, tu sais bien la condition dans laquelle vous vivez tous. Vous êtes enfermés, tous ensemble, à attendre la mort, en faisant semblant que les petites actions du jour et de son lendemain comptent pour quelque chose. Toi, tu sais que vous ne faites que jouer aux sourds, que vous ne verrez plus jamais au delà du désert, que l’océan ne chantera jamais que dans tes rêves. Alors en attendant la fin, tu rends service. Tu as pitié, parfois. Tu as l’impression que beaucoup se mentent, que beaucoup ne se rendent pas compte.

Mais tu n’abattras jamais ta fatalité sur les autres. Par compassion, parce que tu jalouses ceux qui arrivent à vivre sans y penser, mais que tu ne veux pas qu’ils y pensent pour autant. Tu ne fais que sourire, t’alimentes les conversations souvent en fuyant les sujets qui te rappellent que tu es coincée entre quatre murs, mais tu n’es jamais celle qui tue les discussions. Toi, t’aimes partager, t’aimes apprendre des autres, tu découvres encore tes pairs, et ta curiosité n’a pas de limite.

T’es une enfant dans l’âme. Tu clames haut et fort que c’est pas le cas, mais t’es difficile à croire. Certains te donneraient pas plus de quinze ans, ça te vexe, mais tu sais pas comment faire pour leur faire changer d’avis. T’essaie d’agir comme une grande personne, mais les seuls modèles que t’as eu n’en étaient sûrement pas des bons - et t’as pas envie d’être comme elles. Certains aussi pensent que tu as des problèmes. T’es pas sûre de ce qu’ils entendent par là, tu leurs réponds souvent par un haussement d’épaules, jamais personne dans ta famille ne s’est inquiété de tes problèmes, alors c’est fort probable que tu n’en ai pas, non ?

Mais on est quand même en droit de se demander si ton comportement est normal pour une jeune femme de vingt ans qui aimerait tant être grande. L’esprit vagabondant, l’amitié facile, la naïveté maladive. T’ouvrirais ta porte à n’importe quel criminel. Tu te justifies en disant que t’en as connu des tas, des criminels, et qu’avoir commis un crime ne fait pas de vous quelqu’un de mauvais. Mais ça finira bien par se retourner contre toi, un jour où l’autre. Tu ne peux pas vivre insouciante sans un accident sur la route.

Mais si l’accident te tue, tu espères mourir dans la souffrance. Parce que t’as passé la majorité de ta vie à ne pas te rendre compte que tu vis, parce que même tes souvenirs semblent étouffés, à demi oubliés ; t’aimerai au moins te rendre compte de ta mort, savoir que tu t’en vas, essayer de te raccrocher à la vie, lui donner enfin une valeur.