Le pardon est la plus belle fleur de la victoire. - Ft Aedan

Fuir. Fuir. Fuir. Tu passais ton temps, ta vie même, à fuir en ce moment, Aedan. Et ces derniers temps, plus que d’ordinaire, tu finissais par regretter le moindre de tes faits et gestes. Pour commencer, tu regrettais très amèrement d’avoir oser embrasser cette fille. Premièrement, tu avais ta petite fierté, et voir ton pas en avant, ton effort pour être plus humain, plus ouvert, ruiné, balayé de la sorte avait été un coup dur. Et puis, la douleur était vive, encore. Plus encore que de fierté, il s’agissait là de véritables sentiments qui, tu en avais l’impression du moins, s’étaient trouvés trahis et piétinés sous tes yeux.

Ensuite, tu regrettais d’être monté sur ce fichu mur, lors de l’attaque de ces marcheurs. Tout comme tu regrettais d’avoir été assez stupide pour laisser ton abruti de cousin te tomber dessus et t’entraîner avec lui. Tu regrettais même d’avoir éliminer ce marcheur qui avait commencé à faire courir un vent de panique sur les murs … parce que depuis, les témoins de ton élimination si rapide et si nette ne cessaient de venir te trouver pour simplement te voir, te serrer la main, ou pour échanger quelques mots. En somme, rien de grave. N’importe qui aurait apprécié être connu et reconnu pour un tel fait d’arme. Toi, ça ne servait qu’à t’agacer. N’importe qui venait maintenant piétiner ton espace vital et tu en avais eu tellement marre, après seulement un jour ou deux, que tu avais finis par aller poser tes affaires dans la vieille bicoque des Hastings en te disant qu’au moins, ici, personne n’oserait venir te chercher ou te déranger.

Et c’était le cas. Tu avais posé tes affaires dans un coin, et même allumer la vieille cheminée. Si tu avais entendu des gens parler de la fumée qui s’échappait de la cheminée avec inquiétude, personne n’avait oser entrer ici pour vérifier ce qui pouvait bien se passait et franchement, ça t’arrangeait. En plus. Une fois n’était pas coutume, tu avais pu compter sur Léandre. Il avait tenu parole et deux belles bouteilles ambrées trônaient maintenant sur le plancher, à côté de ton vieux sac. Le plus étonnant dans tout cela, était qu’aucune d’entre elles n’avait encore été ouverte.

Soupirant, tu balances une branche bien sèche, bien épaisse dans les flammes. Cette maison avait toujours été particulièrement fraîche, et tu savais que la nuit qui approchait serait des plus froide. Tu avais anticipé. Mais alors que tu te pensais tranquille … voilà que subitement, la porte s’ouvre à la volée. Et franchement, Aedan, à ce moment précis, tu es littéralement à deux doigts de perdre les pédales. Sauf que tu tournes la tête. Lentement. Et tu la vois. Elle reste là, plantée un instant devant toi avant de se jeter dans tes bras, en pleurant. Et tu n’y comprends rien. Tout ce que tu sais, c’est que sa présence est aussi bénéfique que brûlante. Elle te sert contre elle de toutes ses forces, et finalement, tu viens poser une main en haut de son dos, frottant légèrement.

▬ Qu’est-ce que tu fais ici ? Soupires-tu, en baissant un peu les yeux sur elle. Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Elle continue de te serrer contre elle, et toi, Aedan, tu ne bouges pas. Tu restes parfaitement immobile, même ta main, celle qui s’est posée en haut de son dos à cesser de bouger, et alors qu’elle semble serrer toujours plus fort, toi, tu es parfaitement stoïque et silencieux. Tu l’écoutes, oui. Parce que tu es curieux de savoir ce qui peut la mettre dans un tel état, mais c’est tout. Tu comprends sa panique. Tu comprends maintenant pourquoi elle pleure. Tu comprends la peur qui se trouve dans son regard, lorsqu’enfin elle recule. Pourtant, tu restes neutre, complètement impassible face à elle. Tu as même l’audace de soupirer, de passer une main sur ton visage.

▬ Dieu n’a rien à voir là-dedans. Dis-tu simplement. Parce qu’évidemment, tu considères que tu ne dois ta propre condition qu’à toi-même. Tu n’as jamais été très croyant, de toutes façons. Pour toi, la religion était une affaire d’un autre temps. Quelque chose de complètement dépassé.

