Vindicta. - Ft Ilya

Il fait nuit, et tu ne dors pas. En faite, il fait nuit, et comme les nuits où tu ne sors pas hors de HopeCity, tu ne dors pas. À la place, tu te prépares. Aujourd’hui sera un jour particulier, tu le sais, depuis que tu as quitté cet homme, son visage n’a pas quitté ton esprit. Son prénom a été répété dans ta tête jusqu’à en perdre tout sens et toute humanité. Ce milicien n’est désormais plus qu’un visage et un nom, sans autre attribut humain. Alors, voilà. Après deux jours à y réfléchir, tu as décidé de passer à l’action.

Tu sais où il vit. Tu sais quand il rentre chez lui et à quelle heure il quitte son logement. Tu as prévu une bonne cordelette résistante pour l’attacher ou l’étrangler, au besoin. Tu as vérifié et nettoyé tes poignards. T’as même décidé d’emporter la seule photo que tu as gardée de tes parents, parce que tu veux savoir s’il les reconnaît, et s’il acceptera de dire ce qu’il a fait. Pire que ça, Theresa, tu veux savoir s’il s’en souvient, ou si cela n’est qu’un grain de poussière sur sa conscience.

Le vent souffle dans tes cheveux longs, que tu n’as même pas pris la peine d’attacher, alors que tu te tiens devant l’appartement d’Ilya. Un garde amusé de voir une petite nana dans ton genre demander sa chambre te l’a indiqué sans imaginer ce qui allait se passer. Tu armes tes poignards, manche bien en main, et t’avances. Plus de doute, juste cette conviction que c’est ce soir. Pire que ça, tu sais que c’est ce soir, ou aucun autre. Si tu te loupes aujourd’hui, il aura la vie sauve, et tu n’y feras rien de plus.

Tu passes par la porte, même pas verrouillée et un silence digne de ce que tu n’es pas. C’est Ilya l’assassin, toi, tu n’es qu’une gamine rendue folle par un souvenir immonde. Et dans la pièce, tu t’arrêtes, un instant, pour regarder son univers. Ton souffle est un bruit lent, lourd, sur lequel tu forces pour ne pas te laisser emporter. Et tu te remets en mouvement. Vive.

Et c’est là que tout ton plan se foire monumentalement. Il ne dort pas. Il n’est même pas dans son lit. Il est là. Juste comme ça, même pas habillé, avec une tasse entre les doigts. Et toi, tu vois rouge. Tu lui foncer dessus comme un animal enragé. Tu n’essaies même pas de le tuer directement, ou de prendre le contrôle. Tu ne réfléchis plus à rien. Tu te jettes juste sur lui pour le faire basculer par terre dans un bruit sourd et dès que tu fais peser ton poids plume sur lui, tu appuies tes poignards en ciseau sur sa gorge.

« Salut Ilya. Je t’avais dit qu’on se reverrait bientôt. »

Tu lui souffles, acide, à la tête, alors que tes yeux brillent de toute la colère, la folie et trouble qu’il y a en toi, même si ton souffle lui donne aussi la note d’alcool artisanal avec lequel tu as pris ta décision. Tes poignards appuient sur sa peau, pour le prévenir que tu ne rigoles pas.

« Tu bouges, j’t’ouvre, c’est compris ? T’attends une seconde avant de rajouter. Tu t’souviens de moi ? »

Le ciel était dégagé je regardais les oiseaux voler, les nuages se déplaçaient doucement au dessus des toits bleu et dorés du palais de Peterhof. Les fontaines emmenaient une légère brise qui caressais mon visage au gré du vent. Une après midi radieuse, je m'étais encore enfui de chez moi, j'avais pris le bus jusqu'au centre ville pour avoir l'impression ne serait-ce que l'espace d'une après midi, d'avoir la paix. Mes jambes, mes côtes et mon ventre me faisaient terriblement souffrir et pourtant cette simple vue me permettait de m'évader. Je me retournais et sentis quelque chose me frôler la jambe. C'est là que je me réveillais en sursaut, comme la plupart des nuits. Je regardais autour de moi et fut obligé de constater la réalité. Ce n'était qu'un rêve, j'étais de retour au district 1... Je soupirais alors avant de me lever.

