Tout le succès d'une opération réside dans sa préparation. - Ft Analynn

Tout le succès d'une opération réside dans sa préparation.

Léandre & Analynn

De la frustration, voilà ce que tu ressens. Depuis des jours maintenant, tu n’es plus que ça, parce que tu vois, Analynn, tu as l’impression désagréable de ne pas compter, de ne pas avoir assez d’importance pour être écoutée et toi, évidemment, ça te met en colère. La raison est simple : en vérifiant certains stocks, la semaine passée, tu t’étais rendu compte de différences par rapports aux inventaires qui étaient enregistrés. Bien entendu, tu avais pris le temps de tout recompter, au moins deux fois pour en avoir le cœur net et le résultat restait le même. Il manquait bel et bien quelques rations. Même l’armurerie que tu avais rangée aujourd’hui même semblait avoir été délestée de quelques munitions.

La première chose que tu avais faite lorsque tu t’étais rendu compte de tout ça, ça avait été de parler à Will. Will était ton petit-ami depuis plus de douze ans, maintenant, presque ton mari, c’est d’ailleurs comme ça qu’il était toujours désigné. De par sa position de chef d’escouade, dans la milice, tu t’étais donc imaginée qu’il pourrait faire quelque chose, tu t’étais même engagée à travailler là-dessus, à enquêter en quelques sortes … mais il t’avait ri au nez avant de déposer un baiser sur ton front. « Ne te fatigue pas pour ça. » Voilà ce qu’il avait dit. Et tu avais eu beau insister, en parler, plusieurs fois, le résultat était le même, il n’avait pas voulu prendre les choses sérieusement et s’occuper de ça. Pour toi, c’était grave. Parce que si tu pouvais comprendre le manque de nourriture, la faim qui pousse à voler, tu craignais surtout que ces rations ne viennent à manquer, ou qu’elles ne servent à un quelconque trafic au sein même des murs. Tous les miliciens n’étaient pas bien intentionnés, nombreux étaient ceux qui étaient capable de voler pour s’enrichir. Du coup, oui, Analynn, tu avais décidé de prendre les choses en main, et pour ça, tu avais traîné au QG, prétextant auprès de Will que tu avais encore du travail, il n’avait pas cherché plus loin. Et du travail, en quelques sortes tu en avais, puisque ton plan était d’approcher le chef de la milice, que tu n’avais effleurer du regard qu’une seule fois et qui … n’avait pas forcément très bonne réputation.

Cependant. Hors de question de changer d’idée. Will était le seul « haut gradé » que tu connaissais personnellement, et puisqu’il avait refuser de t’écouter, toi, tu avais décidé d’aller au plus haut, sans même réfléchir au fait que tu pouvais potentiellement tenter d’approcher un chef d’escouade différent parce que toi, tu ne faisais jamais rien à moitié, et jamais dans la demi-mesure, surtout.

A la fin de ton service, après avoir pris soin de remplir une espèce de rapport plus ou moins détaillé, à la main, sur ce qui manque, et sur les différences entre les inventaires et les stocks réels, tu viens cogner deux fois contre la porte du bureau de Stellaa. Non sans une once de stress, surtout aux vues du nom du bonhomme – son lien avec le Gouverneur n’était plus à prouver – tu entres presque aussitôt et après un salut poli, tu viens te placer droite, devant le bureau.

▬ Navrée de vous déranger, chef. Et tu te penches, tu déposes ton rapport sur le bureau. Mais j’ai remarqué quelques anomalies dans les stocks des rations, ainsi qu’à l’armurerie, j’ai donc pensé qu’il fallait que je vous en informe afin que vous puissiez agir.

Et tu es polie, tu choisis tes mots avec précaution, tout le contraire de ce que tu as fais avec Will en somme, pour la même requête, déjà parce que l’homme qui se trouve en face de toi est haut placé, mais aussi parce que c’est ton supérieur, le plus haut possible.

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Léandre & Analynn

Ce n’est pas sans une certaine appréhension, que tu te trouves ici. N’importe qui travaillant pour la milice sait potentiellement à quoi s’en tenir concernant le chef de la milice, parce que s’il impose effectivement le respect, ce dernier n’était définitivement pas réputé pour être un homme des plus délicat … Mais, ça, Analynn, tu t’en fichais complètement. Tout ce que tu voulais, c’était être écoutée, tu étais même prête à prendre la charge d’enquêter au sujet de tout ça, mais tu voulais être entendue, et surtout, être prise au sérieux.