Et au fond de toi, Aedan, tu pourrais admettre qu’elle te fait de la peine. Et tu sais quoi. Tu l’admets, en réalité. Elle te peine. Elle te touche. Elle y arrive, elle y arrive même trop bien. Ses larmes. Ses yeux rougis. Sa peau rougie. Tout ça parvient à t’atteindre mais … mais tu te refuses à sombrer, encore une fois. Tu te refuses à t’ouvrir, une fois de plus. Tu refuses de souffrir une seconde fois, parce qu’une fois, c’est de l’ignorance, mais deux fois c’est de la bêtise. Et tu n’as jamais été bête. Tu sais parfaitement que si tu commences, si tu ouvres la porte une fois de plus, tu ne parviendras pas à te limiter, tu vas avoir tendance à aller trop loin, encore, parce que tu te connais sombre crétin, tu ne fais jamais les choses à moitié. Du coup, quand elle pose sa question, tu souffles un grand coup.

▬ Va-t’en. Tu es probablement un peu froid, en tout cas, tu es direct. Il n’y a pas d’animosité, pas de colère. C’est plat. Parce que, c’est bien là tout ce qu’elle peut faire de mieux. Rentre chez toi.

Tu te blesses, seul, comme un grand là. D’ailleurs, tu es rapidement dans l’obligation de te détourner, et tu retournes te places face à la cheminée, en silence, et tu fais mine d’agiter les braises, de pousser la branche sèche un peu plus loin dans la cheminée. Tu ne tournes plus la tête, en tout cas, probablement de peur de constater qu’elle a pu simplement t’obéir.

Elle n’est pas partie. Tu l’as pensé, durant un instant, le silence était tout simplement retomber dans la maison, et pourtant, après quelques longues minutes, elle revient vers toi. Elle s’abstient cette fois de te serrer contre elle, pourtant, elle vient quand même chercher un contact en s’installant juste derrière toi, son dos collé contre le tiens. Tu ne dis rien, Aedan. Tu n’insistes pas, et tu ne réitères certainement pas ta demande précédente. Probablement parce qu’au fond, tu n’as pas réellement envie de la voir partir.

Puis elle se remet à parler. Et comme tout à l’heure, tu ne bouges pas, tu ne dis rien, pas un mot. Tu l’écoutes pourtant, avec plus d’attention qu’elle ne doit se l’imaginer. Tu t’abstiens même de lui dire à quel point tu es d’accord sur certains points, à quel point d’autres sont erronés. Tu te retiens de lui dire que tu ne peux pas réellement lui en vouloir de t’avoir repoussé parce qu’en l’occurrence, c’est toi, qui a dépassé la limite. Deux fois. Tu ne lui dis pas non plus que tu l’écoutes volontiers. Ni même à quel point tu peux comprendre sa réaction après avoir entendu son histoire. Tu avales ta salive difficilement, cependant, tout en fixant les flammes dansantes. Tu ne fais pas le moindre commentaire sur l’amour qu’elle évoque … tu respectes ses pauses, les moments durant lesquels elle respire. En revanche, tu t’apprêtes à la corriger, lorsque parle de ton absence de sentiments, lorsqu’elle vient une nouvelle fois avancer que tu n’as fais que te moquer d’elle, mais … elle évoque Léandre et toi, en entendant cette dernière phrase, c’est plus fort que toi, tu ne peux pas t’empêcher de laisser échapper un ricanement moqueur.

▬ Léandre est un imbécile. N’écoute jamais cet homme, il est incapable de voir la véritable valeur des gens qu’il croise. Ce n’est jamais qu’un Stellaa … après tout.

Tu ne cesseras jamais de dénigrer ta famille, n’est-ce pas ? Pourtant si tu étais un peu honnête, tu avouerais volontiers que tu demeures attaché à ces gens-là, d’une certaine façon. Même si tu continues de penser que ton cousin à de sérieux problèmes. Ça te fait soupirer en tout cas. Et puis, tu tournes finalement légèrement la tête pour apercevoir la chevelure, derrière toi. Tu le savais, que si elle restait, tu allais sombrer dans la bêtise. Et tu le sens. C’est exactement ce qui est en train de se passer.

▬ Je ne me suis pas moqué de toi. Finis-tu par avouer avant de te redresser, d’attraper sa main, et de la tirer avec toi, contre toi. Tes doigts viennent prendre place sous son menton, tu lui relèves le visage. Je n’avais jamais embrassé personne, avant toi. Ça ne m’était jamais venu à l’esprit.

Et tu finis par la relâcher. Tu recules, tu t’éloignes … simplement pour aller refermer la porte de la maison jusqu’ici restée ouverte.

▬ J’espère que tu ne crains pas les esprits.