Comme chaque "matin" je pliais mes couvertures et les empilais sur mon oreiller avant de lisser les draps. Puis je me dirigeais vers la salle de bain. J'avais exactement deux minutes pour me doucher, sans quoi mes réserves de la semaine finiraient trop vite. J'enlevais mon pyjama que je pliais soigneusement avant de le poser sur la petite chaise en bois qui se trouvait à coté de l'évier. L'eau était froide, mais ça ne me dérangeais pas plus que ça. J'avais l'habitude du froid, d'ailleurs le froid me manquait, car à part la nuit on étouffait dans ce désert de merde. J'en venais presque à regretter New York ou Chicago. Je soupirais à nouveau avant de me savonner vigoureusement. J'avais constamment l'impression d'être sale depuis le début de la fin du monde. Je sortais alors et plaçais la petite serviette autour de ma taille. La grande elle je l'avais mise dans la corbeille de linge à laver, ce qui me faisait penser que je devrais peut être aller faire ma lessive près du puis aujourd'hui.

Je retournais dans ma chambre peu de choses à l'esprit, encore légèrement trop endormi pour réfléchir correctement. La chambre était rudimentaire, un lit avec une table de chevet d'un coté et une commode de l'autre. Quelques planches bricolées en porte chaussures. et à l'autre bout de la pièce un bureau et une chaise très peu confortable. J'avais également une malle à coté du bureau fermée à clé dans laquelle je gardais mes armes et deux trois choses qui avaient un peu de valeur. Je sortais donc de la commode une petite bouteille de gaz à cuisson de camping, puis je mis de l'eau a bouillir pour me faire ce café instantané dégueulasse qui me servait de booster le matin. Je buvais tranquillement mon café quand j'aperçus de la lumière à ma gauche. Je m'attendais à ce que l'un des bleus vienne me donner des instructions alors je ne tournais pas la tête, erreur...

Là un enfant me sauta dessus, je pensais d'abord que c'était un petit voleur, alors je décidais de ne pas répondre. Seulement cette personne fut suffisamment agile pour me passer des lames sous la gorge. Bon étant donné la pression exercée je savais déjà qu'elles n'étaient pas bien affutées. Je regardais alors le visage de cet importun. Et là je soupirais de plus belle... La gamine de l'autre jour.


« Salut Ilya. Je t’avais dit qu’on se reverrait bientôt. »dit-elle d'un air qui se voulait probablement féroce. J'avais l'impression d'avoir un chat de gouttière agrippé au gosier. Je la regardais en me demandant qu'est ce que j'avais bien pu faire pour que ma journée commence ainsi. Ça commençait déjà à me taper sur les nerfs.

« Tu bouges, j’t’ouvre, c’est compris ? aboyait-elle avant d'ajouter. Tu t’souviens de moi ? » D'un geste simple de la main, je plaçais cette dernière entre les poignards et ma gorge afin d'éviter une mort inutile.

"Oui, t'es la gamine du marché... J'ai pas de bouffe pour toi" dis-je machinalement. Le sol était rêche et les planches de bois abimées, mon dos commençait à me gratter par endroits. J'avais de nombreuses cicatrices sur le dos et le torse dues à des années de maltraitances diverses et variées, aux interrogatoires aussi. Et certaines de ces cicatrices étaient plus volumineuses que d'autre, rendent leur relief désagréable au contact d'une surface non plane. Ses menaces ne m'impressionnaient pas, cependant j'avais littéralement les couilles à l'air et il allait falloir que je change de position, peu importe les risques. Elle est légère, je m'assied sans trop de difficulté, et elle toujours sur moi s'avance à nouveau avec ses couteaux. Je lève les yeux au ciel avant d'en attraper un. Idée de merde... Je sentais le sang, épais et chaud couler le long de ma paume.

