Le jour est ses dernières heures quand t’émerges d’un sommeil maladif. C’est une raie de lumière poussiéreuse qui te tombe sur le visage qui t’a réveillé, en faite. Et perdu dans cet entredeux état, tu grognes en roulant sur le matelas que t’as posé à même le sol de l’appartement où tu vis.
C’est dur. Les réveils le sont de plus en plus depuis quelques semaines, et tu sais que ce n’est pas pour rien. L’automne approche, les jours changent et le temps, dehors, se rafraichit. Et si tu préfères la fraîcheur d’une brise automnale à la chaleur lourde de l’été, tu ne peux pas t’empêcher d’être affectée par le changement de saison. Bientôt il fera froid et sortir dehors sera encore plus dangereux… parce que le froid ralentit les réflexes.
Tu finis néanmoins par te sortir de la couverture sous laquelle tu t’es lovée lorsque le soleil à pointé le bout de son nez. T’étais pas de sortie, ces derniers jours, mais tu t’es sévèrement pris la tête sur un truc que tu voulais réparer. T’as fini par abandonner. D’abord, parce que t’es pas la plus futée des jeunes de la ville, loin de là. Et surtout parce qu’avec la fatigue, tes mains tremblaient si fort que tu as manqué de briser une pièce de métal. Et ta trouvaille est bien trop importante pour risquer d’être bêtement cassée.
Une fois sur tes deux jambes, tu te laves le visage et les dents, avec les moyens du bord. T’enfiles un jean rapiécé et une chemise ne nylon beige. Tu prends même le temps de coiffer tes longs cheveux roux et tu te mets en route. Tu dois trouver comment réparer ce truc.
C’est vers le quartier Ouest que tu te diriges. Tu as laissé trainer tes oreilles, depuis quelque temps, et en posant quelques questions aux bonnes personnes, t’as entendu dire qu’un garçon touchait un peu à tout. Un grand brun, avec une tête d’angelot, y paraît. Tu te souviens encore de la tête que tu as tiré. Comment peut-on avoir une tête d’angelot dans ce merdier qu’est devenue la vie après l’infection hein ?!
…
Ah. Comme ça. Tu n’sais même pas s’il s’agit de ton type, mais en tout cas il ressemble fort à la description. Tu t’avances vers lui, l’air sûr, la mine presque agressive et tu te plantes à deux pas, les bras croisés sur ta poitrine.
« Eh ! C’est toi qui sais réparer un peu du matos ?! »
Aucune entrée en manière. On t’appelle la Luciole, mais en vérité, on pourrait aussi te surnommer le Buildozer que ce serait aussi vrai…
Alors que l'astre solaire pointait le bout de son nez au District Un, Susan Llyod s'endormit enfin. Son fils glissa cette vieille couverture miteuse sur elle, pour la garder bien au chaud et quitta leur demeure sur la pointe des pieds. La nuit avait été bien longue, ponctuée de cauchemars et autres sinistres rêveries. Comme toutes les autres nuits, les précédentes et celles à venir.
David soupira et s'installa devant chez lui, devant le cabanon de fortune qui leur servait de maison depuis bien trop longtemps. Il aurait pu aller travailler ailleurs, mais il refusait de laisser sa mère seule, même quelques heures. Alors il avait installé son "atelier" ici, juste à côté, protégé des intempéries par une bâche grisâtre et recousue à divers endroit. Le confort n'était pas présent, mais il s'y était habitué. Et, de toutes manières, il ne pouvait pas faire son difficile. Il soupira une seconde fois, las, et referma sa veste de cuir brun jusqu'au col. Le fond de l'air était frais.
David n'avait jamais fait d'étude de mécano, d'informaticien ou que sais-je encore... Il n'avait pas eu le temps. Il avait donc appris sur le tas, aidé de son père au début, puis en bouquinant et en expérimentant certaines choses. Et il apprenait encore aujourd'hui.
Assis par terre, s’abîmant le dos, il était penché au-dessus du bureau qu'il avait lui-même bricolé avec quelques planches et trois quatre vis. Il trifouillait dans un carton remplis de ferrailles, à la recherche de la babiole qui ferait sa journée, quand une voix l’interpella soudain. Une voix de femme, forte et décidée, qui le fit sursauter.
« Eh ! C’est toi qui sais réparer un peu du matos ?! »
Il leva la tête, mettant sa main en visière pour se protéger les yeux du soleil. Il grimaçait, alors qu'il tentait de détailler le visage de la rouquine à contre jour. Très peu aimable, la demoiselle, ça promet.
« Lui-même, David Lloyd ! »
Il délaissa son bazar et se redressa pour saluer la jeune femme. La main tendue, un sourire se voulant sympathique et avenant aux lèvres, il se présentait. Au vu de ce que dégageait la miss, le risque de se prendre un vent monumental était grand. Mais il tentait quand même le tout pour le tout. C'est pas parce que c'est l'Apocalypse qu'on doit jeter la politesse aux ordures !
« Qu'est-ce que je peux faire pour toi ? »
Réparer un truc, visiblement, mais il voudrait un peu plus de détails.
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Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Mar 1 Oct - 14:31
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David & Theresa
Tu regardes le type que tu es venue chercher se retourner en entendant ta voix et tu retiens de peu la grimace qui monte en toi, comme ton envie irrépressible de repartir. C’est un gamin, surement aussi vieux que toi, et tu te sais comme étant une des jeunes de la ville. Sa tête n’a pas une once de méchanceté et si tu oubliais où vous vous trouvez, tu pourrais même croire qu’il n’a jamais connu l’infection. Il est beaucoup trop innocent à ton goût, ça te fait peur.