Tu es particulièrement surprise, lorsqu’en entrant, et après avoir expliquer ton cas rapidement ainsi que donner ton rapport, l’homme s’adresse à toi sur un ton qui se veut relativement doux, toi qui t’attendais à faire face à un personnage des plus durs, voilà qu’au contraire, il donne l’impression de vouloir te mettre à l’aise. Après un signe de tête, tu consens donc à venir t’asseoir, et te détendant légèrement, tu t’installes devant ce bureau, sur le siège désigné.

▬ Analynn. Marshall, monsieur. Être autant dans la retenue ne te ressemble pas, habituellement, tu es probablement bien plus directe, mais pour le coup, tu crains qu’un tel comportement ne passe pas, alors, tu restes à la place qui est la tienne. Ce n’est pas la première fois que je remarque des disparitions …

Et tu t’arrêtes, un instant. Si ça ne tenait qu’à toi, tu n’arrêterais plus de parler, pour lui dire tout ce que tu sais, cependant, une nouvelle fois, tu choisis de te freiner, surtout que tout ça est déjà noté, noir sur blanc, dans le rapport que tu t’es permise de lui remettre à l’instant. Alors, tu gardes le silence un instant. Mais juste un instant, parce que, c’est toujours comme ça, avec toi, lorsque tu as besoin d’être écouté.

▬ J’ai déjà tenté d’en parler autour de moi mais … visiblement, ça n’intéresse pas grand monde. Et à ce moment, ton agacement transparaît sans doute un peu trop, d’ailleurs, tu as même détourné un peu les yeux, mais ça ne dure pas, non. Rapidement, tu en reviens à lui. Et tu fronces les sourcils, tout en te penchant légèrement en avant, comme pour appuyer tes paroles. Ecoutez … Léandre, je ne me serais pas permise de vous déranger si ça ne me paraissait pas relativement important et si les crétins qui sont censés s’occuper de ça avait pris la peine d’ouvrir leurs oreilles. Bon. Et bien tu n’auras finalement pas fait preuve de retenue bien longtemps, au final.

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Léandre & Analynn

Tu n’auras finalement pas pu te retenir de donner ton avis, le vrai. Et tes barrières, pourtant installées avec tant d’application n’auront-elles pas tenu cinq minutes devant ton impatience et ton franc parlé habituel. S’il y a bien quelque chose que tu ne supportes pas, Ana, c’est d’être ignorée, ou remise à ta place sous prétexte que tu es une femme, que tu n’es pas très grande, que tu es frêle et que non, malheureusement, tu n’as jamais appris à te battre. Tu as beau être issue d’un milieu que tu qualifierais de privilégié, tu sais aussi que tout ça n’est plus valable maintenant et que si tu ne fais pas parti des héros qui peuplent se district, tu as quand même des choses à faire, et surtout, des choses à dire à ton nouveau. La manière avec laquelle Will avait repoussé, et mis ça de côté avait eu le don de t’énerver, et si tu ne lui en voulais pas directement, il n’empêchait que tu étais actuellement bien remontée, et surtout, bien décidée à lui prouver que tu avais eu raison de te soucier de tout ça. Le meilleur moyen pour ça, était de passer par ce bureau. Léandre était, tu le savais, quelqu’un que l’on écouterait et ne nous mentons pas, tu étais en partie ici pour te le mettre dans la poche, si c’était possible.

A quel prix, cependant ? Si tu n’as pas répondu à ses remarques précédentes, ou seulement par de légers hochements de tête, la question sur l’escouade dont tu fais partie te fais dangereusement tiquer. Tu ouvres la bouche, et puis tu la refermes, si effectivement tu voulais que l’on s’occupe de ton affaire, et qu’on t’offre une oreille attentive concernant tout ça, tu n’avais pas envie de lancer les foudres du grand patron sur ton petit-ami, et si sa première question te met déjà un doute, la suite ne fait que confirmer tes craintes. Subitement, Analynn, tu ne sais plus quoi dire, tu te sens même dangereusement prise au piège entre l’idée de dénoncer l’ignorance de Will face à quelque chose que tu jugeais grave, et celle de passer par une idiote qui se ravise, et d’oublier toute cette histoire pour couvrir les arrières de ton petit-ami de longue date.