"Bon, qu'est ce que tu m'veux" dis-je alors d'un ton glacial. Sans vraiment avoir eu l'intention de l'employer, mais c'était un réflexe semblerait-il

Enragée. Si y’avait un mot pour décrire ce que tu es là, devant lui (sur lui) ce serait ça. Enragée, comme un animal rendu dingue par une blessure qui ne guérira jamais. Tu pourrais lui arracher le coeur avec les dents que tu le ferais, tigresse que tu es. Mais pour l’instant, t’as pas la possibilité de te déchaîner à ce point, parce que s’il ne te repousse pas, il arrive quand même à protéger sa gorge de ses mains.

« J’ai pas b’soin de bouffe, juste de sang. Et ton sourire s’étire, dément, alcoolisé, désespéré. Et ça sera du tiens que j’me servirai cette fois-ci ! »

Ça n’a aucun sens, tu le sais. Parce que t’es pas cette furie qui n’arrive même pas à le tenir par terre. T’es peut-être un peu perchée, mais t’es pas folle à ce point. Et tu t’en rends compte parce que tu pourrais trancher ses doigts, mais tu ne bouges pas, comme si cette simple protection de chaire t’empêchait de mettre à exécution ton plan qui n’a rien de prévu, juste une attaque et des armes. Tu sais même pas comment tu ressortiras de là.

Et il arrive à se remettre assis, sans que tu n’y puisses rien. Faut dire que, de toute façon, tu pèses rien. T’as des muscles fins, ça sert pour foncer, être vive, sauter haut, pas pour maintenir un soldat au sol. Il te le prouve. Et il a même le culot de faire couler le premier sang lui-même. Et ça te rend encore plus nerveuse.

« Qu’tu me reconnaisses, ça s’rait un début. Juste le début d’autre chose, que j’ai prévu pour toi. Et tu viens coller ton visage contre le sien en faisant peser ton poids contre la lame qui le blesse. Regarde-moi dans les yeux. Dis-moi qu’tu te souviens d’une gamine avec le même regarde que moi. DIS-LE ! »

Tu cries et c’est à la limite si tu lui craches pas dessus au passage. Et puis, tu recules ta tête aussi sec, et ton corps se relève d’un coup, comme si t’en avais fini avec lui. Pourtant, tu ne fais que récupérer une chaise pour bloquer sa porte et revenir, tes armes en avant, toute ton attitude lui hurlant que t’hésiteras pas à te battre, et tu reprends.

« Theresa. »

Ton nom. Celui qu’il n’a jamais sû, que tu ne lui as même pas dit il y a deux jours. Ce qui fait que tu es un humain, comme l’assassin anonyme de tes parents en est devenu un qui s’appelait Ilya. Tes yeux sont exorbités, alors que tu lui lances ton pied dans le tibia en grondant :

« Debout, et pas un geste. Fout toi assis sur ton lit et réfléchis. J’veux que tu te rappelles de qui j’suis et tu comprendras pourquoi j’suis là. »

T’es dingue, Theresa. Tu ne t’étais même pas rendu compte que la mort de tes parents avait planté une telle graine de folie dans ta tête rousse.

J« ’ai pas b’soin de bouffe, juste de sang. Et ça sera du tiens que j’me servirai cette fois-ci ! »dit-elle.

Le sang coulait le long de ma paume, et plus je regardais cette gamine plus elle avait l'air d'avoir perdu l'esprit. Est-ce qu'elle était consciente de ce qu'elle faisait ? Une somnambule ? Une Schizo ? Peu importe, j'allais la laisser cracher son venin, le temps qu'elle se calme, et trouver une ouverture pour me débarrasser d'elle. Sérieusement qui vient emmerder les gens à 4h du matin sans aucune raison. Si elle voulait pas de bouffe alors, vraiment j'avais aucune idée de ce qu'elle foutait là cette idiote. Mais si elle insistait trop ça risquait de mal finir pour elle.  