« David. Tu répètes bêtement après lui, comme pour inscrire son prénom dans ta mémoire. J’m’appelle Theresa. »
T’as toujours détesté ce prénom, mais aujourd’hui tu préfères te présenter sous cette identité plutôt qu’avec ton surnom qui, avec le temps, à pris de plus en plus une mauvaise réputation. La Luciole est une folle, déviante et assassine, et… tu ne luttes pas contre cette image, qui peut te servir à l’occasion.
Par contre, tu ne t’attendais pas à le voir te tendre la main pour te saluer. Le respect et la politesse se sont presque entièrement envolés avec les morts, alors il te faut un temps certain de surprise pour te reprendre. Tu tends sèchement la main vers lui et tu lui serres brusquement et fortement la main, comme si t’étais en train de faire un bras de fer.
« J’ai besoin de quelqu’un qui puisse bidouiller du matériel radio particulier. J’peux rien dire de plus avant de savoir si tu peux… J’veux pas que ça se sache. »
Tu relâches sa main et comme pour prouver que t’es pas plus agressive que tu n’en as l’air, tu fais même un pas en arrière et tu viens lier tes mains l’une à l’autre, nerveusement. Tes yeux glissent sur la rue, autour de vous et tu rajoutes, après être certaine qu’il n’y a pas des oreilles qui traînent.
« J’suis prête à troquer gros pour cette réparation. J’ai pas peur d’sortir, dis-moi si tu peux et c’que tu veux en échange, et je m’occuperai d’avoir ça pour toi. »
Et enfin, ton visage s’ouvre un peu. Alors que tu lui jettes un regard puissant, ses lèvres s’étirent doucement en un sourire sûr, preuve de la force de ta détermination. Tu sais c’que tu veux et tu es prête à tout pour l’avoir, voilà quelque chose qui reste présent quelle que soit l’occasion.
Elle avait une sacrée poigne, la Theresa, et elle réussit à le surprendre. Il lui serra la main en retour, essayant de paraître aussi ferme et assuré qu'elle.
« Enchanté, Theresa ! »
Nouveau sourire. Nouvelle tentative de passer pour un mec sympathique et agréable. Une chance pour lui autant que pour elle, il ne fit pas le rapprochement entre la rouquine en face de lui et la tristement célèbre Luciole. Oh, il avait entendu parlé d'elle, bien évidement, les rumeurs vont vites dans une si petite communauté, mais il ne pensait pas croiser une telle personne un jour. Il ne voulait pas. Et, surtout, il ne l'imaginait pas aussi petite et frêle que la jeune fille qu'il avait sous les yeux.
Quand elle se recula, David fit de même. Inconsciemment, lui aussi vint à se triturer les doigts, imitant la jeune fille sans le vouloir. Et il écoutait sa demande, sa proposition.
Il n'avait pas pensé à ça. Il n'y pensait jamais. Pourtant, le troc était la meilleure façon de survivre en ce bas monde. Echanger des trucs contre d'autres, c'était la base du commerce. Ils étaient revenu des siècles -des millénaires- en arrière. Et David ne s'y faisait pas. Parce qu'il était trop honnête pour essayer d'arnaquer les autres, ou même de tirer un quelconque profit d'eux. Il était généreux. Con et généreux. Alors il lui fallut un peu de temps, pour peser le pour et le contre, pour trouver quoi lui demander en échange... Et, enfin, il hocha la tête.
« Je dois pouvoir t'aider, oui. J'ai déjà réparé une radio, une fois. »
Le sourire de la jeune femme aidait à le convaincre. Plein de détermination, il offrait à David l'assurance que la rouquine ne se débinerait pas, qu'elle irait au bout de l'échange... Qu'elle serait honnête, aussi. Rien ne le confirmait vraiment, mais David était assez con pour y croire.
« Viens, déclara-t-il alors, lui faisant signe de le suivre à "l'intérieur". Mais fais pas trop de bruit, ya ma mère qui dort juste à côté. »
Il écarta le pan de la bâche qui retombait mollement devant l'entrée et s'écarta pour laisser passer la demoiselle en premier. Sans un soupçon de méfiance, il invitait Theresa dans son domaine : un atelier crasseux et un peu en bordel. Qu'elle fasse attention où elle mettait les pieds, ici et là traînait des bouts de métal et autres pointes rouillées.
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Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Mer 2 Oct - 22:54
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David & Theresa
Tu le regardes… pire, tu le jauges. Et dès que tu récupères tes doigts, tu t’écartes, parce que dans ta tête, t’es sûrement déjà prête à t’enfuir. C’est fou, non ? Dehors tu agis comme si tu étais à ta place, dans ton monde, mais ici, entre les murs, tu n’es qu’une petite souris qui voudrait se cacher. Même là, devant ce jeune homme. Si tu affiches un visage sévère, ce n’est que pour cacher ta peur.
Sauf qu’aujourd’hui, tu ne fuiras pas. Le fameux David t’annonce qu’il a déjà réparé une radio et aussitôt ton attitude change. Tu te détends un peu et un léger soupire t’échappes. Tu reviens finalement d’un pas vers lui et t’as pas le temps de lui en demander plus qu’il t’invite à entrer.