Tu secoues la tête en rejoignant cette porte. Sérieusement, hein, comment des gens pouvaient encore s’imaginer que Léandre était un atout pour ce District ? Tout comme ta famille d’ailleurs. Ton père en particulier avait de quoi te faire honte et c’était bien pour ça que tu avais toujours tout fait pour te détacher de ces gens au maximum. A l’exception des gens qui étaient encore capable de faire le lien entre toi, et les Stellaa, personne ne connaissait ton nom. Dans la rue, tu restais Aedan, Aedan tout court. Et c’était largement suffisant, à tes yeux.

▬ Ne dis pas de bêtises. Aucune animosité. Tu es même relativement doux dans tes mots, étonnamment. Léandre est riche, et il est intelligent … quoi que, je me le demande parfois. Mais c’est tout ce qu’il est. Il ne fait que profiter de sa place au sommet, tout comme le Gouverneur et crois moi, je sais de quoi je parle.

Tiens, Aedan qui déballe ses opinions politiques. Ça avait de quoi faire sourire, voir même rire quand on savait quel genre d’homme, si secret et relativement neutre tu étais d’ordinaire. Mais ça t’agace, vois-tu, de constater que certaines personnes pensent encore naïvement que leur vie dépend de gens comme ton cousin, ton père, ou même ton frère. Ce ne sont pas des hommes mauvais, mais ce ne sont pas non plus des hommes que l’on pourrait qualifier de bons. Ils sont bons leaders, certes – ton frère et Léandre, du moins – mais ça s’arrête là.

Et tu soupires, tout doucement en t’arrêtant lorsqu’à nouveau, elle vient se placer devant toi. Tu t’apprêtes à lui dire qu’il n’y a pas réellement de fantômes, que l’endroit est même relativement calme, mais elle te prend de vitesse avec sa question et pour le coup, tu détournes les yeux. C’est une bonne question, tu ne trouves pas ? Peut-être que tu as dis tout ça pour te justifier, ou alors était-ce un moyen de simplement lui faire comprendre que non, tu ne t’étais moqué d’elle avec ce baiser. Qu’il avait été … non. Il n’avait pas été réfléchi, mais tout de même, il n’était pas anodin, de cela au moins tu étais certain. Ouais. Mais aucun mot ne vient, rien ne sort, et tu la laisses t’approcher, te toucher, se hisser, et tu la laisses même t’embrasser.

Lorsque ses lèvres touchent les tiennes, tes bras se referment aussitôt sur elle, et tu l’attires à toi, tu la presses contre toi, là, dans la tranquillité et le secret de cette vieille maison, tu la captures complètement tout en répondant à ce baiser. Elle est timide. Elle est douce. Elle est hésitante. Mais toi, tu te rends compte rapidement que tu as si faim de ses lèvres que tu ne peux t’empêcher de preuve d’une certaine avidité qui finalement te ressembles bien. Elle t’attire. C’est comme ça. Et la sentir si proche de toi, contre toi, savourer le goût de ses lèvres te fais en prendre pleine conscience. Tu vois, Aedan, si tu ne te résonnais pas un minimum à ce moment précis, tu pourrais pensais à la faire tienne ici et maintenant.

Tu vas trop loin, et surtout, tu vas trop loin et bien trop vite. Mais ce baiser te rend littéralement fou, fou de désir, et si tu ne t’imaginais pas être ce genre d’homme, à l’évidence, avec elle, tu l’es, à l’évidence, tu as faim de cette jeune femme comme jamais, et vos lèvres les uns contre les autres réveillent cette envie, ce besoin, tu as envie de la toucher, plus encore, si tu le pouvais, tes mains viendraient caresser sa peau sans se soucier outre mesure du tissu qui couvre son corps.

Tu t’es rendu compte de ses tremblements. Malheureusement, tu l’avoues, tu prends ça pour l’opposé de ce que c’est réellement, et ça ne t’arrêtes pas le moins du monde. Il faut qu’elle recule, pour reprendre son souffle, pour que tu cesses de te laisser aller, pour que tu reprennes un peu le dessus, et pour que tu te rendes compte, enfin, que c’était probablement déjà bien trop pour elle. Ses yeux sont à nouveau humides de larmes, et elle te pousse jusqu’à ce que ton dos cogne la porte d’entrée de la maison, elle s’accroche à toi, sans te lâcher une seule seconde avant de venir se réfugier dans ton cou.