« Qu’tu me reconnaisses, ça s’rait un début. Juste le début d’autre chose, que j’ai prévu pour toi là elle n'aboyait plus elle bavait carrément. On aurait dit qu'elle avait chopé la rage. Cependant avec sa tête de petite fille comme il faut et son poids plume, elle ne trompait personne. Cependant qui pourrait la blâmer, quand j'étais gosse j'ai aussi essayé de me mesurer à plus grand et a plus fort que moi. Toutefois je m'attendais à ce qui se passerait, j'avais conscience des risques et j'espère pour celle là, qu'elle aussi.

Regarde-moi dans les yeux. Dis-moi qu’tu te souviens d’une gamine avec le même regard que moi. DIS-LE ! » Elle criait carrément, hystérique son visage commençait à se teinter de rouge. Etait-ce la rage ou bien le fait qu'elle ne pensait pas a respirer en me criant dessus. Aucune idée, et à vrai dire je m'en fous... Je soupirais à nouveau, et la fixais droit dans les yeux, le regard inexpressif. Je ne voyais pas du tout qui elle était, vu son attitude j'étais probablement censé la reconnaitre, mais impossible... Son visage ne me disait absolument rien. Si au moins je savais dans quel contexte j'étais censé l'avoir vue, peut-être que ça m'éviterais d'avoir à la tuer.

Theresa. Disait-elle.

C'est quoi ça son nom ? et c'est censé m'aider ? Elle perds son temps, je n'ai aucun souvenir d'elle ni de pourquoi elle veut ma peau. Mais bien que je sois logé au fond d'un couloir où personne n'habite elle finirait par alerter quelqu'un a gueuler comme une truie. J'allais devoir bouger.

Debout, et pas un geste. Fout toi assis sur ton lit et réfléchis. J’veux que tu te rappelles de qui j’suis et tu comprendras pourquoi j’suis là.

Alléluia, elle m'avait dit de me lever alors j'avais enfin le feu vert, pour me dégager de cette mini furie. Je me levais, devant elle droit comme un piquet, totalement exposé. J'avais rarement été nu devant des gens, même avec mes partenaires d'une nuit je n'enlevais pas mes vêtements, et pour cause. Mon corps était bien trop marqué pour ne pas susciter de questions. Je le couvrais donc habituellement pour éviter d'avoir à raconter ma vie. Je détestais parler de moi.

Je m'étais levé en revanche je n'avançais pas vers le lit je la regardais droit dans les yeux et décidais que nous avions fini de jouer, je lui saisis les mains sans difficultés et appuyait sur les nerfs situé sur sa paume entre le pouce et l'indexe. ça lui ferait suffisamment mal pour qu'elle lâche ses armes. Car même une petite gringalette comme elle pouvait faire des dégâts avec un bon coup d'adrénaline. Je mettais un coup de pied sur les couteaux pour les éloigner et lâchais les mains de la fille.

Bien, Theresa... C'est ton nom n'est ce pas ? TU vas t'asseoir bien gentiment et me dire ce que tu fous là, avant que je perde patience. dis-je en indiquant le lit qui était à a peine deux mètres de nous.

Pour être tout à fait honnête, la patience je l'avais déjà perdue. Mais si j'étais un assassin je n'étais pas un meurtrier. Tuer des gamines sans leur laisser une chance de sauver leur peau c'était pas dans mes habitudes. A moins que la situation ne l'exige, auquel cas je ne discute pas. Plus ça allait plus je me disais que venir aux états-unis était la pire idée que je n'ai jamais eu.

I t’obéit et c’est peut-être ça le plus bizarre dans l’histoire. Que cet homme t’obéisse, alors qu’il est, à tes yeux, une figure d’autorité. Et vraiment, même si t’as reculé, tu n’arrives pas à savoir si tu dois l’agresser plus fort, ou lui laisser le temps de réfléchir. Putain, Theresa, t’as rêvé de ce jour tellement de fois, et maintenant que tu y es, tu te vois te louper. Tu le sais, qu’au fond de toi, tu n’sais pas quoi faire.