C’est con, mais c’est la première fois qu’on t’invite à rentrer chez quelqu’un. T’es subitement prise d’une gêne toute particulière et tu te tritures les doigts encore plus. Tu ne peux pas t’empêcher de regarder partout autour de toi avant de reprendre la parole, d’une voix contenue pour éviter de réveiller sa mère.
« Merci… Tu n’oses plus bougée une fois entrée. Tu n’étais pas obligée de me faire rentrer, tu sais. »
Voilà, Theresa, c’est comme ça qu’on ne remercie pas quelqu’un. T’as vraiment rien appris de la civilité, c’est certain. À la place, tu plantes tes yeux bleu pâle dans les siens et tu reprends.
« C’est des talkies, qu’il faudrait réparer. J’suis prête à te ramener ce dont tu as besoin pour que ça remarche et… Tu jettes un coup d’oeil autour de toi, dans le logement plus que modeste. Je te payerai ça avec ce dont vous avez besoin ici. Tu me feras une liste. »
Ouais, y’a pas de préambule, t’as pas reçu sa confirmation que t’es déjà en train d’arranger le marché. Tu ne te rends compte que tu vas trop vite en besogne qu’en commençant une liste mentale de choses et d’autres que tu pourrais ramasser pour lui et sa famille.
« Enfin… j’veux dire… si t’es d’accord de les réparer, hein. Et là, tu rougis. Ça doit faire bizarre, de voir un bulldozer rougir, mais preuve en est que t’es toujours humaine. »
Elle le jugeait, c'était certain. A travers son regard bleuté, David se sentait observé. Analysé. Déjà qu'on lisait facilement en lui, il avait l'impression que la miss était un véritable scanner, que son regard était un rayon pouvant le traverser de part en part et dévoiler tous ses secrets. Et Dieu que David détestait ça ! Il ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. Comment le trouvait-elle ? Trop bête ? Trop gentillet ? Trop niais, peut-être ? Il n'avait rien qu'un gars coriace, elle devait le trouver bien faible. Peut-être allait-elle en conclure qu'elle avait fait appel à la mauvaise personne ? Il devait donc faire attention à ce qu'il disait, à ce qu'il faisait. Il ne devait pas la décevoir, mais ne pas lui donner trop d'espoirs qu'il ne pourrait tenir.
Le regard des autres.
Quelle chose épuisante et destructrice.
Et puis, plantée dans l'entrée, elle se mit à rougir. C'est à ce moment-là que David réalisa que la rouquine en face de lui n'était pas si méchante que ça et qu'elle se donnait simplement un genre de dure à cuire. Après tout, dans un monde comme le leur, ce n'était pas étonnant. Il valait même mieux ça pour survivre. Quoi qu'il en soit, David fut touché par la jeune fille, par cette humanité qu'elle ne pouvait cacher malgré tous ses efforts, par le fait qu'elle était tout aussi mal à l'aise que lui. Et un fin sourire étira ses lèvres. Un sourire tendre mais surtout sincère.
« T'inquiètes pas, lui glissa-t-il tout bas pour la rassurer. Je suis d'accord. Je t'ai dit que je t'aiderais, je reviendrais pas sur ma parole. »
Un truc que son père lui avait appris. Toujours tenir parole, quoi qu'il t'en coûte.
Il savait bien ce que cela allait lui coûter, d'ailleurs : pas grand chose. Réparer une radio n'était pas aussi dangereux que franchir l'enceinte du District Un et partir à l'aventure. D'ailleurs, il s'en voulait déjà d'imposer ça à Theresa. Mais c'est elle qui s'était proposée, il se voyait mal refuser.
Alors il s'interrogea mentalement sur ce qu'il leur fallait... Et il pensa égoïstement à lui. Divers composants pour ses créations, de quoi écrire également, à de l'alcool, pourquoi pas. Mais très vite, il s'en voulu et pensa à sa mère. Sa pauvre mère dans un état lamentable. C'était son confort à elle qu'il fallait améliorer. Lui trouver à manger, des médicaments. De quoi lui redonner l'envie de vivre. David acquiesça d'un signe de la tête.
« J'ai deux trois idées. Je te ferais une liste et tu essayeras de trouver ce que tu peux, d'accord ? Faudrait pas que tu prennes des risques inutiles. »
S'inquiétant déjà pour la santé et la sécurité de cette illustre inconnue, il traîna sur le sol une grosse caisse en bois. Des bouteilles tintèrent à l'intérieur, sans doute vides vu leur bruit. Puis, il invita Theresa à prendre place près de lui. Ils seraient mieux installés assit pour parler de choses sérieuses.
« Tu les as avec toi ? Que je vois ce que je peux faire ? »
Il ponctua sa phrase par une nouvelle main tendue vers la jeune fille, autant pour lui dire de s'approcher que pour éventuellement récupérer les fameux talkies.
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Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Ven 4 Oct - 21:55
Fortiores una.
David & Theresa
Ce garçon était gentil. C’est tout ce que tu arrives à te dire alors qu’il continue de te parler et d’agir avec toi comme si tu étais une humaine. Comme si tu étais à son égal. Et ça, c’est bête, ma petite, mais vient te triturer au fond des tripes. C’est comme si une main venait t’attraper l’estomac et jouait avec. Pas que tu ais envie de vomir, hein, mais… ouais, ça te fait tout drôle et toi, t’es incapable de comprendre qu’il s’agit d’une émotion humaine : l’embarras.