▬ Qu’est-ce que … tu racontes ? Et tu te rends compte, à ce moment précis, que si tu as un souci avec ce genre de rapprochement, tu n’es certainement pas le seul. Tu n’es … Je ne te forcerais à rien, j’ai …

Et là, ça te frappe. Oui. Parce que, Aedan, si tu n’as jamais été très fort pour comprendre le genre humain, tu as en revanche toujours été doué d’une certaine intelligence. Et tu sais analyser un problème, tu sais assembler les pièces d’un puzzle pour y voir clair. Et en l’occurrence, celui qui se trouve sous tes yeux n’a rien de bien joyeux. Alors tu soupires, et plus délicatement, tu viens l’entourer de tes bras pour la serrer contre toi. Tu gardes le silence, un moment, ignorant de ce que tu dois faire, de ce que tu dois dire pour l’apaiser. Tu n’es pas adepte des grands discours. Tu n’as jamais su comment rassurer quelqu’un, encore moins dans ce domaine particulier alors, finalement, tu choisis d’être toi-même et d’aborder la chose comme tu le ferais avec n’importe quoi d’autre. De façon … complètement directe.

▬ J’ai envie de toi. Bon, voilà qui est fait. Bravo, Aedan. Les pieds dans les plats, tu n’aurais pas pu faire mieux là. Tu m’attires, tu es comme un aimant, et j’ai envie de continuer à t’embrasser et … Et stop, tu ne vas pas lui faire un dessin. Mais jamais je ne te forcerais à quoi que ce soit. Ce n’est pas … Je ne compte pas te rejeter, Kaelyne. Et tu l’éloignes de toi, son visage entre tes mains, tu balayes quelques larmes. C’est quand tu le voudras, et si tu le veux. Cesse de t’inquiéter j’ai … je me suis laissé emporter parce que … Excuse-moi. Je ne voulais pas t’effrayer.

Tu n’as probablement aucun tact, et ce n’est pas faute d’avoir reçu une éducation stricte et sérieuse, Aedan, tu es encore un ignorant sur bien des sujets, dont celui qui vient te troubler l’esprit aujourd’hui. Parce que, disons les choses comme elles sont, si ton frère ainé a toujours été du genre tombeur de ces dames, s’il a toujours ramené tout un tas de minettes agaçantes à la maison, toi, tu n’as jamais vu l’intérêt de tout ça. Un gaspillage de temps et d’énergie, pour un résultat … dérisoire, voir inexistant, voilà ce que tu avais toujours pensé de ces choses-là. Parce qu’évidemment, un jeune homme dans ton genre, pensant probablement tout savoir et n’ayant jamais désirer s’essayer aux jeux de l’amour et de la séduction n’avait jamais pris la mesure d’un désir comme celui que tu pouvais ressentir à l’égard de cette jeune femme.

Tu n’étais pas crétin, loin de là. Tu savais ce que ton corps était en train de réclamer, en revanche, si tu voulais éviter de lui mentir, si justement, tu voulais en fait être le plus honnête possible, tu manquais cruellement de vocabulaire ou de savoir faire à ce niveau. Comment lui faire passer le message, le plus simplement possible ? En lui disant clairement la chose. C’était du moins ta solution idéale. Et pas une seconde, tu ne te dis que tu vas lui faire peur, à être finalement si direct, si cru.

▬ Ne t’excuse pas.

Et ce n’était pas que tu ne voulais pas de ses excuses, ou que tu trouvais ça ridicule, non. Le fait est que pour le coup, tu savais être responsable de son trouble, elle avait eu peur, tu avais été trop loin, trop vite, et après lui avoir demander de partir sur un ton aussi sec, précédemment, elle était en droit, tu le savais, de se poser des questions quant à tes intentions. En réalité, tu la trouvais même particulièrement prudente et intelligente pour ça.

Et si tu es franc, si tu es direct. Si tu sais t’exprimer clairement et que visiblement, tu sais te préserver de la gêne, les paroles qui suivent elles viennent littéralement te bousculer. Ces quelques mots te secouent un grand coup, et tu ouvres grands les yeux, comme un enfant qui découvre les choses de la vie de manière … soudaine et brutale. C’est une déclaration qu’elle vient de te faire, et toi, tu ne trouves rien à répondre. Tu ne te sens même pas capable d’en faire autant. Et tu l’admires, autant qu’elle est en train de te faire peur, oui. Te faire peur. A toi. Parce que sur ce terrain, elle est bien meilleure que toi, c’est une évidence. « Je t’aime. » … Ce sont des mots si simples et si complexes pour toi. C’est comme s’ils n’existaient pas dans ta langue, comme si tu devais subitement en parler une autre, complètement inconnue, et tu te retrouves à douter. Pas d’elle. Ni de ce que tu as au fond de toi. Pas même des sentiments que tu penses ressentir à son égard, non. De toi. Encore. Toujours. Dans ta bouche, c’est comme si à tous les coups, ces mots là ne pourraient que sonner faux. Tu n’as jamais eu l’impression d’être aimé, Aedan, alors comment pourrais-tu prétendre pouvoir aimer quelqu’un ?