Alors oui, tu le suis des yeux quand il se redresse, même pas gênée par sa nudité. Tes yeux parcourent son corps sans vergogne, en découvrant les cicatrices que la vie lui a laissées. Comme toi. Son visage figé et inexpressif. Comme tu l’as été pendant des années. Son refus d’obtempérer. Comme tu le fais toujours. Et ça te tue, de voir ça. De savoir que tu ressembles à cette ordure !

C’est sûrement à cause de ce bordel mental qu’il arrive à te choper d’un coup les mains. Une douleur éclate aussi sec dans tes mains et t’as beau forcer pour tenir tes larmes, tes doigts se tétanisent et tu les entends tomber au sol. Et tu sais, Theresa, que c’est la merde, maintenant. Pourtant t’attaques pas. Non, tu relèves ce regard bouffé par la haine et la folie sur lui.

« Va crever ! »

Et pire que ça, tu lui craches dessus. Avec toute la virulence que tu peux. Pire, dès que tes mains sont relâchées, tu attaques. Comme une furie, comme un animal. T’essaies même pas de récupérer tes poignards, oh non. Tu te jettes sur lui et si tu détends ton poing vers son visage, c’est avec tes dents que tu l’atteins en premier. Tu mords son bras, comme une sale bête en tentant de le marteler comme tu peux.

Et d’un seul coup, tu arrêtes, tu lâches prise et tu recules d’un bon. Tes lèvres sont retroussées sur tes dents et ma pauvre fille, tu viens définitivement de briser quelque chose en toi. En essuyant tes lèvres de ton bras, tu grondes :

« J’ai dit assis, alors t’as intérêt à m’obéir ou j’te déchiquète avec les dents ! Ton nez se retrousse et à cet instant, tu as vraiment la tête d’un chien enragé. Et puisque tu n’as pas l’air de vouloir te souvenir, tiens ! »

Et là, tu fais un pas vers lui et tu lui fourres dans la main la photo de tes parents. Et t’attends de savoir si même de leurs visages il ne se souvient plus.

Javais jamais croisé quelqu'un d'aussi déplaisant, non seulement elle me prenait la tête à l'aube sans que je ne sache pourquoi. Mais en plus elle n'obéissait pas, pire, elle se permettait de rétorquer, à coup de crachat. Immonde... Mon expression de visage s'assombrit soudainement, moi qui tentait de garder mon calme jusque là car en face de moi il n'y avait qu'une gamine. Tant pis pour elle, si elle me cherchait elle allait me trouver la garce. Elle se jeta sur moi, mais cette fois ci j'étais sur mes gardes, je fis un mouvement de recul lorsque je la vis serrer le poing et plaçais mon bras en position défensive.

On ne peut pas échapper à une bête enragée, aussi petite soit-elle. La femelle se jette alors sur mon bras et le saisis avec les dents. Par réflexe je m'apprêtais à lui briser la mâchoire lorsqu'elle lâcha prise. Ok cette gamine est vraiment tarée, je vais devoir l'abattre... Elle essuyait sa bouche maculée de sang et se remis à gueuler. Je levais les yeux au ciel en soupirant c'en était trop. J'étais déjà pas quelqu'un du matin en temps normal, et elle avait épuisé toutes mes réserves de patience.

« J’ai dit assis, alors t’as intérêt à m’obéir ou j’te déchiquète avec les dents ! Et puisque tu n’as pas l’air de vouloir te souvenir, tiens ! »

Elle me mis une photo sous le nez, je dus me reculer d'un mètre pour voir ce qu'il y avait dessus, visiblement une photo de famille. Celle de la gamine je supposais, ces gens ne me disaient rien. Ils n'appartenaient pas à mon passé en tout cas pas avant l'apocalypse. Mais j'avoue qu'une fois les zombies apparus j'ai arrêté de prêter attention aux visages. Hormis les gens que je fréquentais régulièrement, je ne m'y attardais pas.