« Merci… »
Ce mot. Tu ne l’as presque jamais dit et il le reçoit pour la deuxième fois. À l’abri de sa maison, tu te détends un peu. Ça doit se voir sur ton visage ? En tout cas, même lui semble plus à l’aise maintenant. Sûrement que ça joue sur ton propre état.
Quoi qu’il en soit, tu restes là, plantée à l’entrée et tu attends la sentence. Savoir à quelle sauce tu vas être mangée, parce que tu sais que tu prends des risques pour un inconnu. T’as déjà eu des types qui t’ont demandé des choses insensées. Est-ce que ce gentil garçon sera en réalité le loup dans la bergerie ?
La réponse est non.
« Je… Tu… Et tu piques un nouveau fard. Sauf que cette fois-ci, t’arrives même pas à te reprendre. En faite, t’es là, debout, la bouche ouverte si rouge que tu ferais de l’ombre à tes cheveux colorés. Je trouverai tout ce que tu veux ! »
C’est ta réponse à la gêne ? Non, c’est celle que tu offres à sa gentillesse. Tu comprends à son regard qu’il n’osera pas t’en demander trop alors, toi, en échange, tu lui jures de tout ramener. Parce qu’un jeune homme comme ça le mérite. Parce qu’en voyant son humilité et ses moyens, tu comprends que tu dois l’aider. Nouveau sentiment humain de la discussion, l’empathie.
Et quand il s’assoit, tu restes là, debout, sans oser… sans pouvoir le rejoindre surtout.
« Non, je n’ai pas osé les prendre. C’est… trop précieux, je ne peux pas me promener avec ça sur moi. Ils sont cachés, vers chez moi. Si tu veux, on peut aller les chercher. Tu tournes les yeux vers la pièce adjacente que tu imagines là. À moins que ta mère ait besoin de toi ? »
Tu tritures tes mains à nouveau, et en devenant de plus en plus hésitante, tu finis par planter tes yeux clairs dans les siens, le retenir en otage sans le vouloir et demander, du bout des lèvres :
Elle rougissait, elle bafouillait et David la trouvait adorable. Un instant, même, elle aurait pu lui rappeler sa défunte sœur, mais il finit par se dire que ce n'est pas bien. Il n'avait pas à la remplacer. Theresa n'était pas Amy. Et pourtant, il lui offrit un nouveau sourire.
« Merci à toi, Theresa. »
David croisa ensuite le regard de la jeune fille et se perdit un instant dans le bleu de ses yeux. Et sa question lui serra le coeur.
Il n'avait jamais mit de nom sur le mal qui rongeait sa mère depuis bien trop d'années, à présent. Il n'était pas bête pourtant, il savait ce qu'était la dépression, mais c'est le genre de mots qui fait peur. Le genre de mots qu'il ne faut surtout pas dire à voix haute. Le genre de maux que l'on cache avec honte au fond de soi.
« Elle est triste. C'est..., étrangement sa phrase resta coincée dans le fond de sa gorge. Comme une boule, douloureuse et qui ne voulait pas partir. Empêchant sa voix de s'élever. Il déglutit un peu et vint désigner sa tempe, la tapotant du bout de l'index. C'est là-dedans qu'elle est malade... Mais on ne peut pas y faire grand chose, je crois. Juste être avec elle, et espérer. »
Il eut un rire. Léger, un poil forcé, mais surtout faux. C'est comme cela qu'il cachait sa gène, dissimulant sa peine derrière un sourire embarrassé et se noyant dans le déni. Mais ses yeux ne mentaient pas. Ses prunelles brillantes à cause de larmes naissantes trahissaient les émotions qui le prenaient aux tripes. Beaucoup de tristesse, un soupçon d'inquiétude et une pointe de culpabilité. Mais il ne fallait pas qu'elle le voit comme cela, elle ne devait pas lire dans son regard. Alors il détourna pudiquement la tête, s'essuya les yeux du revers de la manche et se redressa.
Là, ça allait mieux. Ou, du moins, il faisait comme si.
« Allons les chercher, tu veux ? C'est gentil de t'inquiéter, mais je peux m'absenter une heure ou deux, ça devrait aller pour ma mère. »
Il disait surtout ça pour s'en convaincre, pour se persuader de faire le bon choix. Il avança de quelques pas et rejoint Theresa devant l'entrée. Sans arrière pensée, il glissa amicalement sa main dans le dos de la jeune fille et l'entraîna vers la sortie. Comme pour fuir son modeste chez lui et les soucis qui le hantent.
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Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Lun 7 Oct - 14:16
Fortiores una.
David & Theresa
Il te remercie et tu détournes les yeux. C’est peut-être l’histoire de votre rencontre ça. Parce qu’à chaque parole de l’un et de l’autre, les rôles s’échangent et vous tentez de conserver une bonne face à chaque fois. Toi, tu ne veux pas montrer ton humanité alors qu’il se rend plus fort. Ça te ferait rire, si tu n’étais pas autant sur la défensive… et que tu te souvenais comment c’est de rire subitement à grands éclats. Mais ça, c’est une autre histoire.
Tu croises son regard chaud, d’un chocolat qui vous redonne de la force et de l’espoir, quand il te parle de sa mère. Sans savoir pourquoi, ton estomac se crispe alors que ton coeur, lui, se réveille. Tu es face à cette douleur sincèrement, comme si tu étais à sa place. Si tes parents n’avaient pas été assassinés il y a des années, peut-être auraient-ils fini comme ça ? Ça te semble insoutenable.
