Déguisé en être humain pour un semblant d'humanité | Theresa

Le noir. Ça a toujours été ton moment, ton espace, ta couleur. Le noir, c’est synonyme de nuit et d’évasion, c’est le moment où tu es libre et où tu n’as de compte à rendre à personne. Et pourtant, ce noir-là, celui du malaise, il te fait peur, Theresa. Tu n’y comprends rien, tu n’arrives pas à tenir le coup, tu ne peux même pas le rejeter loin de toi. T’es juste là, et tu te sens partir. Et pendant quelques instants, tu espères presque que ce soit la mort, enfin, qui t’arrache de cette vie.

Après, il n’y a plus rien. Ton âme au milieu d’un nulle part sans limite. Et juste l’attente de quelque chose qui ne vient pas. Tu pourrais raconter que tu vois le tunnel blanc. Ou que tu as pu peser ton âme sur la balance des dieux égyptiens. Tu imaginerais facilement berner les gens sur une idée de monde parallèle, qui dure des centaines d’années et qui te permet d’apprendre plein de trucs. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a rien là-bas et que tout ça ne dure que quelques infimes secondes.

En tout cas, c’est ce que tu crois quand tu reviens à toi comme on se réveille d’un mauvais rêve. Tu sursautes dans le lit, tu t’emmêles dans la couverture et quand tu finis par te remettre assise sur la couchette, tu cherches tes poignards. Et tu ne les trouves pas. La panique immense qui te secoue vient graver une expression folle sur ton visage et il te faut regarder autour de toi, prête à en finir avec les dents s’il le faut et tu y trouves Gareth.

« J’suis tombée dans les vapes. »

C’est tout ce que tu trouves à dire quand ton regard vert se pose dans celui, bien trop sombre, de l’homme. Tu ne bouges pas, tu me regardes juste en attendant quelque chose. Les remontrances peut-être ? Et ton visage laisse retomber peu à peu l’angoisse pour prendre un air nauséeux et malade qui n’inspire rien de bon. Tu es dégoutée de ta propre faiblesse.

Lentement, tu bouges sur la couche. Tu te tournes pour t’appuyer contre le mur, assise en travers du lit. Tu te couvres de cette couverture comme si tu voulais cacher une pseudo-nudité qui n’existe même pas en cet instant. Et tu attends le jugement de ton maître. Tu voudrais rester silencieuse, mais, une chose est certaine, Theresa, tu n’as jamais été douée pour attendre.

« Tu m’en veux ? »

Quand la réponse ne vient pas assez vite, autant la demander en face et directement. C’est clairement comme ça que tu fonctionnes.

« Merci d’pas m’avoir jeté dehors. Tu fais une moue étrange, toujours à mi-chemin entre le dégoût et la honte. J’débloque complètement aujourd’hui. Et tu soupires lourdement à cette affirmation. Faut qu’tu m’aides Gareth, je sais plus où est mon nord. »

Et tu fermes les yeux en venant attraper le bout de ton nez dans un geste qui trahit ta fragilité et ta fatigue.