▬ Parce que j’estime que tout cela était important et que … une enquête aurait dû être lancée sur le champ. Je me trompe ? Le vol est puni sévèrement, nos— Et tu t’arrêtes, subitement, au beau milieu d’une phrase, parce que tu sais bien que tu ne fais qu’énoncer des choses dont il a très certainement déjà connaissance. Tout ce que je veux, c’est empêcher que ça ne se reproduise et que les personnes qui font ça cessent de s’enrichir par ce biais.

Et tu te tais, un instant. Toi qui étais généralement si sûre de toi, toi qui n’entreprenais jamais rien sans être particulièrement certaine de tes pas, de tes gestes, toi si prudente, tu avais l’impression d’être dos au mur. Il n’y avait rien de plus désagréable que cela. Tu n’avais aucune envie de blâmer qui que ce soit. Aucune envie que Will, ou même d’autres miliciens innocents se fassent taper sur les doigts par le biais de cet homme qui devait l’avouer, te paraissais actuellement fort imposant.

▬ Je n’ai parlé de ça qu’à Will mon … supérieur. Cependant, j’avoue avoir été moins précise que je le suis avec vous ce soir, et surtout, je n’ai aucunement pensé à en référer à un autre que vous après ça. Me débattre en bas de l’échelle n’est pas dans mes habitudes, je préfère … viser le sommet directement.

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Léandre & Analynn

Tu as ce petit soupire, lorsque tu te rends compte que tu viens de fiche en l’air tous tes plans concernant le fait d’avoir une simple discussion calme, et de faire ta requête le plus simplement possible. Chassez le naturel, Analynn, tu connais l’expression, n’est-ce pas ? Encore plus lorsque tu sais que c’est exactement ce qui vient de se passer pour toi. Tu te détends un peu, tu reviens t’appuyer contre le dos de ton siège, enfonçant même légèrement la tête dans tes épaules. Il ne te reproche rien. Tu te serais presque attendu à quelques remontrances concernant ta façon trop directe de t’adresser à lui, qui est ton supérieur, et pourtant, non. Rien. Au contraire. C’est à croire qu’il t’encourage dans cette voie, du moins, c’est comme ça que tu le comprends, et ton regard se fixe sur lui.

▬ Je n’ai pas peur des petites crises de colère de Will. Et tu lèves les yeux au ciel, parce que, Will avait toujours été bien plus doux que toi, de ce côté. Quand de ton côté, tu étais plutôt violente au cours des disputes, et ensuite, carrément rancunière, lui était ce genre d’homme qui élevait la voix sans trop en faire et qui redescendait dans les tours assez rapidement. Alors non, tu ne craignais pas la dispute, tu savais que tu aurais le dessus, de toute façon. Après plus de dix ans à partager la même chambre, on apprend à gérer ce genre de choses.

Tu l’as senti, ce sous-entendu. Si la question n’avait pas été directe, tu l’avais captée immédiatement et ça, c’était ta façon de répondre à ce genre d’insinuation, sans détour, sans cachotterie. Tu te fichais bien d’afficher ça, de toute manière, il lui suffirait de poser quelques questions pour être au courant de ton attache avec ton chef d’escouade. Ce n’était pas un secret. Et tu n’étais pas du genre à avoir honte pour si peu, ni même à te cacher derrière des mensonges inutiles et futiles.

Lorsqu’il se lève, tu le suis du regard, sans aucune gêne, et tu plisses les yeux. Tu ne t’attendais pas à devoir quelque chose à cet homme, tu n’estimais pas lui demander un service, ça n’avait rien de personnel, non … pour toi, tu venais simplement lui donner une clé pour faire son boulot. Et pourtant, tu ne viens pas de placer en défensive tout de suite.

▬ Quel genre de contrepartie ? Tu avouais ne pas bien saisir où il voulait en venir exactement. Le portrait qu’il dressait de toi était relativement fidèle, pourtant, il n’avait rien dit de plus, et tu restes neutre, calme, tu attrapes le verre pour y tremper tes lèvres histoire de goûter à ce que tu penses un instant n’être que de l’eau. Et c’est une bonne question.

Une question qui revenait, parfois, lorsque tu te sentais particulièrement impuissante face à certaines choses. Will se démarquait par son courage, il était capable de se battre lorsque c’était nécessaire, toi, tu te servais de ta tête, de tes charmes, et étrangement, vous mettre en compétition aurait pu s’avérer aussi inutile qu’intéressant, puisque vous étiez si différents.