« Je… Tu hésites. T’es pas naturelle, tu ne sais pas exprimer de la compassion et tu te refuses à lui donner de la pitié. Alors, sans réfléchir, tu tends la main, et du bout des doigts, tu effleures sa pommette. Tu as raison, il faut garder espoir. »
Tu ne sais pas quoi dire de plus alors tu n’articules que lentement ces mots, en laissant ta main tendue, sans oser le toucher plus. Tu es une parfaite représentation de l’hésitation oui. Pourtant, quand tu le vois essuyer ses yeux, pudiquement, tu ramènes ton bras à toi et tu agrippes ta main à ton poignet pour éviter de recommencer. Tu attends en silence. Non… Tu respectes sa faiblesse.
« D’accord, allons-y. »
Tu sors sans montrer ta tension à son contact. T’es plus habituée à ce qu’une personne t’effleure et concrètement, tu es plus du genre à attaquer qu’à te complaire dans ce geste, maintenant. C’est ce que tu es devenue. Une luciole sauvage, bien loin de son humanité.
Tu lui fais signe de la main de te suivre, et pendant quelques secondes, tu marches sans un bruit à ses côtés. Contrairement aux gens, tu marches dans une souplesse et un silence presque parfait, comme si tu étais en permanence en recherche d’être discrète et passe-partout. C’est quand vous dépassez le laboratoire, que tu te tournes vers lui.
« Elle a des médicaments, pour l’aider à aller mieux ? Peut-être que si j’arrivais à pousser assez loin, je pourrais retrouver des cachets utiles… Tu te rapproches d’un pas vers lui, alors que tu parles dans un murmure contrôlé. J’aimerais pouvoir vous aider à la hauteur de ce que tu vas faire. »
C’est bien plus facile de dire que c’est un échange plutôt que tu as simplement envie de l’aider, tout court. Tu finis par retomber dans le silence en songeant à sa vie et la curiosité reprend le dessus :
« Tu sors un peu en dehors des murs ou tu récupères ce qu’il te faut par du troc ? »
Tu te mords les lèvres dès que tu demandes ça, parce que ça te rend dingue de vouloir en savoir plus. La distance que tu maintiens entre toi et les autres existent pour te préserver. Comment ne pas vouloir aider quelqu’un si tu sais tout de lui et de ses besoins, hein ? Tu es en train de te mettre dans la merde, Theresa...
La main de Theresa sur sa pommette, il en sentait encore la chaleur, alors qu'il bravait l'air frais de dehors. Et ça lui faisait du bien. Pensif, il caressait sa joue du bout des doigts, alors que son regard fixait le sol. Le fait qu'une fille l'ait touché de la sorte avait son petit effet, bien sûr, mais c'était surtout le message sous-entendu qui le touchait. Elle le soutenait. Elle compatissait. Il aurait pu en chialer.
Ils ne s'attardèrent pas plus longtemps à l'intérieur et, après que David se soit saisit de sa rudimentaire boite à outils, ils prirent le chemin de la sortie.
Ensemble, ils avancèrent un petit moment sans dire un mot. Le silence angoissait David qui se triturait l'esprit pour trouver quoi dire. Parler du beau temps ? Ouais, bof. Lui poser des questions bien trop personnelles ? Trop déplacé. Causer de ses problèmes ? Bien trop pathétique.
Une chance, c'est Theresa qui osa rompre le silence. Et elle avait visiblement opté pour la deuxième option. David quitta le sol et le bout de ses bottes des yeux et jeta un coup d'oeil vers la demoiselle bien curieuse... Avant de secouer la tête.
« On a pas de médicaments, non. Et puis le soucis, avec ces trucs-là, c'est que t'en deviens accro. »
Et niveau addiction, ils avaient déjà assez de soucis. Mais, encore et encore, il faisait tout pour sauver les apparences, pour ne pas qu'elle ait pitié de lui. Il ne voulait pas l'emmerder avec ses problèmes. Il ne voulait pas qu'elle se mette en danger pour lui. Il n'en valait pas la peine, il y avait plus important. Alors quand elle s'approcha, il se contenta de lui sourire, de lui sous-entendre que tout allait bien. Ils se ressemblaient, d'une certaine manière, chacun voulant se montrer à l'autre sous son meilleur jour.
David secoua la tête à sa nouvelle question. La réponse s'imposait d'elle-même.
« Non, non, je troque. Je ne suis pas assez courageux pour faire comme toi ou mon grand frère et sortir d'ici ! »
Un rire s'étouffa au fond de sa gorge, il avait honte de l'avouer. David le trouillard, David le lâche. Il n'avait rien à faire là, de toutes façons. C'est Aaron qui l'avait dit. Et les mots de son frère étaient paroles d’Évangiles.
Il reposa son regard sur Theresa. Enfin à la lumière, David pu détailler correctement son interlocutrice. Une p'tite rouquine, assez mignonne, au visage enfantin malgré le sérieux qui en émanait. Une gamine qui avait grandit trop vite, on dirait. Une question lui traversa alors l'esprit et il fut assez sot pour la formuler à voix haute.
« T'as quel âge, toi ? Tu fais jeune. »
Ce n'était pas une critique, loin de là. Ça sonnait même comme de l'admiration. Si petite, si frêle, et elle avait la force et le courage de braver les dangers à l'extérieur. Oh oui, ça l'impressionnait.
