Midnight Sonata ft. Nashawn

☣ Date d'inscription : 29/09/2019

Midnight Sonata

Ilya ft Nashawn

Au sein des murs du district n°1 le temps filait, à tel point que nous commencions à perdre toute notion de celui ci. Je finissais mon bouquin, un truc absolument nul à chier que j’ai choppé à la “bibliothèque”. Mais bon les passe temps se faisaient rares, et il fallait faire avec ce qu’on avait, Livre nul ce sera... avais-je pensé. Je regardais par la fenêtre il faisait encore jour bien que le soleil commençait à décliner. Bien que je n’étais pas de service je décidais de faire un tour des lieux. Au pire, pas d’incidents, au mieux un peu d’action dans cette cage qui nous sers de refuge. Le top du top serait une bonne baston, prendre un ou deux coups et sentir le sang de l’ennemi couler le long de mes mains. Un moyen comme un autre de se sentir vivant.  

Lorsque je sortais de la résidence je fus surpris de voir qu’il y avait de l’animation en ville. Une brocante, enfin plutôt un marché. Ah c’est donc ça ... Le maire a du mettre a disposition les merdes inutilisées pour se faire mousser. Pathétique... Je parcourais les rues sans but réel et observais avec attention le spectacle de la misère humaine. Des gens misérables réduits au statut de parasite, dépendants des plus forts sans moyen réel de survie. On devrait tous les tuer, ça gâcherait moins de ressources. Les notions de communauté et de partage ne m’étaient pas étrangères, j’ai tout de même vécu la moitié de ma vie sous régime communiste. Cependant j’ai aussi appris là bas que les gens trop faibles mourraient de faim, et qu’en hiver plus on nourrissait de bouches inutilement, plus ceux qui avaient de réelles chances s’affaiblissaient eux aussi.

  Je ne saurais dire combien de temps j’ai erré dans les rues du district mais le soleil s’en était allé et avait laissé place à un ciel bleu sombre, légèrement teinté de gris. Je fis une halte échangeant un couteau de qualité moyenne contre un bon repas. Ça serait le seul vrai repas que je mangerais cette semaine, le reste du temps des “sandwichs” ou rations de fortune feraient l’affaire. Faut qu’il y en ait pour tout le monde après tout... Pensais-je en soupirant agacé par cette idée. N’ayant personne à rejoindre à la maison et ne sachant que faire je décidais d’aller courir un peu dans une zone relativement vide du district. On s’y entrainait parfois avec d’autres membres de la milice.   

Aux alentours de onze heure je me décidais à aller regardé la vérité en face. Je grimpais donc sur le mur, et observais les silhouettes des morts, qui semblaient danser au loin. C’est là que sans savoir pourquoi je me mis à chanter. Perdu dans mes pensées je ne me suis pas aperçu que quelqu’un était en train de s’approcher. Lorsque l’ombre fut à environ deux mètres de moi je me tournais dans un sursaut, main à la ceinture prêt à sortir le couteau de chasse.

☣ Date d'inscription : 28/09/2019

Le temps qui s’écoule au compte-goutte.
Le soleil qui descend de plus en plus jusqu’à laisser place à l’obscurité.
Nashawn a perdu la notion du temps, perchée sur un bloc de béton en équilibre, yeux fixant le désert qui s’étend jusqu’à l’horizon. Sans un mot, sans un mouvement, presque comme un enfant qui boude ses parents parce qu’il n’a eu le droit qu’à un seul dessert au lieu des deux qu’il voulait.

Nashawn aurait aimé être en train de bouder pour une histoire de dessert. Elle y pense amèrement, la brise jouant avec ses boucles, les râles des marcheurs qui se font entendre au loin, ne cessant de lui rappeler leur sort à tous.
Sans une seconde de répit. Secondes que Nashawn compte, encore et encore, repoussant d’avantage le retour à la maison. Elle est de plus en plus rarement présente pour le dîner, sa petite sœur s’est déjà sûrement habituée, et la nuit lui permet de ne plus voir la misère dans laquelle ils vivent.
À se battre juste pour une bougie pour illuminer les nuits.
À s’engueuler pour des broutilles.

