The sun is shining [Archie Rogers]

Le soir, Lili se couchait tôt, le matin, elle se levait à l'aurore. C'est qu'elle était encore une môme même si elle se voyait plus âgée, comme une jeune femme miniature, question de maturité et tout mais d'abord sans ses neuf heures de sommeil, elle avait moins la pêche, or il fallait qu'elle soit en forme toute la journée car chaque jour était un bien précieux ! Puis après l'entraînement du soir avec Bobo, elle aurait eu du mal à veiller tard. Puis il l'entraînait avant de prendre son tour de garde. Bobo était son père adoptif, le meilleur ami de ses parents décédés qu'elle n'avait jamais connu. Il était brut comme on dit, bourru, ronchon comme un ours mal léché et ça c'était dans ses bons jours mais elle l'aimait bien. Il ne savait pas exprimer ses sentiments et puis elle lui devait la vie !

Ce matin, Lili emmenait un gros sac de graine aux champs. Il avait été trouvé dehors et avait passé tous les critères de sécurité. C'était une bonne nouvelle pour la communauté, ça mettrait du beurre dans les épinards, ou des épinards dans le beurre. La jeune fille poussait donc son chariot mais seule ce jour-là alors que d'habitude elle accompagnait une adulte. Arrivée aux champs, elle était surprise en constatant que seul Archie semblait présent et elle s'approchait de lui avec un grand, grand, grand, très grand sourire. Un sourire qui allait quasiment d'une oreille à une autre. Un sourire de world champion !

"Bonjour ! C'est noël avant l'heure !"

Disait Lili en montrant fièrement le sac comme si c'était elle qui l'avait trouvé. Elle ne se souvenait plus où ce type de graines était stocké, voire où il allait être utilisé si c'était une priorité comme elle le pensait. De toute façon, elle n'aurait pas laissé Archie se débrouiller avec, puis on lui avait fait comprendre en cuisine qu'elle devrait observer et aider aux champs ce matin. Seule avec le garçon, cet ordre prenait assurément des airs de cadeau. Par contre, le chariot était plus dur à pousser sur le sol meuble des champs et l'aide d'Archie serait la bienvenue !

Ce matin tout s'était bousculé, maman avait de la fièvre et devait rester au lit. Jackie quant à elle était partie lui chercher des médicaments, elle s'était pressée, car elle avait toujours peur pour son amie. Elle avait néanmoins oublié que Mitch avait découché pour aller chez des amis. Je me suis donc très vite retrouvé seul, je finissais mes céréales et allait me changer avant de rejoindre les animaux. J'allais leur faire faire quelques tours d'enclos avant de leur donner à manger, ils mangeaient mieux comme ça et moi ça me permettais de me défouler un peu. J'avais toujours trop d'énergie le matin.

Je faisais donc mon job tranquillement parlant aux boucs et aux cochons sauvages, je leur avais donné à tous des noms cool. Les noms des personnages des livres que ma mère me lisait le soir. Le plus petit des cochons s'appelait Harry Potter, il est né avec un groin un peu fin et a du mal a manger tout seul alors je l'aide. Au bout de deux heures à m'occuper des bêtes j'allais près du cadrant solaire que Jackie avait dessiné par terre pour voir quelle heure il était, 7 heures... c'était l'heure d'aller défricher les mauvaises herbes dans le champ, pour éviter de contaminer les plantations. Je déteste faire ça, c'est trop nul, mais bon comme dirait tonton Mitch "quand faut y aller, faut y aller".

J'étais en pleine corvée quand j'entendis des roulettes, un chariot probablement je me retournais et voyais Lili. Je lui fis des grands signes de bras, et lui offrais un joli sourire. C'était une des seules personnes de mon âge au district, et en plus elle aime jouer à chat, au voleur et au milicien et a tout un tas d'autres jeu cool.

"Bonjour ! C'est noël avant l'heure !" dit-elle. Je grimaçais alors, car ici quand on parlait de noël on parlait aussi de dieu et de tout ces trucs barbants. Puis j'aperçus le contenu du chariot et ma grimace se transforma de nouveau en sourire.

"Des graines ! Trop bien !"

Je n'allais pas pouvoir travailler tout de suite avec car même si j'apprenais à lire, je ne connaissais pas encore tous les mots de la ferme. Et je ne savais pas si c'était des graines pour nourrir les animaux ou alors des graines à planter. De plus la terre ici est difficile à pratiquer alors si c'est des graines à planter faut que tata Jackie nous dise si c'est possible.

"Dis t'as encore des choses à faire ou tu me tiens compagnie ?"

J'avais encore quelques corvées mais d'ici un peu plus d'une heure je pourrais jouer si je trainais pas la patte.

Lili était inquiète quand Archie grimaçait après ce qu'elle avait dit sur le noël avant l'heure parce que si le garçon était seul aux champs, c'était peut-être à cause d'un problème aux champs, voire un problème familial, voire les deux ! Puis il souriait à nouveau alors ça allait. La petite blonde était soulagée.

"C'est pour les cultures."

Disait-elle parce qu'au final, ça n'était pas si évident que ça. La jeune fille connaissait Archie depuis un peu moins d'un an parce qu'ils n'étaient pas dans le même quartier avant et aussi parce que pendant longtemps, Bobo avait eu tendance à la surprotéger sans en donner l'air. En fait, elle n'avait pu parler que quelques minutes en tout au garçon parce que sa maman avait aussi à cœur de l'entourer même s'il lui avait dit qu'il vadrouillait dans le district dès qu'il le pouvait. Il savait qu'ils avaient tout un temps de jeux en commun mais avaient à peine eu le temps de s'y adonner.

"Je viens aussi te donner un coup de main. Des "corvées" comme ça, j'en voudrais plus souvent !"

C'était évidemment sincère. Lili appréciait de se retrouver ainsi en compagnie d'Archie même s'il donnait pour sa part l'impression de la voir comme une pote, et ça c'était moins bien. En cuisine, au réfectoire, la jeune fille entendait les grandes personnes se parler et elle avait l'ouïe, elle entendait même si bien qu'une fois une des cuisinières âgées lui avait en souriant qu'elle était comme super Jaimie. Lili ne connaissait personne de ce nom au district même si c'était sûrement un surnom. Elle avait donc souri pour être polie parce que les vieux avaient tendance à perdre la boule, se mettant ainsi en mode "c'est pas faux" mais là encore, elle ne voyait pas à quoi ça faisait référence. In that case, une femme s'était un jour plaint d'avoir été "friendzonée" par un homme avec qui elle aurait aimé être intime. La "friendzone", c'est quand on devient amie avec quelqu'un qui ne vous considère plus que comme ça ensuite, même si c'était parait-il une technique de drague, se faire passer pour un ami pour "aller plus loin" ensuite, sauf que la plupart du temps le rusé ne sortait pas de la "friendzone". Du coup ça n'était pas si malin que ça.

"Tu pourrais me montrer ta fameuse danse à la pause."

Disait-elle en lui faisant un clin d’œil.