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Re: Fortiores una. Ft David Lun 21 Oct - 12:05
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Tu avances lentement, calmement même, dans les rues. Et tu sais quoi, Theresa ? C’est la première fois depuis longtemps que tu marches avec tant de relâchement dans cette ville qui incarne ton enfer. Tout ça grâce à ce garçon qui marche à tes côtés. Alors oui, tu lui coules l’un de tes fameux regards de côté, pour savoir comment il fait pour ta calmer comme ça. Et t’es en train de retomber sur cette histoire de magie qui émane de certaines personnes quand il te répond que les médicaments ne sont pas une solution.
Et franchement, la grimace que tu fais parle pour toi. Il a raison, t’as toi-même toujours trouvé les médocs dangereux, encore plus avec les années qui avancent et les dates de péremption qui passent. Pourtant, ça te fait chier, clairement. Tu es sur le point de te faire avocat du diable et de défendre certains médocs “acceptables” quand tu penses à l’un des mercenaires du groupe et à la fille qui traîne dans ses pattes.
« Et une herboriste ? Y’en a une en ville qui soigne tout et tout le monde pour que dalle, et qui sait ce qu’elle fait, il paraît. Tu roules les yeux vers le ciel, un instant, avant de reprendre. Après ça reste des plantes, je sais pas comment elle fait, mais un ami m’a dit que les plantes peuvent vraiment soigner. »
Tu aurais pu passer à autre chose et laisser couler, mais non, tu te sens dans le devoir de trouver une solution. Comme si cette femme malade était ta mère. À défaut d’avoir pu sauver les tiens, de parents, tu essaies de trouver une solution à ceux de ce garçon.
Tu l’écoutes répondre à ta question, et même t’en reposer une en le guidant d’un pas sûr. Et c’est dans une rue crasseuse que tu finis par lui montrer ton appartement. Tu gardes le silence le temps d’ouvrir la porte non verrouillée, comme si tu craignais le regard que les gens dans la rue te jettent (ils te disent maudite et sont persuadés que tu ramèneras la maladie chez eux, un jour) et après être entrée, tu soupires de soulagement.
« 22. J’ai 22 ans et toi ? Tu lui tires une chaise avant de débarrasser la caisse qui te sert de table des restants de nourriture et d’armement. Et tu ne devrais pas te croire pleutre. Tu as du cran de rester dans cette ville qui est bouffée par la folie et l’air écoeurant. Sortir, ce n’est qu’une manière pour les fous de croire qu’ils ont un peu de liberté. Ton sourire se fait carnassier. Moi la première. »
Et voilà, aujourd’hui, tu es consciente de ta condition. Ça t’arrive parfois, et dans c’est peut-être dans ces moments-là que tu sembles le plus folle. Quoi qu’il en soit tu lui fais signe de ne pas bouger et tu ressors de la maison. T’en as pas pour longtemps pour repasser la porte, avec un sac de toile dans les bras.
« Je te fais confiance pour pas parler d’ça hein. Tu hésites un instant, avant de poser le sac contenant ton trésor sur la table, près de David, et tu reprends. Tu veux boire ou grailler quelque chose ? J’reçois pas grand monde, mais hésites pas à m’demander ce que tu veux hein. »
T’es si maladroite que ça pourrait en être mignon. Si on omettait que tu ressembles surtout à une fille paumée qui ne sait plus qui elle est. Alors, pour cacher ton état, tu te laisses tomber lourdement dans une chaise et tu poses un regard intrigué sur le jeune homme, comme pour apprendre de ses gestes.
Baladant ici et là son regard, David avançait aux côtés de la jeune femme. Cela était étrange d'avoir pour compagnie une autre personne que sa mère -ou que son frère. Mais ce n'était pas déplaisant, loin de là. Ce n'était peut être pas le bon lieu, pas la bonne époque... Mais David était enfin de bonne humeur. Pour de vrai.
« Une herboriste, hein ? qu'il répéta machinalement, songeur. Je veux bien que tu me donnes son nom. »
Il suivit Theresa jusqu'à son appartement. Il avait d'autres questions à poser à la jeune femme, mais se mordit l'intérieur de la lèvre pour réprimer sa curiosité et l'écouter parler. Il se contenta de lui répondre, très sobrement, qu'il avait 26 ans. Vingt-six ans, déjà.
Le trouvait-elle vraiment courageux ou essayait-elle simplement de lui remonter le moral d'une quelconque manière ? Pour David, elle était ce genre de personne franche et sincère, il ne pensa pas un seul instant qu'elle puisse potentiellement lui mentir, même pour lui faire entendre de belles paroles. En plus, il n'avait jamais vu les choses ainsi. Il pensait que rester coincé entre les quatre murs du District Un était une façon de se protéger, de s'enfermer loin de la réalité. Mais il y avait du vrai dans les paroles de Theresa. Tout dépendait du point de vue.
C'est sur ces réflexions nouvelles qu'elle le laissa et qu'elle ressortit de chez elle. David était mal à l'aise, ici. Non pas que l'endroit dégageait quelque chose de malsain, mais il avait l'impression de violer la vie privée de Theresa, de ne pas être à sa place. Il ne bougea donc pas le temps de son absence, évitant même de balader son regard autour de lui. Il installa juste sa caisse à outils sur le bord de la table, et attendit.
Lorsqu'elle revint enfin et qu'elle déposa son précieux chargement, le regard de David, lui, se posa sur la table. Bien trop curieux.