Nashawn n’est pas mieux que ses gens qu’elle méprise.

Les muscles engourdis et les pensées endormies, elle frissonne. Sa simple chemise qui lui permet de supporter le temps sec du Nevada ne fera pas long feu contre ses nuits glacées. Mais elle ne bouge pas, n’ayant pas fini de broyer du noir, seule, en serrant des dents à chaque fois qu’un des infectés ose émettre un bruit.
Parfois, elle s’imagine à leur place ; elle s’imagine ce que ça pourrait être, d’être comme eux ; elle s’imagine assoiffée de sang jusqu’au point de ne plus reconnaître sa famille.

(Bien souvent, elle échoue.)

Son sursaut, lorsqu’une voix s’élève non loin d’elle, manque de la faire tomber de son équilibre précaire. Pensant d’abord, assez surprise, qu’un marcheur avait encore assez de neurones pour se mettre à chanter, elle remarque bien rapidement la silhouette à quelques pas, qui s’est elle aussi appropriée le mur.
Mais Nashawn appréciait ce silence (si on peut l’appeler ainsi). Et la voir ainsi être dérangée dans ses pensées réveille la flamme au creux de son corps, les étincelles et la poudre qui prend feu. La colère qu’elle avait su mettre de côté le temps d’un instant est revenue aussi vive qu’avant.

Ce n’était qu’un gars qui chante. Mais c’est déjà trop pour Nashawn, trop à cran, à fleur de peau, le moindre détail met le feu aux poudres. C’est probablement exagéré ; mais Nashawn n’y pense pas vraiment.
Elle se lève enfin, jambes endormies, et manque de tomber avant de rapidement se ressaisir et s’approcher à grands pas de l’homme qui vient troubler sa tranquilité.

Cependant, Nashawn a à peine le temps de l’interpeller qu’il fit volve-face, assez violemment pour la faire de nouveau sursauter. Sérieux, c’est quoi son problème ?

« Hé calmos, j’allais pas t’tuer » elle secoue la tête, lui lançant un regard noir. « T’peux juste aller chanter ailleurs ? Ça m’déconcentre. »

(Déconcentrer de quoi ? De ses pensées culpabilisantes qu’elle s’inflige à elle-même ?
Elle serait sans doute mieux à la maison, loin d’ici. Mais tant pis pour elle.)

midnight sonata

☣ Date d'inscription : 29/09/2019

Midnight Sonata

Ilya ft Nashawn

La personne sursauta, lorsqu'elle arrivait à mon niveau je remarquais que c'était une fille. Tch... Une gamine en plus, c'était bien ma veine. Fallait pas non plus qu'en plus je me coltine une réputation de tueur de gosses, l'espace d'une seconde j'espérais qu'elle se casse et qu'on en finisse, cependant elle décida d'ouvrir la bouche. Pourquoi ?

"Hé calmos, j’allais pas t’tuer"

Je la regardais alors l'air abasourdi. Elle crois sérieusement qu'elle aurait pu me tuer ? Je relâchais a peine ma garde, laissant une main plus souple au côté de ma ceinture quand elle se remit à parler. Pourquoi les femmes parlent-elles tant ? C'est quoi leur problème ?

"T’peux juste aller chanter ailleurs ? Ça m’déconcentre"

Chanter ailleurs ? Je chantais ? à vrai dire je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais mis à chanter, j'étais bien trop perdu dans mes pensées pour ça. C'était une des nombreuses choses que je faisais par automatisme avec l'habitude. Cependant il allait peut être falloir que je me recentre à ce niveau. Il m'est déjà arrivé de me mettre à chantonner pendant que je soutirais des informations aux gens. Ce qui n'aide pas du tout a avoir une réputation de mec sain d'esprit. La déconcentrer ? De quoi ? Elle n'avait pas l'air bien occupée, je ne l'avais pas entendue, elle ne s'entraînait donc pas.