- "Et alors ? T'as perdu tes parents ? Pauvre petite ... On a tous des putains de problèmes et c'est pas pour autant qu'on emmerde les gens avec ! dis-je d'un ton glacial et sec avant de lui coller une grosse mandale. Elle perdit l'équilibre et se retrouvait à terre, je plaçais mon pied sur ses côtes afin de lui faire suffisamment mal pour qu'elle cesse de bouger. Je pris alors le temps de cogiter, pourquoi est-ce qu'elle est venu essayer de me blesser de bon matin avec une photo de famille à la con dans les mains ? J'avais pas tué sa famille... Peut-être bien que si, à vrai dire c'était pas impossible. J'ai fais pas mal de ménage pendant la famine, puis aux ordres de Ford

- "T'es bien trop faible pour tuer qui que ce soit, deviens forte et reviens dans quelques années."

Je lui mis un ou deux coups de latte dans les côtes histoire de me détendre, car tout ça m'avais bien foutu les nerfs.

- "Aujourd'hui n'est pas le jour de ma mort ... Allez casse toi !"

Je la saisis par le col et la trainais vers la porte.

Il l te provoque et ses mots enflamment ta colère comme si tu étais déjà recouverte d’essence, prête à flamber. Et t’es en train d’amorcer un cri de rage quand une gifle violente t’arrête en pleine lancée. Ça te retourne la tête, et la douleur allume même des lampions inquiétants devant tes yeux. Un instant, tu perds le sens des choses, Theresa, mais la douleur sur ta poitrine revient te remettre dans les rails, rapidement.

T’es au sol et ce connard appuie son poids contre tes côtes. Par terre, comme un chien, tenu sous le pied de cet homme qui ne te traitera certainement jamais mieux que ça. Un chien… Un sale cleps qui survit on ne sait même pas comment ! Et tu souffles, comme un boeuf, sans réussir à parler parce que t’as l’impression que si tu desserres les lèvres, tu vas gémir de douleur. Et ça, Theresa, c’est inacceptable. Autant être muette que de montrer qu’il te fait mal !

Alors oui, tu l’écoutes parler, avant de te manger une volée de coups, qui ne te font pas broncher en surface, mais ouvrent un abîme de souffrance en toi. Et c’est quand il t’attrape par le col que tu reviens à la vie. L’épave muette et immobile se débat entre ses mains, quitte à te péter un peu plus une côte ! Et quand tu comprends qu’il va te jeter comme ça, sans avoir compris tu deviens dingue.

« ORDURE ! TU T’EN SORTIRAS PAS AUSSI FACILEMENT ! »

Et tu abats ton pied dans sa cheville et son tibia une fois, deux fois, trois fois. Jusqu’à sentir que sa jambe cède un peu sous ton assaut. Juste assez pour t’arracher à sa poigne et te jeter sur tes poignards. Au sol, incapable de te relever tu t’écartes en levant tes armes devant lui. Tu rampes hors de son emprise et tu craches le sang qui reflue dans ta bouche sur le sol.

« Tu les as tués. Tu lâches en respirant avec difficulté, mais sans le lâcher des yeux, sans baisser tes armes. Tu les as butés tous les deux et tu m’as laissé vivre. T’aurais dû m’tuer ce jour-là, parce que maintenant je m’arrangerai de faire de ta vie l’même enfer que la mienne ! »

Tu recules encore et tu finis par t’appuyer contre le mur pour te redresser un peu,

« Essaie pas d’t’approcher parce que j’te jure que j’te perce. Même si j’dois crever, je t’emporterai avec moi. Ta folie est retombée, t’es juste plate, épuisée et douloureuse. T’as raison, j’suis pas capable d’te tuer, Ilya. C’est trop facile de t’buter et d’rester dans c’monde. Alors j’m’arrangerai pour que tu restes ici avec moi. Pour que toute la pourriture de ce monde finisse par te rendre aussi dingue que moi. »

Et vraiment, tu ne ressembles plus à rien, à souhaiter un monde de souffrance à ce type qui vient de te réveiller autant de souffrance psychologique que physique, mais tu restes là, à respirer avec difficulté et à souhaiter le voir sombrer.