▬ Mes armes ne sont pas celles que l’on reconnait le plus, au sein de la milice. Aux yeux de beaucoup, je ne suis qu’une petite femme frêle et faible, et peut-être qu’ils ont raison, en un sens. Je n’ai jamais appris à me battre, je ne le ferais probablement jamais. Parce que ce n’était pas toi. Que ça ne te ressemblait pas. Pourquoi cette question ? Songez-vous déjà à m’offrir une promotion, Léandre ?

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Léandre & Analynn

Tu as souris. D’autres auraient pu prendre peur, face à l’attitude de cet homme, mais toi, tu te contentes de sourire, sans prendre la peine, du moins pour le moment de répondre. Il a répondu à ta question par une autre question, étrangement, ça te donne une impression de lutte verbale et ça, évidemment, ça a de quoi te plaire, Ana. Si tu n’avais jamais été de ceux qui savent donner ou rendre des coups, les mots eux, te semblaient être tes armes capables de grandes choses. On aurait pu dire de toi d’ailleurs, que tu avais une sacrée langue de vipère, tant tu étais capable d’être à la fois piquante, mordante, voir venimeuse lorsque tu ouvrais la bouche. En l’occurrence, pour cette fois, tu avais l’impression d’avoir trouvé un adversaire de taille et ça, dans ce monde de bruts, c’était devenu sacrément rare.

Tu prends le temps de boire, à nouveau, quand bien le goût de ce qui se trouve dans ce verre n’a rien d’agréable, d’ailleurs. Et puis, tu t’étires, légèrement dans ton siège.

▬ Et pourquoi pas ? Et là, tu passais probablement pour une véritable vipère, toute entière. Tu n’avais jamais été méchante, ni même du genre à comploter. Cependant, tu savais saisir les bonnes perches lorsqu’on les tendait devant toi si habilement. C’est vous le patron, non ?

Là, tu cherches, Ana. Surtout qu’au départ, tu n’as jamais, non vraiment, jamais songer une seconde à devenir chef d’escouade. Pas la patience. Les épaules, probablement, mais tu n’estimais pas être de ceux qui sont capables de diriger les autres, encore moins de les guider. Will avait toujours été plus apte que toi, dans ce rôle, c’est pour ça que tu n’avais jamais eu la moindre objection quand au fait de lui obéir … peut-être aussi parce qu’il ne t’avait jamais donné d’ordres, de vrais ordres.

▬ Ni l’un, ni l’autre je dirais. Tu poses ton verre sur tes cuisses, tout en fixant droit devant toi, pendant un moment. Lorsque tu relèves la tête, c’est pour reposer les yeux sur lui. Je n’y ai tout simplement jamais songé, mais maintenant que vous le dîtes …

Maintenant qu’il te le propose, surtout, oui. Tu y penses. Tu es même grandement tentée d’accepter sa proposition. Peut-être que ça pourrait te faire du bien, peut-être que tu en as réellement besoin, ou peut-être que c’est simplement un caprice, une envie soudaine, comme une autre. Oui … vraiment, maintenant que c’est dit, tu te perds dans tes réflexions, des réflexions qui sont rapidement interrompues par cette invitation soudaine. Et vivement, tu tournes la tête. Oui, tu es surprise. Très surprise même.

▬ Vous êtes surprenant, Léandre. Tu te redresses, et tu te penches légèrement sur le côté, dans sa direction. Pourquoi cet intérêt soudain ? N’êtes-vous pas censé ne penser qu’à vous-même ? C’est ce qu’on dit de vous. Votre réputation. Vous le saviez ?

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Léandre & Analynn

A cette allure, Analynn, tu vas finir par être mise à la porte de ce bureau avec une interdiction de ne plus jamais y remettre les pieds. Parce que tu le sais, tu le sais même mieux que personne, que généralement, les gens n’aiment pas trop qu’on leur rapporte ce que les gens peuvent bien penser de négatif à leur sujet. Et toi, tu as quand même le culot de le faire. De lancer cette remarque, et avec le sourire, en plus. Heureusement pour toi, cependant, ce Léandre n’a pas l’air d’être homme à prendre la mouche pour si peu. Au contraire. A chaque fois qu’il te répond, il le fait avec aplomb, et ta question n’a que pour effet de le faire rire.

▬ C’est une façon plutôt intéressante de prendre les choses. Mais à ce moment, Ana, tu ne souris plus. Parce que tu si tu te permets bien des choses, tu as su entrevoir qu’il te faudrait aussi très probablement te méfier de cet homme.