Voilà j'étais saoulé, il m'en fallait peu ces derniers temps pour perdre patience. Pas que j'ai déjà été vraiment quelqu'un de patient, mais bon. Un rien me titillais, était-ce le fait d'être constamment surveillé, par l'autre abruti de Ford ? Le fait d'être enfermé comme un rat au sein de ces murs ? Le fait de n'avoir pas eu une vraie nuit de sommeil depuis plus de 20ans ? Je n'en savais rien, impossible de mettre le doigt sur l'origine de cette sensibilité grandissante à mon environnement. Mais le fait étant que je n'avais rien à foutre des conneries que pouvait bien faire cette gamine. Puis si ça la dérangeait tant que ça elle aurait pu aller plus loin. Et puis merde c'est moi l'adulte, je devrais tout simplement me mettre plus loin, ça m'éviterais d'avoir à la tuer.

Je m'avançais vers elle, et passais sur son flanc avant de me retrouver quelques mètres plus loin. J'avais rarement ce genre d'attitude hautaines, au point de simplement ne pas calculer les gens face à moi, mais je n'avais pas envie en cette "belle" soirée de m'embrouiller avec qui que ce soit. Arrivé quelques mètres plus loin j'aperçus une silhouette. Putain encore quelqu'un ? Ils sont sérieux ? un type essayait de rentrer en douce dans le district, il est probablement resté coincé après le couvre feu... L'imbécile... Non il était forcément blessé et ne voulait pas passer les contrôles. Je courais alors en direction du type et une fois que sa tête dépassa du mur le lui plantais mon couteau dans la gorge. Il tombait alors au pied du mur, sans vie... Les autres se chargeraient de le zigouiller le matin.

Lorsque je me retournais je fus surpris de constater que la fille était juste derrière bouche bée.

☣ Date d'inscription : 28/09/2019

Décidément, tout le monde est à cran, ici.
Entre Nashawn qui ne supporte pas le simple son d’une voix et ce type qui semble vouloir la planter pour la bonne raison qu’elle s’est un peu trop approchée de lui, on n’est pas sorti de l’auberge. Par réflexe, elle recule d’un pas, fixant la main à la ceinture du mec.
Sérieux. Ils ont tous un problème ici. Ses muscles se tendent, prête à se défendre (ou plutôt s’enfuir) juste au cas-où.

La tension se fit plus forte alors qu’il passait à côté d’elle, leurs habits se frôlant presque, respiration sifflante et cœur tambourinant. Nashawn a toujours ce petit couteau suisse dans sa poche de son pantalon, mais il ne servirait probablement à rien face à cet homme qui semble avoir une bien plus grande lame qu’elle.
Merde. Elle va vraiment crever juste parce qu’elle a osé lui adresser la parole ?
(C’est dans ce genre de situations qu’elle se dit qu’elle n’est pas la pire, dans ce District…)

Mais finalement, rien ne se passe. Nashawn retient un soupir, se retournant au passage du type. Alors quoi, c’est juste un gars qui voulait se faire passer pour un mec dangereux mais qui n’a pas les couilles pour passer à l’action ? Juste un mec qui veut faire le type sombre et torturé ? C’est débile.
Il aurait pu au moins lui répondre.
Quel malpoli.

Elle sort de ses pensées alors qu’il se met subitement à courir pour aller planter son couteau dans le crâne d’un mec de l’autre côté du mur. Nashawn reste un instant immobile, se demandant si c’est vraiment arrivé, avant de s’approcher à nouveau du mec (tout en gardant tout de même ses distances).