« Ce sera notre secret, promis. » Il glissa un bref instant sa main sur celle de la demoiselle, comme pour sceller sa promesse, puis la retira tout aussi rapidement -gêné- avant d'ajouter : « Je veux bien boire quelque chose. N'importe quoi, je ne suis pas difficile. »
Et il ne pouvait pas se le permettre, dans un tel monde. Il osa enfin déplier le tissu pour inspecter les fameux talkies-walkies. Et comme travailler debout n'était pas une position des plus confortables...
« Je peux ? » demanda-t-il, désignant une autre chaise pour s'asseoir à son tour.
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Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Jeu 7 Nov - 14:56
Fortiores una.
David & Theresa
Tu as un mouvement surpris de tête et Theresa, pour la première fois depuis longtemps (depuis toujours ?) tu as l’impression de pouvoir servir à quelqu’un, au-delà du fait de sortir mettre ta vie en péril pour ramener un quelconque bien. Parce qu’habituellement tu ne fais que ça. Et encore, tu doubles les gens qui t’emploient presque tout le temps. Alors là, oui, tu peux aider vraiment et ça te tire une sacrée expression. Presque un peu flippante, non ?
« Heu… Elle s’appelle… Line ? Karin? Quelque chose dans ce goût-là. Tu devrais la reconnaître facilement, elle a les cheveux roux, pas plus longs que le visage et la tête d’une idiote qui n’a pas compris que la fin du monde était déjà arrivée. Elle sourit tout le temps. Tu soupires, lourdement, parce que toi ça te rend dingue. Si tu ne la trouves pas, je demanderai à un ami son prénom. »
Et bon ça résume plutôt bien ta manière de gérer les choses. Tu ne connais pas le sgens, pas leurs visages, pas leurs caractères. Tu n’es qu’une sale gamine qui juge tout et tout le monde et voilà que ça ressort encore une fois. En tout cas, tu as quand même fait ta Bonne Action du jour et pour ça, Theresa, tu te sens un peu plus légère. Puis bon, David le mérite, tu le sens au fond de tes tripes.
Puis finalement vous arrivez chez toi et tu lui ramènes les talkies-walkies. Et ce n’est que lorsque le jeune homme effleure ta main que tu sembles vraiment comprendre que tu peux lui faire confiance. S’il paraît gêné, tu retrouves un sourire détendu à ce contact et tu hoches la tête avant de retourner la moitié de ta cuisine pour trouver un verre propre et tu lui dis :
« J’ai de l’alcool et un genre de sirop de plante. Je te conseille le sirop si tu veux pas voir double, parce que l’alcool arrache la tête. »
Tu ris et tu ne t’inquiètes même pas de l’image que ça peut donner de toi. À la place, tu lui serres un sirop, mais tu as le geste d’amener quand même l’alcool au cas où le jeune homme veuille s’en servir quand même. Toi, tu te mets aussi au sirop, comme pour le soutenir et tu te rassois.
« J’te dis, David, fais comme chez toi. J’vis ici que pendant la nuit, le reste du temps c’est un peu l’endroit de tout le monde. Autant être relax. »
Et tu espères qu’il arrivera à se relâcher. En tout cas, comme pour donner l’exemple, tu finis perchée sur sa chaise, pied ramené sur l’assise en bois contre tes fesses, le vers dans les mains et tu le regardes. Si tu n’es pas la plus bavarde des filles, le silence qui se pose te gêne et quand tu cherches quelque chose à rajouter, tu te rends compte que tu as envie d’en savoir plus sur le jeune homme.
« Comment t’as fini par réparer des trucs ? Tu faisais déjà ça étant gamin ? Tes yeux ne le lâchent pas et malheureusement tu n’as pas l’éducation suffisante pour savoir que ça ne se fait pas. D’ailleurs tu m’as pas dit ton âge… t’es si vieux que ça ? »
Et te voilà rongée par la curiosité. Sauf que tu ne connais pas ça, toi, comme comportement !
Line, Karin, quelque chose du genre, une petite rousse qui sourit. Il y penserais. Il remercia Theresa pour son aide et ses précieuses informations et, enfin, ils arrivèrent à destination. Alors qu'elle venait lui servir à boire, David n'avait pas pu s'empêcher de jeter un coup d'oeil aux trouvailles de la demoiselle et il avait hâte de s'y intéresser de plus près. Quand elle lui proposa de choisir entre sirop et alcool, il hésita. L'alcool ne le dérangeait pas, c'était un grand garçon, mais quand même. S'il savait quand il commençait, s'arrêter était parfois plus compliqué.
« Va pour le sirop alors, je préfère garder toute ma tête pour le moment. »
Son rire était contagieux, il se mit à rire aussi. Il récupéra ensuite le verre et le leva un bref instant, comme pour trinquer avec elle, puis le porta à ses lèvres pour en prendre une gorgée. Ce n'était pas si mauvais que ça en avait l'air.
Ayant l'autorisation de faire comme chez lui, le jeune homme s'installa à table et récupéra les talkies. Il observa la marchandise, se disant que Theresa avait beaucoup de chance d'en avoir trouvé en aussi bon état. Cela allait grandement l'aider. Il fouilla ensuite dans sa caisse à outils, récupérant ce qu'il lui fallait. C'est donc en silence, plongé dans son ouvrage que David se mit à travailler. Comme chez lui. Il sentait le regard curieux de Theresa sur lui, au début, mais petit à petit, il réussit à en faire abstraction. Jusqu'à ce qu'une nouvelle question le tire hors de ses pensées.