Pourtant, tu n’hésites pas une seconde lorsqu’il s’agit de poser ta main dans la sienne et de serrer ses doigts. Tu tires sur sa main pour te redresser, pour te lever à ton tour et lorsque tu es à nouveau sur tes jambes, tu te trouves là, juste devant lui, le visage levé vers le sien, tu penches un peu la tête sur le côté, en souriant.

▬ J’accepte avec plaisir. Toi qui avais pourtant promis de ne pas être longue, de ne pas traîner ce soir et de rentrer tôt, autant dire que c’était raté. Pourtant, tu n’y pensais pas. Mieux. Tu t’en fichais complètement, puisque tu avais cette occasion rare de changer un peu cette routine si pesante pour toi. Oui, c’était ça, accepter cette proposition, entrer dans le jeu de Léandre, c’était mettre du piquant dans ton existence pour le moment si terne.

Tu relâches pourtant bien vite sa main, et tu fais un pas de côté pour aller toi-même reposer ton verre près des autres, sans pour autant l’avoir vidé. Lorsque tu te retournes vers lui, ton sourire à disparu, à nouveau, et tu prends appui contre le buffet, croisant les bras sur ta poitrine, légèrement dubitative. L’homme que tu avais face à toi était clairement loin des clichés que bien des miliciens lui avait coller sur le dos. Réellement, tu le trouvais intriguant, et puisqu’il t’en donnait si généreusement l’occasion, toi, tu étais bien décidée à le creuser autant que tu le pourrais.

▬ Et si nous commencions dès ce soir ? Vous pourriez vous faire une première idée de ce dont je suis capable, qu’en pensez-vous ? A moins que … vous n’ayez pas assez d’énergie pour cela. Être au sommet ne doit pas être facile tous les jours. Et le revoilà ton sourire. Mi moqueur, mi amusé.

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Léandre & Analynn

Tu pourrais presque trouver ça amusant, si chacune de tes paroles ne donnait pas lieu à une espèce de tension inquiète au creux de ton estomac. Parce que oui, Analynn, tu cherches, et oui, tu titilles ses limites, encore et encore, pour le pousser à agir différemment, sans doute, pour voir et analyser ses réactions et puis, pour jusqu’où tu peux aller, toi. Et appuyée sur ce buffet, tu ne lâches pas du regard, tu vas même jusqu’à tenter d’accélérer les choses, tu le brusques un peu, tu le bouscules carrément en vérité. Et forcément, face à ça, il finit par réagir, alors qu’il récupérait tranquillement ses affaires, en silence, voilà qu’il se tourne à nouveau dans ta direction avant de fondre sur toi.

Et tu es là, prisonnière, enfermée entre ce buffet derrière toi, et l’homme qui se tient devant, qui te domine de par sa taille et sa carrure. Le pire, Ana, c’est que lorsqu’il se penche vers toi, lorsque ses doigts viennent attraper ton menton pour te relever la tête … tu lui souris. Toujours ce même sourire, complètement malicieux, et pourtant, au fond de toi, c’est déjà la tempête, ton cœur bat la chamade, et l’inquiétude, la méfiance aussi ont finit de t’atteindre. Pourtant tu es si fière jeune fille, que tu refuses tout simplement de lui montrer qu’il t’impressionne, non, tu continues de faire la maligne, de te cacher derrière ton insolence. C’est pire, tu sais, lorsqu’il approche encore son visage du tiens … tu es même parcourue d’un frisson, et tu sens ton corps trembler légèrement. Pourtant …

▬ Vous aurais-je enfin trouvé, chef ? Ce n’est qu’un souffle, tandis que tu penches légèrement la tête sur le côté. Ne me sous-estimez pas, je sais être endurante quand j’en ai l’envie …

Et puis il s’éloigne, il te libère, et son long manteau vient se poser sur tes épaules avant qu’il ne t’ouvre la porte et qu’il t’invite à sortir de ce bureau. Tu hésites, quelques secondes, et puis tu t’avances, tu quittes la pièce en prenant soin de regarder autour de toi. On ne va pas se mentir, tu t’inquiètes tout de même un minimum des conséquences de tout cela, ce que l’on pourrait dire de toi si l’on te voyait ainsi, sortir de ce bureau, la veste du chef de la milice sur tes frêles épaules. Pourtant, comme souvent avec toi, ça ne dure qu’un temps. Et finalement, sans plus t’inquiéter que cela, tu viens de toi-même t’accrocher à son bras.

▬ A vous de me guider. Surtout parce que tu n’as pas la moindre idée de la direction à prendre, et que tu doutes fortement qu’un homme de son rang puisse vivre avec le peuple, à l’ouest.