« Qu’est-c’que tu fous ? Ça va pas ?! » elle crache en serrant les dents. « Pourquoi tu l’as tué ? »

Dans l’obscurité de la nuit, rien n’aurait pu montrer que ce type était blessé et encore moins un marcheur. L’autre est vraiment cinglé, c’est pas possible.
Nashawn se demande s’il faut qu’elle commence à flipper.

midnight sonata

☣ Date d'inscription : 29/09/2019

Midnight Sonata

Ilya ft Nashawn

On ne va pas se mentir, j'étais surpris de voir cette fille en me retournant. Je ne l'avais pas entendue arriver, de plus je pensais qu'elle se serait rassise bien gentiment dans son coin après que je sois parti. Et c'est là qu'elle commença à me gueuler dessus. Putain, c'était pas ma soirée... J'avais pas tout à fait le droit de prendre ce genre d'initiatives, en tout cas pas sans vérifier. Fallait pas qu'elle rameute mes collègues de la milice sinon j'étais mal. Lorsqu'elle eu fini de parler je plaçais un doigt devant ma bouche lui faisant signe de se taire. Puis je me penchais légèrement au dessus du mur. Je regardais ma montre, et je l'entendis enfin, le bruit de déglutissement du marcheur. Il avait bien été mordu, maintenant peu importe ce que cette femme raconterait j'étais sauf. Soulagé je me tournais vers elle et pris le temps de lui répondre.

Il avait été mordu, et a tenté de s'infiltrer dans nos murs minuit passé. C'était une menace.

Mon ton ne laissait rien transparaître, je n'avais pas pitié de cet imbécile, et je ne regrettais pas mon action. Encore une fois j'ai bien fais de me fier à mon instinct, mais certaines personnes ne comprennent pas. Pour survivre il faut parfois abandonner son humanité et redevenir une simple bête, ça peut paraitre radical mais c'est ainsi. Il ne fallait pas que je traine dans les parages, trop risqué.

Bon je vais vous laisser tranquille... Sauf si vous préférez que je vous escorte en ville. dis-je calmement avant de me retourner.

Je marchais calmement sans savoir si elle me suivait ou non, quoi qu'il en soit elle avait des pas félins, impossible de la repérer. Je me remis à fredonner en m'éloignant, une chanson du pays dans ma langue natale. C'était bien les seules chansons que je connaissais.

☣ Date d'inscription : 28/09/2019

Ce type doit avoir une sacrée vision pour reconnaître un marcheur dans l’obscurité.
Ou alors être habitué à les côtoyer depuis des années. Le pire, c’est que c’est tout à fait possible. Et très triste, par la même occasion – tant rôdé par les râles et leurs façons de marcher que même dans la nuit, ils ne cachent aucun secret.
Nashawn en deviendrait folle. Aussi fou que ce gars. Parce qu’il est totalement fou, n’est-ce pas ?

Mais le doute ne peut s’empêcher de persister. Peut-être parce que Nashawn ne l’a pas remarqué, ce mort, peut-être parce qu’il avait quand même l’air assez vivant tout de même. Peut-être que ce type avait juste une pulsion à éliminer et ce pauvre gars qui passait par là était ici au mauvais endroit au mauvais moment.
Peut-être que Nashawn psychote un peu trop. C’est la fatigue, le stress, la déprime, la paranoïa des habitants de ce District qui perdent tous leur humanité un à un.

Cet homme n’est pas quelqu’un de confiance, c’est tout ce dont Nashawn est sûre.
Il est trop étrange. Pas très bien dans sa tête. Un peu barjot.
Comme elle, finalement. Quelles différences entre eux ?

Que reste-t-il de sa propre humanité ?

« Merci, j’vais m’débrouiller » répond-elle finalement à sa proposition, pas très rassurée à l’idée de rester plus longtemps auprès de lui. Avant d’ajouter, moins fort : « taré. »

Cette rencontre sonne pour elle la fin de sa virée nocturne. Il serrait probablement temps de rentrer, de retrouver Shawna, de s’assurer qu’elle ne se fait pas embobiner par ce genre de personnes. Qui sait combien d’entre eux il y en a, dans ses rues, l’esprit trop chamboulé par les horreurs de dehors, les actions réalisées sans grande conscience des conséquences ?
Nashawn ne sait même pas pourquoi ça la surprend encore. Elle devrait s’en douter, à force.

Il n’y a que la violence qui a sa place, ici.

midnight sonata