« Oh, pardon, j'suis tête en l'air. Il étouffa un rire un peu gêné derrière sa main. J'ai 26 ans. Mais avec tout ce qui nous est arrivé, je le réalise même pas. »
Il tenta un sourire, puis retourna au travail. Il bidouilla un truc, puis il désigna d'un vague geste de la main -du tourne-vis, plutôt- tout le bazar en réparation sur la table et reprit après quelques secondes d'hésitation.
« C'est mon père, qui m'a apprit à tout ça. Il partait en exploration avec mon frère, puis c'est avec moi qu'il bricolait. Je pense qu'il voulait qu'on sache se débrouiller au cas où... » Au cas où. Cette phrase n'eut pas de fin, étant donné ce qu'il s'était passé. Pourtant, le jeune homme s'arma d'un sourire et poursuivit. « Je voulais pas faire ça, quand j'étais gosse. Moi, mon truc c'était les dinosaures, je voulais être paléontologue. Creuser la terre, retrouver des fossiles et donner mon nom à une nouvelle espèce, c'était trop mon rêve. J'en ai fait, des trous, dans le jardin ! »
Si Theresa était curieuse, David pouvait se révéler bavard quand on savait s'y prendre. Cela confirmait au moins qu'il se sentait assez à l'aise pour raconter sa petite vie... Ou qu'il était bien trop naïf pour balancer ce genre d'infos personnelles au premier venu. Tant qu'elle ne le questionnait pas sur ses ressentis, tant qu'il n'avait pas à livrer ces craintes et autres angoisses, il voulait bien répondre. Sans pouvoir l'expliquer, il se sentait en confiance, avec elle.
Un instant, il se rappela de la présence de Theresa et glissa son regard embêté vers elle.
« Oups, pardon, je me suis un peu emporté. »
Dernière édition par David Lloyd le Sam 1 Fév - 10:28, édité 1 fois
Theresa S. Adams
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Re: Fortiores una. Ft David Mar 12 Nov - 14:55
Fortiores una.
David & Theresa
La curiosité, ça n’a jamais été ton fort, Theresa. Tu en ressens, assez souvent, mais tu ne sais pas vraiment y faire avec. Et quand tu finis par céder, comme maintenant, tu te sens maladroite et gauche, et tu te dis que les gens ont clairement des raisons de t’envoyer bouler. Enfin… Les gens le font d’habitude, parce que David, par contre, il se comporte avec bien plus de douceur que les autres.
Pendant quelques petits instants, alors qu’il te donne son âge et s’excuse même du fait d’être tête en l’air, tu ne peux pas t’empêcher de te dire qu’il est trop gentil pour toi. Quelqu’un comme lui ne devrait définitivement pas aider quelqu’un comme toi. Tu ne le mérites pas… Mais tu chasses cette pensée presque aussi sec parce que toi, tu as besoin de ces talkies-walkies !
« Tu as pas fêté ton anniversaire ces 12 dernières années ?Tu demandes, sans vraiment comprendre ce qu’il te dit. C’est pour ça que tu t’en rends pas bien compte ? »
Toi non plus, Theresa, tu ne fêtes plus ton anniversaire, mais ça date de la mort de tes parents. Toute seule, tu n’avais pas la foi de le fêter et chez les mercenaires, ce n’est pas à ce genre de débordements sentimentalistes que vous vous adonnez. Ceci dit, tu te rends bien compte de ton âge parce que chaque année qui passe dans cet enfer te rend un peu plus dingue.
Et cette pensée commence à te tirer un sourire qui fait peur à voir, mais fort heureusement, David vient te sauver. Il te parle de son père, et toi tu ouvres de grands yeux. Tu trouves son histoire sacrément belle et cette simple réflexion te force à reprendre la parole :
« C’est cool de sa part. Comme ça, ton frère et toi, vous pouvez vous entraider et prendre soin de ta maman ! »
S’il te manque quelque chose, c’est certainement le tact. Tu sais faire preuve de quelques sentiments, de certaines réflexions, mais Theresa, tu ne sais jamais retenir tes mots et penser aux effets de tes mots. Et là, clairement, tu ne te rends pas compte que relancer le sujet de sa mère, ce n’est peut-être pas une bonne idée.
Quelle idiote tu fais…
« Palétologue ?Je suppose que ça a rien à voir avec les châteaux du coup ? Tu fais cette moue caractéristique de ces moments de gêne où ta bêtise te fait pour une vraie triple idiote, et tu détournes les yeux, pour cacher ta honte. Faut creuser loin pour trouver des fossiles ? Tu voulais trouver quoi comme fossiles ? Des grands dinosaures ? D’ailleurs, y’a que les animaux qui peuvent devenir des fossiles ? Et là, sous le flot de questions que tu lui lances, Theresa, te vient une question qui te choque complètement. Attends ! Faut combien de temps pour devenir un fossile ? Tu crois… Tu crois qu’un jour d’autres hommes nous trouveront dans le sol en fouillant comme lespalétologues ? »
Et voilà. Voilà la vérité sur ta vie, jeune fille. Tu es aussi pure et innocente qu’un nouveau-né sur ce genre de connaissances, mais tu tues des marcheurs et des humains sans aucun souci. C’est quand même sacrément bizarre et certainement flippant, vu de l’extérieur.
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