Sarah (Rain)

Je ne me souviens pas de mon nom. Ni de mes premières années. Un oubli conscient et volontaire. Mes seuls souvenirs sont les comportements réflexes que je possède. Encore qu'ils se soient atténués avec le temps. J'ai été retirée à mes parents en 2008. Autant dire que pour moi le début de l'épidémie, c'était un peu flou. J'ai été placée en famille d'accueil chez un couple ayant déjà adopté 2 filles, Elodie (5 ans) et Lou (3 ans), la seconde étant atteinte de drépanocytose. Je ne les ai pas connu longtemps. Ils ont disparu un jour, et nous, les 3 petites les avons attendu plusieurs heures, avant d'être trouvées par Alex. Le babysitter des petites.

Il ne nous dit jamais ce qui était arrivés aux parents, mais je m'en doutait déjà. Il nous emmena a des amis à lui. Anciens militaires. Survivalistes du dernier jour. Rolistes. Un petit groupe de cinglés quoi. Qui bien avant le début de l'épidémie avait commencé à se préparer. On a vécu avec eux pendant 7 ans. Quinze personnes au départ, dont nous trois les seules enfants. Un camion-bus bricolé, avec des piques sur les côtés, des plaques de toles renforcées... Et sur le toit on avait même un petit panneau solaire et un four solaire. Etant la plus âgée des enfants, et Butterfly (sniper de l'armée de l'air, comme son surnom ne l'indique pas) estimant que j'étais "flinguée" et que préserver une innocence déjà perdue était inutile me fit très vite participer à la vie du groupe. Allez pas croire pour autant qu'il me jeta dans la gueule du loup, hein? Ils prirent le temps de m'apprendre. Les signes militaires les plus courants. Marcher et courir sans faire de bruit. Un semblant de judo et de kapoeira. Les plantes comestibles, et comment tuer et dépecer un animal. Et l'usage du lance pierre. Parce qu'il était hors de question de confier une arme à un enfant. Pour Eva (ex future prof) parce que j'étais une enfant nom de dieu. Pour Médic (médecin militaire) parce que ce serait du gachis de munitions rares.

On est arrivé à Hope City quelques semaines à peine avant l'épidémie intramurros. Le camion bien équipé fut apprécié. Les panneaux solaires encore plus. On était alors 10 personnes dont 2 enfants. Oui, parce que gérer une drépanocytose dans un monde en ruine, c'est injouable. Comme on s'ennuyait pendant la quarantaine, avec Elodie on avait dessiné sur les murs avec les restes de nos crayons pastels. Les gardes avaient trouvé ça marrant. On commença às'adapter à la vie dans une ville. Avec des gens autour, et plus juste le groupe. J'y eu du mal. On avait l'habitude de ne jamais rester plus de 2-3 jours au même endroit. Mais le camion montrait des signes de faiblesse, et les adultes espéraient le faire réparer avant de repartir. Voire de se servir du camion comme base mobile, et de Hope City comme base principale. Et je serais repartie avec eux. Quand l'épidémie a éclaté en ville on a repris le camion, et tant pis s'il était pas totalement réparé. Avec BloodyMary (ancienne infirmière, immunisée, et complètement cinglée) qui gueulait "putain j'vous avait dit qu'c'était la merde les villes!"

On est pas allé bien loin. Je sais pas ce qui a pêté sur le camion, mais il y a eu une sacrée secousse, plusieurs têtes à queue, et on s'est retrouvé avec le camion couché sur le côté. Medic, mort sur le coup. Elodie, elle a traversé le pare brise. Les autres sont montés sur le toit, mais l'accident ayant attiré du monde... Butterfly m'a dit de dégager. J'ai obéit. Et je pleure encore de l'avoir fait. J'ai réussi à revenir seule en ville, avec une épaule luxée et en ne portant sur moi que on "minimum vital": Les deux bananes que je porte continuellement, un couteau de cuisine, mon lance pierre, mon lecteur MP3 et ma collection de cartes SD. Une fois soignée, j'ai rejoins le district sud de la ville, reprenant vite l'habitude de ne dormir que d'un oeil, et toujours avec mon couteau à la main. J'ai commencé à participer à des missions vers l'extérieur. Espérant retrouver le camion.

Pour une de ces missions, on est partis à 5. Dont un type taiseux, une grande gueule qui voulait diriger (et surtout ME diriger, merci je sais ce que j'ai à faire, j'suis une gosse, pas une imbécile!), une nana et un dernier mec... qui tournait vachement autour de la nana. Et de moi aussi. Bon, au final, comment dire... Perso, le vieux corps de ferme abandonné, j'le sentais pas. "Mais si, ça va, on a entendu aucun zombac, ils y sont pas" Ben en fait si. On est 2 à s'en être tiré de justesse, le taiseux et moi. Parce que pareil, se séparer comme ça sans avoir fouillé toutes les pièces?! C'est pas ce qu'on m'a appris! C'est contre les règles de base, bordel! Sans compter les deux qui "fouillent" une chambre en s'y enfermant... C'est d'ailleurs eux qui sont tombés sur les zombies en premier, dans la salle de bain attenante. Le grande gueule les a entendu hurler, c'est mis à beugler des ordres dans tous les sens. Tout ce bruit à attiré des zombies sortant de la cave, et on s'est retrouvé avec une douzaine de zombacs entrant dans la maison, et nous coupant les retraites. Bon, je ne suis pas celle qui a balancé le gueulard dans les escaliers. Par contre, j'avoue le "Mais arrête de gueuler! Ou au moins éloigne toi de nous" craché (sans crier. Je crie pas moi!) c'était de moi. On s'en est sorti en passant par le toit et en se sauvant mutuellement la mise, lui en me faisant la courte echelle pour que je puisse escalader, moi couvrant son ascension de mes pierres. Bon, par contre on est rentré un peu deg. Oui, les 3 autres étaient des blaireaux. Pour autant on était parti chercher des provisions pour nous, humains, pas nourir les zombies!

Bref, après ça, Ilya et moi on s'est recroisé. J'ai pris l'habitude de squatter chez lui. Une fois il m'a demandé si j'avais pas mieux à faire. Enfin, en moins poli. "Tu pue moins que ma piaule..." Qu'est-ce que vous vouliez qu'il réponde à ça? C'est devenu une habitude, de boire un verre (coupé au 9/10ème d'eau pour moi) ensemble. Ah et depuis quelques semaines, après que je me sois méchamment fait tabassée pour un foutu PIGEON, on se castagne. Parce que les zombacs c'est pas le seul danger du coin...