Alors, à la place, c’est ton corps qui agit. Comme souvent. Et alors qu’elle est déjà si proche de toi, tes bras viennent l’entourer, et tu la sers contre toi. Ce n’est pas une étreinte fiévreuse ou colorée de désir, non. Tu te contentes de l’envelopper toute entière et de la coller contre toi, comme si tu tentais de lui dire que tu voulais la garder là, avec toi, comme si tu tentais, maladroitement sans doute, de lui dire que tu l’aimes, à ta manière, parce que tu n’es après tout qu’un vieux crétin d’alcoolique, pas vraiment au point sur les sentiments et les émotions.

▬ C’est trop dangereux d’être avec moi. Et ça Aedan, ce sont les mots que tu tentais à tout prix de retenir, mais qui devaient s’échapper. Tu la veux. Tu veux qu’elle t’appartienne. Mon pauvre vieux, si tu pouvais l’enfermer avec toi dans cette maison, tu le ferais mais … ta vie est misérable, ta famille est un poison, tu n’es probablement pas une bonne personne et tu n’as aucune envie de souiller l’éclat de cette femme, quand bien même tu la désires. Tu ne sais pas … ce que je suis …

Tu n’as jamais eu une très haute opinion de toi-même. C’est un fait. On pourrait croire le contraire, quand on connait ta famille, parce que ton père est quelqu’un qui a toujours eu tendance à s’aimer énormément. Rohwan avait suivi sur ce chemin, différemment, mais tout de même. Même Lucian avait confiance en lui, et ses capacités mais toi. Toi, Aedan. Malgré toutes tes réussites, tu continuais, encore et toujours de te trouver des défauts, de te penser sous la barre de l’acceptation. Tes limites, mon vieux. Il fallait voir tes limites. Une barre fixée bien trop haute, toujours plus haute, continuellement.

Alors tu doutes. Tu doutes toujours de toute façon, mais pour le coup, tu te poses bien trop de questions et ça, tu le sais. Même si, jusqu’ici, tu l’as toujours fait, tu te demandes si tu parviendras à la protéger. Si tu en es capable, sur le long terme. Est-ce qu’elle te supportera ? Toi et ton caractère. Oh, bien sûr, ça n’avait posé de soucis jusqu’alors, mais, les circonstances étaient devenues bien différentes. Et puis. Surtout. Tu te savais menacé. Il y avait cette épée de Damoclès, au-dessus de ta tête, en permanence, une épée qui portait le nom de ta famille, de ton père pour être plus précis. Un père qui t’enfermerait à double tour s’il avait l’occasion de te remettre la main dessus, et qui te forcerais à épouser cette jeune femme de bonne famille dont tu avais vaguement entendu parler à l’époque. Non. Vraiment. Il y avait bien trop de paramètres négatifs et si, à ta place, n’importe quel homme se serait contenter de profiter de la présence de Kaelyne, d’être heureux d’être celui pour lequel son cœur bat, toi, tu n’y parvenais pas.

Et tu aimerais la croire. Vraiment. Tu crois pouvoir imaginer, ce qu’elle peut voir en toi, ce que toi, tu ne vois pas. Mais tu ne trouves rien à redire, alors, tu te contentes de baisser les yeux. Vraiment, tu es probablement le pire des hommes dont elle aurait pu tomber amoureuse, et ça, ça a le don de te mettre en colère. Une colère qui gronde, à l’intérieur, mais qui ne déborde pas, simplement parce que son contact, celui qu’elle maintien, parvient à la contenir.

▬ Tu m’as posé des questions sur ma famille, la dernière fois. C’est eux, le poids que je porte. Et j’ai fais la bêtise de trop m’exposer ces derniers temps…

Tes mains se lèves, viennent se poser sur ses poignets que tu attrapes délicatement, sans pour autant écarter ses mains de ton visage, tu tournes juste un peu la tête, pour venir déposer un baiser sur l’un de ses poignets. Maintenant, tu regrettais un peu beaucoup de t’être laissé emporter, de t’être mêlé de cette histoire de marcheurs anciens. A cause de tout ça, tu t’étais retrouvé face à Léandre, et si tu connaissais relativement bien ton cousin, tu n’étais toujours pas en mesure de prévoir ses actions, autrement dit, tu te demandais encore s’il allait, ou non, te balancer à ton père.

▬ Stellaa. C’est mon nom de famille.