Dying is easy young man living is harder // Colebee

Uni comme les doigts d’une main, comme un ensemble parfait, des jumeaux juste non nés dans le même ventre, une paire parfaite. C’est comme ça qu’on vous a toujours décrit avec Hadassa. Avec seulement deux mois de différence, vous avez toujours été un ensemble dans la troupe de cirque où vous êtes né. Une évidence pour tout le monde, même pour vous deux. Elle est ta sœur, ta meilleure amie, une part importante de ta vie et jamais rien ne le changera.

Enfin, presque.

Ton père est dresseur, ta mère trapéziste, toi tu oscilles encore entre les deux. Un savant mélange des deux certainement pour des numéros incroyables selon le chef de votre troupe. Vraiment, tu avais une vie toute tracée là-bas. Un cocon de vie qui ne te demandait pas d’effort incroyable pour être accepté, parce que là était ta place.

Enfin, presque.

Tant pis pour tes mots qui sortent sans filtre de ta bouche. Tant pis pour ta sexualité qui ne fera jamais de toi un géniteur. Tant pis pour ta façon de ne pas savoir mentir et piquer bien trop souvent là où ça fait mal sans même le vouloir. Tant pis pour les sentiments de Hadassa qui aurait voulu plus que le tout que vous êtes. Elle surmontera ça.

Enfin, presque.

Vous n’aviez que 13 ans quand toute votre vie à tout les deux est partis en vrille. Le matin tout allait bien, le soir il n’y a plus que des marcheurs dans tout le camp du cirque. Tous sauf vous deux au final. Pour une fois l’une de vos excursions vous a sauvé la vie. Le fait d’être un peu dans votre bulle à vous aussi. Tout à sembler aller si vite alors que les transformations ont été si longues en réalité. Quatre heures entre les morsures et le fait de devenir un monstre. Vous fuyez tous les deux ensemble, comme toujours. Encore plus unis que jamais. Désirant vivre plus que tout.

Enfin, presque.

Ce fut long et difficile et vos esprits étaient de plus en plus vrac à chaque pas en avant vers un espoir pour vivre en paix. Elle s’accrochait de plus en plus à toi et toi tu pensais que c’était normal. Tu es son point d’ancrage dans ce monde comme elle est le tien. Vous êtes une famille dans ce chaos. Il aurait peut-être été bien de voir bien avant votre définition à chacun de famille. Qu’importe, vous survivez, apprenez, êtes débrouillard et avec une certaine rage au ventre pour toujours avancer et aller de l’avant. Si la perte des vôtres et de votre monde ne vous a pas détruit, rien ne vous détruira.

Enfin, presque.

Trouver Hopecity fut, sans mauvais jeu de mots, un souffle d’espoir en vous deux. Surement plus en toi qu’en elle, mais tu nous portes à deux depuis si longtemps que tu ne fais plus attention au fait que rien n’est comme avant entre vous. Surtout que sa raison et ses priorités sont bien loin des tiennes depuis bien longtemps. Elle est morte quelque part en même temps que le reste de votre troupe et tu déplaces avec toi un monstre se cachant sous sa peau d’agneau. Peu importe, maintenant plus en sécurité derrière des murs tout ira mieux.

Enfin, presque.

Vous vivez encore ensemble, même si elle s’est mise à sortir de plus en plus pour trouver les contacts physiques que tu ne lui donneras jamais. Elle sourit, elle doit être heureuse, tout du moins c’est comme ça que tu le comprends. Il n’y a jamais eu de secret entre vous, de ton côté en tout cas, alors tu te dis que si ça allait mal elle te le dirait. Maintenant vous allez pouvoir vous reconstruire et vivre.

Enfin, presque.

Il y a eu ce gars. Il te ressemble physiquement, pas niveau du caractère, mais il a complètement retourné le cerveau d’Hadassa. En tout cas ça en a tout l’air, à moins que ça soit l’inverse. Elle semble heureuse alors tu veilles de loin, heureux pour elle. Tout allait bien, sauf qu’elle revint en larme un soir. Elle est enceinte, de lui, il n’a pas accepté l’enfant dans l’apocalypse ambiante et se trouver des capotes avait été le dernier de leur souci. Il est parti, elle te l’assurer, il a fui ses responsabilités qu’elle te pleure. Elle l’a poussé dans les marcheurs maintenant qu’il avait accompli son rôle de géniteur, mais ça tu n’en sais rien. Elle a besoin de toi, elle est si fragile.

Enfin, presque.

Elle ne veut pas nommer l’enfant, te laisse le faire. Une manière de t’attacher encore un peu plus. Elle tisse sa toile et toi tu ne vois rien avec Hope, un si beau garçon, entre tes bras. Tu seras son père et elle sera sa mère, elle voudrait le couple qui va avec, mais toi tu ne le veux pas, jamais. Elle n’a pas les bons attributs et même, tu ne l’aimes pas ainsi. Elle est ta sœur et ça ne lui suffit pas. Mais elle est patiente, tu viendras à elle si elle attend encore un peu.

Enfin, presque.

Tout s’enchaîne si vite. Une infection dans le havre de paix. Hope d’à peine un an dans tes bras et Hadassa qui court à ta suite. L’horreur reprend, mais ça ne t’étonne même pas. Vous aviez prévu des bagages pour partir à tout moment. Trop l’habitude de voyager, trop perdue avant, une maison est quelque chose qui se détruit comme un château cartes au moindre coup de vent. La fin du monde c’est un ouragan constant. Dans le district un il y aura un moyen de s’en sortir à nouveau. Vous y croyez.

Enfin, presque.

Elle a voulu plus. Beaucoup plus. Tu as dit non, mais elle a insisté. Tu ne veux pas la blesser, mais tu ne le veux pas non plus. Elle utilise larme, culpabilisation et des armes que tu ne savais qu’elle pouvait avoir dans son corps de poupée. Tu la repousses, mais est-ce que tu fais bien ? Est-ce que ce n’est pas de ta faute ? Est-ce qu’elle n’a pas un peu raison ? Tu es un homme, tu aurais peut-être dû lui donner ce qu’elle voulait. Peut-être que tu n’aurais pas vu de différence le lendemain. Pas comme là où tu te sens plus vraiment à l’abri de certain contact qui te font grincer des dents. Ce n’est pas grave, tu vas juste oublier et quand tu reviendras de ta sortie dehors avec ce jeune chien que tu as trouvé tout ira bien.

Enfin, presque.

Elle n’est pas là. Il y a une lettre sur la table et Hope qui te fixe avec les yeux plein de larmes. Elle est partie et quelque part il y a un soulagement en toi. Tu te dégouttes de ressentir ça. Elle est ta famille, ta meilleure amie, celle qui te connaît mieux que personne. Celle qui peut te détruire le plus facilement.

Ça, c’est certain, mais il faut vivre.

Pour Hope et Luck.

Pour toi aussi un peu.